L’hécatombe sur nos routes continue : 580 morts en 2010 contre 573 en 2009

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En dépit des campagnes de sensibilisation lancées tous azimuts par les plus hautes autorités du pays, la route malienne continue de tuer. Certes il y a eu une légère baisse en ce qui concerne les victimes des accidents de route: 9 411en 2009 contre 8 100 en 2010. Cependant, le nombre de tués est toujours en hausse, puisque les services de la Protection Civile ont enregistré 580 décès en 2010 contre 573 en 2009.

L’analyse de cette situation fait ressortir que plus de 60% des victimes sont des usagers d’engins à deux roues et que près de 50% sont des jeunes. Les facteurs d’accidents sont en grande partie dus aux mauvais comportements, à la vitesse excessive, à l’incivisme grandissant mais aussi à l’inobservance, ou tout simplement à l’ignorance, du Code de la route. A cette liste de risques s’ajoutent les animaux en divagation, tandis que les cyclistes et les conducteurs de charrettes à bras constituent un groupe qui ne semble aucunement concerné par les prescriptions du Code de la route. Autre facteur importants des accidents de la route, le piteux état de notre parc auto, durement éprouvé par sa vétusté. Enfin, malgré l’embellie observée ces derniers temps, grâce à une très grande implication de l’Etat dans la construction de routes, on déplore la rapide dégradation de certains axes, due en partie au volume du trafic et à la surcharge des véhicules.

Les engins à deux roues constituent, en effet, une préoccupation essentielle pour les acteurs de la lutte contre l’insécurité routière, avec plus de 66% de taux d’implication dans les accidents de la circulation.  En 2006, le nombre d’engins à deux roues motorisés était estimé à plus de 400.000 unités dans notre pays, un nombre revu largement à la hausse ces derniers temps. Selon le DG de l’ANASER, il y aurait aujourd’hui près de 1 million de motos en circulation au Mali. Le déficit en moyens de transport collectifs, ainsi que la facilité d’acquisition de ces engins, ont favorisé le développement de l’utilisation d’engins de motocyclettes et de vélomoteurs pour assurer les déplacements. Malheureusement, la maîtrise de la gestion de ce parc est confrontée à plusieurs difficultés, dont, entre autres, le manque d’infrastructures appropriées à leur trafic urbain, la faiblesse dans l’application de la règlementation relative à l’obligation d’acquérir le permis ou l’autorisation de conduire des engins à deux roues et d’immatriculer ces engins, le déficit de statistiques fiables concernant le parc d’engins à deux roues et l’incivisme des conducteurs.

Les camions-bennes qui assurent le transport du sable dans notre capitale constituent une autre cause d’accidents mortels sur nos routes et aussi une véritable préoccupation pour les usagers routiers. Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisations sur les dangers des accidents menées par le gouvernement, les messages ne semblent pas être entendus par les conducteurs de camions-bennes, qui n’en font qu’à leur tête, en commettant des fautes graves de conduite,  au péril de leur vie et de celle de la population qui en est victime. Si les chauffeurs sont peu sourcilleux ou, plus exactement, ignorent tout du Code de la route, l’état des véhicules n’est pas non plus irréprochable. Ce sont des camions très vieux, dont la plupart ne devraient plus circuler, surtout en zone urbaine. Sur plusieurs accidents de ces bennes, le constat est que les visites techniques ne  sont pas respectées. Leur système de freinage, souvent défaillant, étant la principale cause d’accidents mortels. Dans plusieurs cas, ce sont ces vieilles guimbardes, une fois tombées en panne et garées au beau milieu de la route ou dans un tournant, en l’absence des plaques de signalisation, qui sont à la base d’accidents mortels sur nos voies interurbaines.

La Protection Civile, une structure en pleine expansion
Créée par la loi  n°  du 6 janvier 2006, portant modification de l’ordonnance n°98-026/P-RM du 25 août 1998, la Direction de la Protection Civile a pour mission d’élaborer les éléments de la politique nationale en matière de Protection Civile  et de veiller à la mise en œuvre de cette politique.
Elle est chargée d’organiser, de coordonner et d’évaluer les actions de prévention des risques et de secours en cas de catastrophes, de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre des plans de secours et de protection des personnes, des biens et de l’environnement en cas d’accidents, sinistres et catastrophes, en liaison avec les autres services concernés, de veiller à la sensibilisation et à l’information du public, de participer aux actions en faveur de la paix et de l’assistance humanitaire, de participer à la défense civile et de concourir à la formation des personnels chargés de la Protection Civile.

Lors de sa création en 1998, la Protection Civile comptait 300 éléments, Sous l’impulsion de son Directeur général, le Colonel Mamadou Traoré, de 2006 à nos jours, les effectifs ont été portés à 1 200 éléments, dont 120 femmes.

Côtés infrastructures, à côté de la Direction régionale de Bamako, sept autres Directions régionales ont été créées, respectivement à Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao. En plus des compagnies de Dravéla et de Sogoninko, 11 Centres de secours ont été mis en place et des postes de secours érigés sur les axes accidentogènes. Il s’agit des postes de secours de Niéna, Thion, Sofara, Marakakoungo et Diéma.

Concernant l’état du parc de la Protection Civile, le Colonel Mamadou Traoré nous a déclaré que son service venait de faire l’acquisition de deux véhicules d’incendie, de six ambulances et de véhicules de liaison. Cependant, soulignera-t-il, l’épineux problème des moyens existe toujours, pour la simple raison que le Mali est très vaste. Conséquence, la couverture n’est pas encore totale à Kidal, par exemple, et dans certains cercles, qui ne sont pas encore dotés de Centres de secours.

Et le Colonel de préciser qu’un Centre de secours dispose au minimum d’un engin d’incendie et d’une ambulance. Dans un  Poste de cours, par contre, il y a au moins un engin d’incendie ou une ambulance. Parlant des difficultés, le Colonel Mamadou Traoré est revenu sur l’insuffisance des moyens, avant de déplorer l’incivisme de la population, laquelle, selon lui, rend le travail de la PC très difficile. Autre casse-tête, l’insuffisance des Urgences. A Bamako, par exemple, le Centre Hospitalier Universitaire Gabriel Touré reste l’unique hôpital à prendre en charge les urgences liées aux accidents de la route. Il faut impérativement un service des urgences sur la rive droite du fleuve Niger, pour la prise en charge effective de toutes les victimes, a-t-il conclu. 

Pierre Fo’o Medjo



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