Le 7ème sommet des pays membres du G5 Sahel et la France s’est tenu le lundi dernier à Ndjamena au Tchad pour discuter la situation sécuritaire dans la région déchirée par de multiples conflits.
Ce sommet qui a duré deux jours, s’est tenu un an après que la France ait décidé de renforcer sa présence en augmentant le nombre de ses soldats dans la région du Sahel, portés de 4500 à 5100 soldats dans l’espoir de gagner la bataille qui s’est prolongée.
Seulement, malgré les résultats militaires obtenus, les groupes armés continuent de régner sur d’importants espaces et de mener de dangereuses attaques d’un moment à l’autre.
Parmi les victoires militaires enregistrées la mort du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique Abdel Malek Droukdel et le chef militaire du groupe Nousratou Al Islam, affilié à Al-Qaïda.
Mais les dernières attaques ont augmenté les pertes au sein de la force française qui mène les combats, 50 soldats au total, ce qui a provoqué un débat intérieur en France sur le coût de la mission Barkhane et son utilité.
Ce débat avait amené le président français Emmanuel Macron, le mois dernier, d’ouvrir la porte à un éventuel retrait, ce qui fait dire à certains que Paris pourrait réduire l’effectif de ses soldats au Sahel, après une intervention qui a duré 8 ans. Celle-ci avait débuté en 2012 quand des sécessionnistes Touaregs se sont révoltés, pressés ensuite par des groupes islamistes armés.
La France est intervenue pour repousser ces groupes, mais ceux-ci se sont disloqués pour se redéployer ensuite dans le centre du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger ce qui a entraîné d’importantes pertes humaines parmi les militaires mais aussi les civils dans la région du Sahel et l’exode de plus de deux millions de personnes hors de leurs terroirs.
En 2017, les 5 pays du Sahel ont lancé une force de 5000 soldats, encore handicapée cependant encore par un manque de moyens financiers, la vétusté des équipements et des entraînements insuffisants. il y a près d’un an le Tchad, qui dispose de la meilleure armée parmi les 5 pays avait promis d’envoyer un bataillon au point de rencontre entre la frontière des trois pays Mali-Niger-Burkina Faso ce qui ne s’est pas réalisé à ce jour.
Selon des rapports véhiculés par des médias, la France tentera de réduire sa force, quand bien même il n’est pas attendu un retrait des forces françaises lors de la réunion de Ndjamena.
Cependant la France, pour réduire le poids imposé par cette intervention au Sahel, espère obtenir de ses partenaires européens, à travers la mission Takuba qui appuie le Mali dans la guerre contre les groupes armés.
En dépit des succès tactiques revendiqués, le tableau demeure très sombre. Plus de huit ans après le début dans le Nord du Mali d’une crise sécuritaire qui continue à étendre ses métastases à la sous-région, quasiment pas un jour ne passe dans les trois principaux pays affligés sans une attaque contre ce qui reste de représentation de l’État, l’explosion d’une mine artisanale ou des exactions contre les civils. Ceux-ci sont les principales victimes du conflit. La barre des deux millions de déplacés a été franchie en janvier.
Un an après Pau et le temps du “sursaut militaire” doit venir à N’Djamena celui du “sursaut diplomatique, politique et du développement”, pour le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
L’armée française revendique d’avoir sérieusement affaibli l’organisation État islamique (EI) et tué plusieurs chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le nombre d’attaques de camps militaires a baissé en 2020. Mais les deux principales nébuleuses jihadistes restent très actives.
‘’Ajustement’’ en vue
Confronté chez lui aux interrogations croissantes sur un engagement antijihadiste financièrement et humainement coûteux (50 soldats tués depuis 2013), Paris convient que le remède ne peut être seulement militaire.
Politiquement, Paris martèle qu’il est temps d’embrayer sur l’espace ouvert par les réussites militaires des derniers mois et de réinstaller l’État là où il est aujourd’hui absent.
L’agence France presse, citant un responsable de la présidence française qui a souhaité garder l’anonymat, a révélé que les dirigeants ont examiné la possibilité d’attenter à la vie des chefs du groupe Nousratou Al Islam We Al Mouslimine.
Un point de vue que ne partagerait pas la France avec les dirigeants maliens qui semblent tentés de plus en plus d’engager un dialogue avec les groupes armés pour préserver des vies humaines.
Arouna Traoré