Lutte contre le terrorisme : Au Sahel, les frontières entre les factions terroristes rivales, plus que jamais poreuses

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Les pays du G5 Sahel. © Wikimedia commons/LeGrandJardin

Dans le domaine du terrorisme islamiste transfrontalier, chaque groupe terroriste conservait sa chasse gardée. Le groupe terroriste Etat Islamique (EI) conservait un vaste territoire couvrant des parties de l’Irak jusqu’en Syrie. En Afrique également, il était présent dans le sud libyen. A travers le monde, ses nombreux attentats firent de lui le principal groupe terroriste. Au Sahel, Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) faisait de la résistance. Mais, en 2018, les lignes ont sensiblement bougé.

En 2018, la carte des groupes terroristes se bouleverse. L’ultra dominance du groupe terroriste, Etat islamique (anciennement appelé Etat Islamique en Irak et au Levant), s’est considérablement affaiblie. En novembre 2017, via un communiqué signé de Brett McGurk, l’envoyé spécial américain auprès de la coalition internationale luttant contre le groupe terroriste, il est dit que l’EI a perdu 95% du territoire qu’il contrôlait en 2014, à son apogée. Rappelons que l’EI exerçait son autorité sur un territoire de sept millions d’habitants, à cheval sur la Syrie et sur un tiers de l’Irak.

Cependant, le fait qui inquiète au plus haut niveau sécuritaire, c’est qu’au Sahel, la rivalité entre groupes armés terroristes s’efface ; peut-être à cause de la défaite du groupe EI qui se dessine au Moyen-Orient.

La mouvance extrémiste armée a besoin de se fédérer en groupes, peu importe le lieu, afin d’exister. Et si en Irak et en Syrie, l’Etat Islamique est en débandade, au Sahel, il tenterait de se relever. L’EI dans le Grand Sahara existe depuis le 15 mai 2015 mais ce n’est qu’en octobre 2016 que la maison mère le reconnu en tant que membre de sa mouvance. Il est né d’une scission avec le groupe Al mouribitoune, sous-groupe de Al Qaida. Sauf qu’au lieu de marquer davantage la séparation AlQaida/EI, les groupes terroristes du Sahel, toutes tendances confondues, œuvreraient main dans la main afin de lutter contre les forces en place, G5 Sahel, Barkhane et MINUSMA. C’est ainsi qu’en janvier dernier, Amar, le porte-parole de l’Etat Islamique dans le grand Sahara a assuré que les groupes armés se donnent la main pour lutter contre les ennemis de Dieu. Egalement, dans un rapport rendu public le 6 janvier 2018, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres affirme avoir reçu des informations selon lesquelles l’État islamique dans le Grand Sahara et le Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin « agissaient en parallèle et probablement en collaboration ». Iyad Ag Ghaly, Chef du « Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin » et Adnane Abou Walid al-Sahraoui, chef de l’Etat Islamique au Sahara se seraient même rencontrés à Kidal, au début du mois de décembre 2017 selon l’hebdomadaire, Jeune Afrique.

Petit rappel

Le groupe terroriste Etat Islamique était devenu la principale mouvance armée extrémiste, vu qu’Al Qaida avait perdu de son prestige après le décès de son emblématique et charismatique chef Oussama Ben Laden. Al Qaida s’était également très affaibli après des échecs militaires répétés face aux forces spéciales américaines, en Afghanistan, notamment. Aujourd’hui, l’EI se meurt au Moyen-Orient, mais tente de revivre au Sahel. En Iraq et en Syrie, il serait déjà en train de battre en retraite, pour adopter, tel que l’ont fait les groupes terroristes au nord du Mali en 2013 face à la puissance de feu de Serval, la guerre asymétrique.

Ahmed M. Thiam

thiam@journalinfosept.com

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