Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a présidé, samedi, à l’hôtel de l’Amitié, la cérémonie d’ouverture des travaux de la Conférence régionale sur la situation sécuritaire dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest. C’était en présence du président du Togo, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Cette conférence a été conjointement organisée par le gouvernement, la Commission de la CEDEAO, l’Union africaine et la MINUSMA. La cérémonie d’ouverture a été marquée par plusieurs interventions. Dans son allocution de bienvenue, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a souligné que pour mieux maîtriser aujourd’hui la profondeur stratégique des menaces et leur impact sur la région sahélo-saharienne, et par-delà la région ouest-africaine, cette conférence offrait une fenêtre d’opportunités supplémentaires pour renforcer la concertation entre parties prenantes. Ce, a-t-il ajouté, pour affiner les approches et tendre vers des solutions intégrées, voire des plateformes collaboratives et de mise en cohérence des diverses initiatives et expériences en matière de lutte contre les défis sécuritaires dans l’espace sahélo-saharien. «Je voudrais former le vœu ardent de voir, à terme, cette Conférence régionale, déboucher sur une contribution qualitative de notre sous-région aux efforts de consolidation de la paix, de la sécurité et de la prospérité au Sahel et en Afrique de l’Ouest», a souhaité Abdoulaye Diop.
Le haut représentant de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), Pierre Buyoya, le chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif et le président de la Commission de la CEDEAO, Marcel de Souza, ont tous salué le leadership du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme. Ils ont également insisté sur la nécessité de mutualiser les efforts dans la lutte contre ces phénomènes qui empêchent les populations de dormir en toute quiétude. Ils ont, enfin, rendu hommage aux victimes des conflits, estimant que l’heure de l’action a désormais sonné.
Le président en exercice de la CEDEAO, Faure Gnassingbé a, dans son discours, exprimé toute sa solidarité avec notre pays face à ce problème de terrorisme. «Nous savons que les Maliens et les Maliennes, avec le président Kéïta en tête, ont la possibilité de trouver une solution à ce problème. C’est pour moi une conviction intime. Parlons peu et agissons plus. Sans la souveraineté des institutions du Mali sur tout le territoire, rien n’est possible», a martelé le président togolais, fortement applaudi. Il a aussi indiqué que quelque soit le nombre de réunions qui seront organisées, deux conditions doivent être remplies : l’union sacrée des Maliens pour libérer la Mère patrie et que ceux qui viennent aider le Mali n’aient pas la prétention de mieux connaître le pays et la société que les Maliens eux-mêmes. «Nous devons respecter le peuple malien, parce que nul n’est à l’abri de ce qui arrive ici», a dit le président en exercice de la CEDEAO.
Dans son discours d’ouverture des travaux, le président de la République a soutenu que cette conférence intervenait dan une conjoncture illustrée par la recrudescence de l’insécurité dans la région sahélo-saharienne qui se ressent de façon progressive vers les côtes ouest-africaines. Ibrahim Boubacar Kéita a salué tous les efforts que ne cessent de fournir les organisations sous-régionales dans la lutte contre le terrorisme qui «nous empêche aujourd’hui de dormir». Au plan continental, s’est-il réjoui, l’ONU et l’Union africaine s’emploient inlassablement à l’effectivité de la Force africaine en attente, conformément au plan de travail quinquennal stratégique adopté à Maputo sur la période 2016-2020. «Il importe, cependant, que la communauté internationale accompagne de manière plus résolue les efforts de la Région. Pour ce faire, elle doit assurer un soutien prévisible et durable à l’opérationnalisation effective et au déploiement de la Force conjointe du G5 Sahel», a suggéré le président en exercice du G5 Sahel, avant de rendre hommage au Conseil de sécurité des Nations unies et à sa présidence française, de même qu’à l’Algérie, pays qui a toujours été aux côtés du Mali.
Par ailleurs, le président Keita a réitéré l’engagement irréversible du Mali à poursuivre résolument la lutte contre le terrorisme, la radicalisation et l’extrémisme violent aux côtés des États de la CEDEAO et des autres partenaires du monde, tant il est vrai qu’aujourd’hui seule une action internationale concertée peut enrayer ce fléau, véritable menace à la stabilité des institutions démocratiques et à un développement économique sain. «Pour ce faire, cette conférence doit procéder à une évaluation globale de la situation sécuritaire dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest dans le but de déterminer les voies et moyens d’interventions les plus aptes à assurer une neutralisation optimale des organisations criminelles dans l’espace sahélo-saharien », a préconisé le président Kéïta.
Les travaux de la rencontre ont été sanctionnés par une déclaration dite Déclaration de Bamako qui intègre les éléments d’une stratégie régionale intégrative de prévention et de lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent, le crime transnational organisé, le narcotrafic et le trafic humain dans l’espace sahélo-saharien et la CEDEAO.
À l’issue des travaux, un point de presse a été animé par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, le président de la Commission de la CEDEAO, Marcel de Souza et le haut représentant de la MISAHEL, Pierre Buyoya. Tirant le bilan de la rencontre, le ministre Diop s’est dit très satisfait, annonçant la mise en place d’un comité de suivi élargi à l’Union africaine et aux Nations unies de même que l’élaboration d’un plan d’actions pour la conférence. Comme pour souligner le caractère collégial de la lutte contre ces fléaux, le chef de la diplomatie malienne a salué la présence de pays voisins qui sont hors de l’espace CEDEAO.
Le président de la Commission de la CEDEAO, Marcel de Souza, a estimé qu’il était désormais impératif de créer une force d’imposition de la paix et non de maintien de la paix. «Nous devons créer une coalition forte pour donner un nouvel élan à la lutte contre le terrorisme», a-t-il indiqué. Quant à Pierre Buyoya, il a aussi déclaré qu’il était important de mettre en commun les efforts dans la lutte contre le terrorisme.
Massa SIDIBÉ