L’idylle franco-malienne : le divorce kidalois

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Yambo Ouologuem, après son prix Renaudot avec le désormais classique «Le Devoir de violence» en 1968, a écrit un essai intitulé «Lettre à la France nègre». Essai dans lequel il brocardait la relation franco-africaine sous le style de la métaphore. Pour le célèbre écrivain malien, la France aime le mariage polygamique et se montre jalouse, ne pardonnant pas les infidélités. Mais notre Yambo Ouologuem lançait au général De Gaulle «Attention à ton mariage avec le Tiers-Monde, l’Afrique aime ses amants chinois, américains….».

Des décennies plus tard, l’actualité révèle la portée prospective des dires d’hier. Jamais la France n’aura été aussi proche du Mali ; jamais l’altérité postcoloniale n’aura tourné presque à l’idylle qu’en ce moment où l’ancien colon s’est porté au secours de son ancienne colonie menacée par les hordes djihadistes, rêvant de planter leur tente à Bamako. Cette entente, comme il fallait s’y attendre, se fissure progressivement quoique parcimonieusement avec l’exception kidaloise. L’armée malienne empêchée d’être à Kidal regarde les Tchadiens, les Français et ce qui reste militairement du MNLA, traquer le noyau dur des bandes terroristes aux confins de l’Adrar. Dans ce qui devait être le couronnement d’une guerre d’honneur mais aussi d’image, la présence de l’armée malienne à Kidal et sur le terrain périlleux des montagnes infectées par les djihadistes pouvait davantage la réarmer mentalement et conforter l’honneur de la nation.

Or, en laissant le Tchad faire ce qui devait être le travail des Maliens même si nous saluons la solidarité de nos frères tchadiens et prions pour le repos des âmes des morts dans leurs rangs, la France met un coup d’arrêt au retour psychologique de l’armée malienne. En dépit de ses problèmes que nul ne saurait nier, l’armée malienne a toujours avancé jusqu’à Gao, Tombouctou après le travail aérien de la France. Nul ne doute qu’une partie des nôtres accepterait de monter dans l’Adrar dangereux et prendre des risques mortels face aux derniers fous de Dieu ou de satan (c’est selon). L’exception de Kidal entache l’idylle franco-malienne et sème déjà le doute quant aux intentions de Marianne décidée à protéger-pour le moment- un MNLA, nain militaire mais mastodonte médiatico-diplomatique. Jusqu’à quand notre armée serait-elle mise à l’écart ? Si le travail appréciable des Tchadiens mérite toute notre reconnaissance, à long terme, ce statu quo risque de ternir davantage l’image de l’armée malienne pourtant empêchée de fouler une partie de son propre sol. Arcanes politiques, enjeux de libération des otages et de la protection du MNLA, le septentrion malien n’a pas fini de révéler tous ses secrets. Le Serval serait-il déjà un bal masqué ?

YAYA TRAORE

Politologue Communicant – Directeur OXYGENIE SSEECCO

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4 COMMENTAIRES

  1. Quelle Armée malienne ? Combien de compagnies ? Quels effectifs, quels armements, quels chefs ?

  2. L’incompétence de nos autorités maliennes en matière d’information et de communication malgré toutes les raisons qui sont de leur côté, l’absence d’argumentaire apposé contre les calomnies du minuscule et caméléon MNLA, l’incompétence de la classe politique malienne à s’unir,… ne pourront que conduire à l’humiliation de l’armée malienne et du Peuple tout entier.

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