Dans un rapport intitulé «Réordonner les stratégies de stabilisation du Sahel», l’International Crisis Group appelle la France et à ses alliés à réorienter leur approche militaire afin d’améliorer la gouvernance dans la région.
Dans la lutte contre les groupes terroristes, le tout militaire n’est pas forcément la situation. C’est ce qu’indique l’International Crisis Group qui, dans un rapport d’une trentaine de pages daté du 1er février dernier, demande à la France et à ses partenaires de revoir leur méthode de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
Les stratégies de stabilisation du Sahel s’enlisent dans un contexte marqué par les crises intercommunautaires, la violence des terroristes et la perte de confiance entre gouvernés et gouvernants. Plus de sept ans après le lancement de l’opération Serval, devenue Barkhane en 2014 qui intervient dans le Sahel, la région traverse une crise profonde. «La Covid-19 a aggravé cette tendance à l’enlisement, en freinant les opérations des Casques bleus au Mali, la formation des forces de sécurité sahéliennes et les activités de développement», renseigne le rapport.
Pour cela, l’organisation de défense des droits de l’Homme estime que l’approche actuelle n’a pas jugulé la crise sécuritaire, qui continue de s’étendre à de nouvelles zones. «Parallèlement, la frustration des populations vis-à-vis des gouvernements sahéliens s’accentue, comme l’illustrent les troubles qui ont conduit au coup d’Etat d’août dernier au Mali», souligne le rapport.
Pour l’International Crisis Group, la France et ses alliés devraient d’abord apporter des réponses à la crise de gouvernance en encourageant les Etats sahéliens à dialoguer avec les populations rurales, et peut-être aussi avec les insurgés, fournir des services sociaux et adopter des réformes fiscales. Le rapport note que bien qu’elles demeurent importantes, les opérations militaires devraient se mettre au service de cette approche.
Pour changer de tactique, l’International Crisis Group appelle à une réponse appropriée à l’impasse actuelle sévissant au Sahel. Ce qui consisterait à réordonner les priorités des stratégies actuellement en place, de sorte que ces dernières répondent d’abord à une crise de gouvernance plutôt qu’à une crise d’insécurité.
Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, la crise de gouvernance qui est à l’origine des problèmes du Sahel génère une hostilité grandissante à l’égard des gouvernements. Elle prend aussi bien la forme d’une insurrection rurale que de manifestations urbaines. «Envisager une approche alternative fondée sur ce nouveau paradigme n’implique pas l’abandon de la stratégie multidimensionnelle actuelle, mais plutôt un réagencement de ses priorités», souligne le document.
Cette nouvelle approche privilégierait, en premier lieu, les dialogues locaux, afin de permettre le déploiement de l’Etat central dans les zones rurales et préparerait, ensuite, une réforme plus large de la gouvernance.
L’International Crisis Group appelle les partenaires internationaux à encourager les Etats à redoubler d’efforts pour négocier des trêves entre les factions locales en guerre et apaiser les différends entre et au sein des communautés ainsi qu’entre celles-ci et les acteurs étatiques. «Les opérations militaires demeurent essentielles, mais elles devraient être subordonnées à cette stratégie», précise le document.
Abdrahamane SISSOKO/Maliweb.net
Il faudrait que ce soient nos armées qui prennent totalement le contrôle de cette lutte d’une manière ou d’une autre sinon on restera toujours dans ce cercle vicieux.
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