Incapable de faire respecter sa décision de dissoudre le mouvement Dan Na Ambassagou, le gouvernement du Mali à travers son premier ministre est au centre d’une autre polémique. La décision unilatérale que certains qualifient d’incohérente de Dr Boubou Cissé suscite la colère et l’indignation des femmes, des jeunes et du Collectif des députés du pays Dogon.
Dans un communiqué en date du 24 février 2020, le gouvernement de la République du Mali annonce la suppression de tous les check-points sur l’axe reliant Sévaré à Bankass dans un délai de cinq jours.
Cette décision se justifie selon le communiqué par la multiplication des check-points érigés et tenus par des hommes en armes sur l’axe reliant Sévaré à Bankass et sur d’autres axes à travers la région de Mopti. «Ces check-points illégaux constituent une atteinte grave à la souveraineté de l’Etat et sont des points d’insécurité pour les populations, dont la liberté de circulation se trouve ainsi entravée. Il s’agit en outre, de positions où des versements d’argent sont imposés aux paisibles voyageurs soumis à des contrôles au faciès ; toute chose intolérable dans un Etat respectueux des droits de l’homme», indique le gouvernement dans son communiqué.
Face à cette situation et la nécessité de rétablir l’autorité de l’Etat, le premier lors de sa visite dans la région de Mopti a inscrit au Ministre de la Défense de prendre les mesures légales soient prises pour rétablir l’autorité de l’Etat sur ces axes routiers.
Même dans le communiqué le gouvernement ne cite pas le nom de Dan Na Ambassagou, pour les observateurs il s’agit sans nul doute du mouvement autodéfense de Youssouf Toloba. On se souvient encore que Dan Na Ambassagou avait résisté à une première de décision de Bamako il y a plus d’une année.
Ce coup de pied de Boubou Cissé semble être la goutte d’eau qui risque de déborder la vase.
En effet, cette décision a été mal accueillie par la population du pays dogon et les politiques à travers le Collectif des députés de cette région.
L’insécurité aidant, la population du pays Dogon pense qu’avec l’absence de l’Etat que les chasseurs assurent la sécurité face à la montée en puissance des terroristes.
C’est la principale raison qui explique la colère de la communauté dogon depuis cette déclaration du premier ministre Dr Boubou Cissé.
En réaction au communiqué du gouvernement, le mouvement d’auto-défense dénonce la décision de suppression des cheik-points des éléments du mouvement d’auto-défense Dan Nan Ambassagou installés sur la route nationale 15 communément appelée route de poissons, reliant Sevaré, Bandiagara, Bankass, Koro frontière Burkina Faso. Youssouf Toloba et ses hommes enfoncent le clou. Ils dénoncent également la visite du locateur de la primature uniquement dans les villages peuhls. Il s’agit d’Ogossagou et Diallossagou.
Dan Nan Ambassagou qualifie la méthode de Boubou Cissé de sélective et cite plusieurs villages qui ont été attaqués entre le 17 et le 23 février 2020. Il s’agit de : Senguemana, Ogotanga, Simeni, Tengne, Guemeto Terely, Timissa, Bamba, Menthy, Dialaye, Sondongara, Donkono, Bankouman, Nema, Tanessogou. Ainsi, le Dan Na Ambassagou conditionne la suppression des check-points par la seule présence de l’armée malienne pour sécuriser la population.
De son côté, le Collectif des députés du pays dogon, dans une correspondance en date du 24 février 2020 adressée au premier ministre s’oppose à toutes les actions allant dans le sens de supprimer les check-points. «La présence de ces check -points sur le tronçon comble le vide laissé par l’état dans cadre de la sécurisation des personnes et de leurs biens. Nous ne saurons donner notre approbation à votre décision. Nous vous conseillons de privilégier la voie du dialogue. Les check points pourront être levés dès que les conditions sécuritaires sur le tronçon seront assurées par les forces de défense et de sécurité», indiqué la lettre signée par le député Issa Togo.
Si les parlementaires et le mouvement de Youssouf Toloba, ont apporté une réponse plus diplomatique à la déclaration du premier ministre, la plateforme des organisations de jeunes du pays dogons met le pied dans le plat. En effet, dans une déclaration conjointé en date du 25 février 2020, ce regroupement de la jeunesse dogon exige la démission de Dr Boubou Cissé et son gouvernement. Selon le communiqué cette volonté de supprimer les postes de sécurités des hommes de Toloba traduit l’esprit de vengeance qui anime le premier ministre. Ainsi, cette plateforme décide de ne plus reconnaitre l’autorité de Boubou Cissé et opte désormais pour la désobéissance civile.
Déjà, les femmes et les enfants ont donné le ton le dimanche dernier en bloquant la délégation du Premier ministre dans les zones de Kori-Kori et Goundaga.
B A