La Maison de la presse a abrité la conférence de presse de l’association Finaa Taawa Seenno. Elle avait pour thème: «La situation sécuritaire au Centre: Cas de Libé». C’était samedi le 7 novembre. Au présidium, on notait la présence du président de la jeunesse féminine de l’association, Fatoumata Boly, le parrain, l’ancien député de Bankass, Idrissa Sankaré, Ibrahima Dicko, qui était le conférencier principal et bien d’autres.
Cette conférence était destinée à informer l’opinion publique nationale et internationale de la situation tragique que vivent les populations peulhs de la région de Mopti, en général et du Seeno en particulier, depuis le début de la crise. Après la minute de silence observée à la mémoire de toutes les victimes civiles et militaires, la déclaration liminaire a été lue par Ibrahima Dicko.
Selon ses propos, la jeunesse Finaa Tawaa Seeno a répertorié avec des preuves à l’appui cent vingt-huit (128) cas d’exécutions sommaires et extrajudiciaires, des dizaines de blessés, plus de deux cent cinquante et un (251) cas d’enlèvements pour la période allant de février 2020 à nos jours.
Revenant sur les évènements, le conférencier Ibrahima Dicko, a signalé les cas les plus récents. Ceux des 13 février, 3 juin et 5 juin 2020. Le premier, selon ses dires, a eu lieu à Ogossagou avec un bilan de cinquante-cinq (55) morts, suite à l’attaque, dit-il, des chasseurs locaux, le second (3 juin) s’est déroulé dans le village de Niangassadiou, situé dans la commune de Mondoro, au cours duquel des militaires ont pris d’assaut la foire du village et procédèrent à des arrestations en triant quatorze (14) personnes sur la base de leur appartenance ethnique avant de les abattre froidement et publiquement, affirme t-il.
Et d’ajouter l’attaque du village peulh de Binedama (commune de Mondoro, cercle de Koro) par un détachement de l’armée malienne avec un bilan effroyable de trente-quatre (34) personnes mortes dont trois (03) femmes, trois (03) enfants, des vieillards et deux (02) chefs de villages.
Concernant l’attaque du village Liebé par des éléments de Forces armées de défense et de sécurité (FADS), situé dans la commune de Baye (cercle de Bankass) celle-ci, toujours selon le conférencier, a eu lieu, le jeudi 22 octobre 2020, à 11 heures 30 minutes, en représailles contre l’attaque par les terroristes du camp de Sokoura, survenu, le lundi 12 octobre dernier. Ceux-ci, sous le couvert des opérations de ratissage, mettra à feu et à sang un village du nom de Libé situé à 40 km de Sokoura, soupçonné d’abriter les terroristes. Le lourd bilan est de vingt-quatre (24) corps sans vie, identifiés et inhumés 24 heures après, déplora, t-il.
Tout en félicitant les Forces armées maliennes (FAMa) pour la sécurisation du territoire national en respectant les droits humains, la jeunesse Finaa Tawaa Seeno interpelle la hiérarchie militaire pour extirper des rangs de l’armée nationale les éléments égarés qui tuent les populations civiles. Avant de regretter l’amalgame consistant à faire de tous les Peulhs des potentiels terroristes, qu’ils soient bergers, commerçants, maîtres coraniques, talibés ou même fonctionnaires. Et il exige des autorités nationales des enquêtes tout en se réservant le droit des poursuites judiciaires contre les auteurs et complices de ces crapuleux crimes.
Le parrain de l’Association, l’ancien député, Idrissa Sankaré, a invité les autorités de la transition à s’impliquer pour que ces exactions cessent. Il déclare qu’ils demanderont dans les prochains jours à l’Association Tabital, Pulaku, regroupant toutes les organisations peulhs, de ne plus participer à une seule rencontre officielle si les exactions ne cessent pas.
Pour finir, l’ancien député, Idrissa Sankaré a affirmé que les militaires, auteurs de ces crimes crapuleux, s’en sont sortis indemnes et n’ont présenté aucune arme saisie dans les villages de Niangassadiou, Binedama, Libé, soupçonnés abriter des terroristes.
Safounè KOUMBA