Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger

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Le président de la République du Niger a été un fervent partisan d'une intervention dans le nord du Mali. | AFP
Le président de la République du Niger a été un fervent partisan d’une intervention dans le nord du Mali. | AFP

Au Sahel, au Nigeria et au Kenya, l’heure est à la mobilisation générale contre les jihadistes : c’était l’un des mots d’ordre du 23e sommet de l’Union africaine, qui s’est achevé vendredi à Malabo, en Guinée équatoriale. Parmi les chefs d’Etat les plus impliqués, il y a Mahamoudou Issoufou. Au terme du sommet, le président du Niger répond aux questions de l’un de nos envoyés spéciaux, Christophe Boisbouvier. Il donne notamment son avis sur la future force africaine de réaction rapide.

RFI : Tout le monde pense à Boko Haram au Nigeria, est-ce que un mois après le sommet de Paris, des progrès ont été faits après la coordination sous-régionale ou tout cela n’était que des mots ?

Je pense que des progrès ont été faits déjà avant Paris, mais le sommet de Paris a permis d’accélérer un certain nombre de mesure qui était en cours de mis en œuvre, notamment en ce qui concerne la mutualisation des moyens de sécurité et l’implication plus forte de certains pays de la sous-région. Je pense que depuis un mois, les choses bougent très fortement en particulier au niveau du Nigeria même, au niveau du Cameroun, au niveau du Tchad, au niveau du Niger également.

Lors de ce 23ème sommet, beaucoup ont été frappé par le retour de l’Egypte sur la scène africaine, est-ce que vous n’avez pas été un peu indulgents avec Abdel Fatah al-Sissi, le nouveau président élu, qui est arrivé au pouvoir par un coup de force, avec l’aide de ses compagnons d’arme, les militaires ?

Après ce coup de force, l’Egypte a été suspendue vous le savez de l’Union africaine, entre temps il y a eu des élections. Elections qui ont été reconnues, donc à partir de ce moment, il n’y a plus d’obstacle.

Mais certains disent que si l’Egypte avait été un petit pays, et bien son retour n’aurait pas été aussi rapide, le fait que se soit un pays important, un pays qui lutte contre l’extrémisme religieux, cela a beaucoup aidé à son retour aussi rapide ?

Il y a peut-être ces arguments là, mais l’argument principal c’est qu’il y a eu des élections.

Lors de son discours à ce sommet de Malabo, Abdel Fatah al-Sissi a souligné le fait que son arrivée au pouvoir avait empêché la guerre civile et le chaos dans son pays, et qu’il regrettait que cela soit arrivé dans des pays voisins du sien, évidemment on pense à la Libye, c’est un message que vous entendez ?

Je comprend le message qu’il a transmis effectivement. Vous savez quand il y a eu la crise libyenne en 2011, j’avais attiré l’attention sur deux risques : le risque que l’Etat libyen se dissolve, se «somalise» et le risque que le pouvoir en Libye tombe entre les mains d’intégristes. Or ce risque existe toujours en Libye. L’ordre est revenu en Egypte et notre souhait c’est que, en Libye également, les autorités centrales puissent contrôlées la totalité de leur territoire. Surtout quand on sait que la Libye est une source d’alimentation en armes de l’ensemble des pays du Sahel. On parlait tout à l’heure de Boko Haram, beaucoup d’informations sont disponibles tendant à montrer que Boko Haram s’approvisionne en armes à partir de la Libye, en particulier à partir du sud libyen.

La grande ambition des africains est de bâtir une force de réaction rapide qui permettra de prendre leur destin en main sans être obligé de faire appel à la France ou à l’Amérique, mais on a du mal à voir comment cela va s’appliquer sur le terrain ?

C’est vrai, les Africains ont raison de décider de prendre en main leur destin, parce que plus de 50 ans après l’indépendance, ce n’est plus admissible, qu’on continue à sous traiter notre sécurité. Il y a eu des décisions qui ont été prises pour la mise en place de la Capacité de Réaction Rapide, la Caric, avant la mise en place maintenant de la Force africaine en attente. Beaucoup de pays ont décidé d’apporter leur contribution à la Caric, dont le Niger. Nous pensons que c’est une bonne formule, une solution provisoire en attendant la solution définitive que constitue la Force africaine en attente.

La CARIC est une force continentale. On a le sentiment que plusieurs pays de votre sous-région Afrique de l’ouest comme le Nigeria sont assez méfiants à l’égard d’un leadership sud-africain ?

Je ne pense pas qu’on puisse interpréter cela comme ça, mais il reste entendu que cette Force de réaction rapide peut prendre la forme de force régionale qui va être mise en place par exemple au niveau de la Cedeao pour la région ouest africaine et au niveau d’autres régions du continent.

Donc l’avenir c’est peut-être des brigades régionales ?

L’avenir ça pourrait être des brigades régionales. On aura plus de souplesse, plus de facilité également dans l’organisation.

Source: Christophe Boisbouvier / rfi.fr

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