Lutte contre la corruption et le trafic de drogue dans le Sahel : Les journalistes d’investigation prennent les armes

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La Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’Investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), en collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a organisé du 18 au 20 avril, un atelier de formation sur « Le journalisme d’investigation international dans la région du Sahel » au Pacific Hôtel de Ouagadougou. Axé sur le renforcement des capacités d’enquêtes et la compréhension de bonnes mesures de sécurité, en fournissant aux participants des outils pratiques pour une étroite collaboration entre eux au niveau international, sur des enquêtes relatives à la corruption, au crime organisé et à l’extrémisme violent, l’atelier a permis aux journalistes venus des pays de la CEDEAO, de bien s’armer pour leur mission. En outre, les participants se sont approprié le Plan stratégique 2017-2019 de la CENOZO.

Ce sont des centaines de tonnes de drogues et de cigarettes, des dizaines de milliers d’armes qui circulent dans la région du Sahel, le plus souvent au nez et à la barbe de ceux qui sont sensés empêcher ce trafic illicite et criminel. Au delà des groupes armés, islamistes ou non, qui sèment le trouble dans la région du Sahel, des organisations criminelles qui se livrent au trafic humain, au trafic des stupéfiants et des armes, certains hauts fonctionnaires, et mêmes des officiers d’armées nationales dans la Région du Sahel, sont aussi indexés pour leur responsabilité et complicité ; la corruption passe par là. Les exposants ont touché du doigt les liens inéluctables entre trafic de drogue, trafic humain, crime organisé transnational et corruption.

Des institutions internationales comme l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) et des Etats comme les USA, qui investissent des centaines de milliards dans la lutte contre les trafics illicites et pour la bonne gouvernance, ne sont pas satisfaits des résultats qui sont très maigres à côté des effets dévastateurs de ces fléaux sur l’ordre social, et des crimes organisés qu’ils sont porteurs. L’argent de la drogue, massivement amassé, peut inonder des élections et porter au pouvoir local, régional ou national, des trafiquants sans foi ni loi. Ces richesses mal acquises donnent des moyens aux criminels impénitents d’influer négativement sur des décisions de justice et d’obtenir l’impunité sur un plateau d’argent. C’est consciente du rôle fondamental que le journalisme d’investigation peut jouer dans la lutte contre la corruption, en exposant les pratiques de la corruption, que la CENOZO a entrepris de renforcer les capacités des journalistes d’investigation dans la région. L’atelier de Ouagadougou sur « Le journalisme d’investigation international dans la région du Sahel » qui s’est déroulé au Pacific Hôtel du 18 au 20 avril, a permis de renforcer les capacités d’enquêtes et la compréhension de bonnes mesures de sécurité, de la centaine de participants venus des pays de la CEDEAO ; de fournir aux participants des outils pratiques pour une étroite collaboration entre eux au niveau international sur des enquêtes relatives à la corruption, au crime organisé et à l’extrémisme violent. Les participants se sont approprié le Plan stratégique 2017-2019 de la CENOZO, dont les membres et plusieurs journalistes d’investigation de la sous-région, des experts internationaux ont pris part aux travaux, notamment des représentants de Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui sont des partenaires privilégiés de la CENOZO.

La Cérémonie d’ouverture a été marquée par les mots de bienvenue prononcés par Allen Yero Embalo, Président de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), et Correspondant de RFI en Guinée-Bissau ; l’allocution de Samuel De Jaegere, Conseiller Anti-Corruption, l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), au Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre ; de Andrew Young, Ambassadeur des Etats Unis au Burkina Faso ; et du discours d’ouverture du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement du Burkina Faso, Rémis Fulgance Dandjinou.

L’Ambassadeur des Etats-Unis au Burkina Faso, Andrew Young, a indiqué que son pays met environ 83 milliards en assistance financière aux gouvernements en Afrique. Cependant, selon la Banque mondiale, de 20 à 40 % de l’aide au développement est détourné à travers la corruption, regrette-t-il. L’Ambassadeur des Etats-Unis, Andrew Young a encouragé la société civile africaine, notamment les journalistes d’investigation dans la région du Sahel, à jouer leur rôle d’information, de dénonciation, et de partage des résultats d’enquêtes menées dans ces domaines. Le rôle déterminant de la Cellule Nobert Zongo pour le Journalisme d’Investigation en Afrique de l’Ouest, dans la lutte contre la corruption et le trafic de drogue n’est plus à démontrer. La cérémonie de clôture, sous la présidence du ministre en charge des Affaires étrangères du Burkina Faso, Alpha Barry, a été sanctionnée par une déclaration sur la situation de la liberté de la presse au Niger, à lire ci-dessous.

B. Daou

 

DECLARATION SPECIALE SUR LA SITUATION DE LA LIBERTE DE LA PRESSE AU NIGER

Ouagadougou- Le 20 avril 2017

 La CENOZO dénonce les violations de la liberté de presse au Niger

Nous, 61 journalistes issus de quatorze pays représentés de la CEDEAO et de la Mauritanie,  participants à l’atelier sur le journalisme d’investigation international dans la région du Sahel organisé du 18 au 20 Avril 2017 à Ouagadougou par la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), fortement préoccupés par la dégradation des conditions d’exercice de la profession journalistique au Niger, faisons la déclaration suivante :

Depuis deux ans, on observe au Niger des violations répétées de la liberté de la presse et diverses sortes d’intimidations à l’encontre des journalistes très critiques vis-à-vis du régime. Une situation qui se matérialise par des agressions physiques, des menaces, confiscation de matériels de reportage, des interpellations et poursuites fallacieuses.

Les cas les plus récents qui illustrent cette prédation de la liberté de la presse au Niger sont entre autres les violences physiques exercées par des éléments de la police nationale contre un  reporter de la Télévision Canal 3 Niger qui couvrait une manifestation d’étudiants de l’Université Abdou Moumouni de Niamey le 10 Avril 2017 et, l’arrestation de l’ancien Président du Conseil d’Administration de la Maison de la presse du Niger, Baba Alpha, journaliste au groupe de presse Bonferey, incarcéré  à la prison civile de Niamey  depuis le  03 avril 2017, pour une présomption de « faux et usage de faux en écriture publique ».  Il y est détenu depuis  en compagnie de son père, âgé de soixante-dix-ans, poursuivi pour le même motif.

Face à toutes ces dérives, les journalistes réunis à Ouagadougou dans le cadre de la session de formation de la CENOZO :

  • Dénoncent les violences physiques exercées par les forces de l’ordre contre des journalistes et les arrestations arbitraires de ces derniers dans l’exercice de leur métier ;
  • Condamnent la remise en cause des acquis arrachés de haute lutte par les organisations des media au Niger, notamment la loi portant dépénalisation des délits commis par voie de presse ;
  • Exigent la libération immédiate et sans condition du journaliste Baba Alpha et la cessation de toute intimidation, menaces de tous genres visant à museler la presse ;
  • Et marquent leur solidarité et leur soutien confraternel à l’endroit de tous les journalistes, nigériens en particulier et tous ceux qui se battent pour le triomphe de la liberté de la presse.

Fait à Ouagadougou le 20 Avril 2017

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