La polémique enfle sur les conditions qui ont conduit à la libération des otages français. Et c’est le rôle sombre qu’a joué Iyad Ag Ghaly qui intrigue, au regard de la mauvaise réputation qu’il traîne.
Dans l’Adrar des Ifoghas, les langues commencent à se délier et on parle avec insistance d’une certaine impunité garantie au chef d’Ansar Dine en échange des otages français libérés la semaine dernière.
De ce fait, un notable touareg nous confie sans ambages qu’Iyad Ag Ghaly, le Chef d’Ansar Dine, aurait obtenu de la France qu’il n’y ait pas de poursuites judiciaires engagées contre lui.
Mieux: « Ce qui a fondamentalement pesé, c’est le sort politique ou disons le sort tout court d’Iyad Ag Ghaly, qui veut qu’on le laisse tranquille, qu’il n’y ait pas de poursuites judiciaires contre lui et plusieurs autres de ses proches, dont Algebass Ag Intallah Ag Bibi et Mohamed, les deux derniers sont candidats aux législatives», a confié une source locale basée à Kidal plusieurs medias.
Vrai ou faux, au sein de l’opinion malienne, cette question suscite divers commentaires et met sur la place publique la décision du gouvernement d’abandonner facilement les mandats d’arrêts contre un certain nombre d’auteurs de crimes et atrocités dans le nord du pays depuis 2012.
La question de rançon alimente les discussions et fait craindre que les terroristes n’utilisent ces sous pour renforcer leur arsenal de guerre. “Quelque 20 millions d’euros” a été versé, annonce plusieurs sources. De son côté, le Ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, ne nie pas que l’argent a été versé aux ravisseurs mais préfère plutôt parler de compensation.
Quand aux autorités françaises, elles ont démenti à maintes reprises tout paiement de rançon. C’est une volonté affichée depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012.
«Notre politique est constante en la matière. Nous n’avons pas changé de politique à l’égard des rançons», a affirmé un membre du Gouvernement français.
Dans la foulée, la présidence de la République française a déclaré que “la France ne verse pas de rançon”.
Même sonne de cloche chez le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, qui déclarait sur TF1 que l’Etat français n’a pas versé d’argent.
Même si, du côté de Niamey, l’on soutien qu’aucun Français n’avait joué le rôle déterminant dans la réussite de cette libération, des sources concordantes indiquent, en revanche, que des agents secrets français et la société Areva ont bel et bien étaient associé jusqu’au bout.
Selon le quotidien français, le Monde, qui cite des sources internes à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), un groupe d’intermédiaires avait quitté le 21 octobre dernier la ville de Kidal avec une valise remplie de billets (“plus d’une vingtaine de millions d’euros”, provenant des fonds secrets des services français).
En effet, une autre personnalité a mentionné, à visage découvert et dans différents médias français, l’existence d’une rançon: Diane Lazarevic, fille de l’otage Serge Lazarevic, enlevé en novembre 2011 au nord du Mali par Aqmi est toujours détenu au Sahara.
En tout cas, au Mali, la libération de ces otages fait l’objet d’interprétations diverses. En tout état de cause, l’opinion nationale souhaiterait vivement connaitre le rôle qu’a pu jouer le gouvernement dans cette opération qui montre que la partie septentrionale du pays échappe encore au contrôle du pouvoir central.
Alpha M Cissé