Les limites de l’intervention militaire

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Située au nord du Mali, plus exactement au sud-est de la région de Gao, la ville de Ménaka est depuis des mois totalement isolée du monde. Un responsable de la ville affirme que toute intervention militaire ne fera qu’unifier les rangs de toutes les factions avec les groupes terroristes

Des dizaines de personnes fuyant les exactions d’Ançar Eddine, du Mujao et d’Al Qaîda s’y réfugient mais font face à la misère et aux maladies. Faute de soins et de nourriture, bon nombre d’entre elles meurent quotidiennement. Les dernières pluies ont aggravé la situation et rien n’indique une quelconque amélioration.

C’est le tableau noir que nous dresse Lamine Ag Billal, porte-parole du commandement du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Dans cette ville, que dirige le colonel Mohamed Ag Akli, la seule ville que le mouvement contrôle depuis qu’Ançar Eddine et les deux organisations terroristes, Al Qaîda et le Mujao , se sont emparés de Kidal, Gao et Tombouctou. Contacté par téléphone satellitaire, le responsable lance un véritable cri de détresse en direction du monde et surtout des ONG humanitaires.
«Des centaines de familles ont rejoint Ménaka pour fuir les attaques des groupes islamistes armés à Gao et à Tombouctou. Il n’y a ni eau, ni électricité, ni nourritures et ni médicaments. Les rares camions que la Croix-Rouge internationale dépêche sont livrés directement aux groupes islamistes, abandonnant la population à son terrible sort. Même les équipes de Médecins du monde se sont rétrécies et leurs moyens devenus insignifiants», déclare notre interlocuteur.

Selon lui, le Mujao et Al Qaîda sont en train de multiplier le recrutement de jeunes dont l’âge n’atteint même pas les 16 ans, qu’ils entraînent et arment pour renforcer leurs rangs, précisant que des quantités énormes d’armes circulent dans toutes les régions du nord du Mali. «Nous avons remarqué qu’il y a de plus en plus d’étrangers au sein de ces groupes. Pas seulement des Algériens, Tunisiens, Pakistanais, Somaliens, Mauritaniens, Libyens, Soudanais et Yéménites, mais également des musulmans d’Afrique noire, des Français et même des Américains. Ces derniers nous les avons remarqués à Gao, où le Mujao détient les otages occidentaux, dont deux Français, et les diplomates algériens. Ces exactions ont poussé les gens à se réfugier à Ménaka, sous la protection du MNLA. Mais la situation dans cette ville est chaotique. Il faut que les Etats et les ONG humanitaires se penchent sur le cas de Ménaka, où des milliers de réfugiés vivent l’enfer», déclare Lamine Ag Billal, dont la crainte s’exacerbe à cause de cette menace d’intervention militaire brandie par Paris et Bamako.

«Tout le monde sait qu’une opération militaire dans le Nord aura de graves conséquences humanitaires, non seulement sur le Mali mais également sur les pays limitrophes. Une attaque militaire implique inévitablement une alliance stratégique entre toutes les factions qui activent sur le terrain, y compris le MNLA. Dans ces conditions, pour nous, il s’agira de défendre notre territoire contre des forces étrangères armées et équipées par la France, l’ancienne puissance coloniale. Nous ferons des troupes de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) une bouchée de pain, parce que ce sera toute la population de l’Azawad qui se soulèvera contre l’Occident…», explique Lamine Ag Billal.

Pour lui, la solution réside d’abord dans le dialogue entre les tribus de la région et dont font partie Ançar Eddine et le MNLA. «Nous voulons trouver un consensus autour de la nécessité de débarrasser le Nord des éléments qui lui sont étrangers pour mieux négocier en rangs serrés, avec le régime de Bamako, l’avenir de l’Azawad. Aucune force étrangère ne peut nettoyer la région des groupes terroristes sans avoir l’accord des autochtones. Nous pouvons combattre les groupes terroristes, pour peu que les Etats, ceux-là mêmes qui arment et équipent les 3000 hommes de la Cédéao, nous aident pour venir à bout de ces phalanges qui, faut-il le préciser, n’ont pas l’autorité sur tout le Nord, mais uniquement sur quelques points stratégiques dans les villes de Gao et de Tombouctou», révèle Lamine Ag Billal.

En fait, cette position rejoint celle que défend l’Algérie, qui consiste à privilégier une solution politique pour régler la crise et éviter, coûte que coûte, l’option militaire qui, en plus d’être très coûteuse en vies humaines, constitue un saut vers le chaos.
Si la France continue à faire pression pour intervenir militairement avant la fin de l’année, en dépit des échecs cuisants de ses troupes spéciales lors des deux opérations de libération d’otages français (détenus par Al Qaîda au nord du Mali), le secrétaire général de l’ONU ne semble pas vouloir suivre cette voie suicidaire.

Lors d’une conférence de presse à Paris, à l’issue de sa rencontre avec le président français, il a déclaré : «Ma position comme secrétaire général est qu’avant toute opération militaire, il faudrait qu’il y ait des négociations politiques et un dialogue». Ban Ki-moon estime que face à une opération militaire, «il faut être très clair, avoir des plans concrets et des modalités d’application et connaître les conséquences d’un déploiement de forces militaires dans la région». Interrogé sur une éventuelle échéance, telle que souhaitée par Paris (avant la fin de l’année), Ban Ki-moon répond : «Les membres du Conseil de sécurité sont d’accord pour discuter du sujet, mais la rapidité d’une décision revient aux Etats membres (…) Je ne peux pas dire qu’il n’y a pas de consensus.

Ils ont réclamé des planifications, davantage de plans et de propositions détaillées. Ils attendent des réponses des dirigeants africains.» En clair, l’ONU n’est pas prête à suivre Paris dans sa politique du chaos au Mali. Force est de constater que la solution politique, défendue par Alger, poursuit son petit bonhomme de chemin, même si, souvent, en cours de route, il y a des bâtons dans les roues.
Il est question de préserver des milliers de personnes qui risquent d’être tuées sur l’autel de la libération du nord du Mali des mains d’Al Qaîda, comme si tous les Touareg, qui se battent depuis des lustres pour le droit à la dignité, étaient des terroristes.

Un groupe islamiste, deux organisations terroristes et un mouvement laïc poussé à l’exil :

 

Censé être libéré de l’occupation militaire malienne, le nord du Mali est aujourd’hui disputé par Ançar Eddine, un groupe intégriste dirigé par Ayad Ag Ghaly, le Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Chacune de ces factions occupe un territoire où l’activité de contrebande, de crime organisé, de trafic de cocaïne et d’arme reste la plus fructueuse.

Si le MNLA a été totalement dépassé par les événements, au point de se voir retranché aux frontières avec l’Algérie, à Tinzawatine (malienne) et avec le Niger, à Ménaka, les trois autres groupes, puissamment armés, fortement équipés et bien entraînés, ont tellement pris de l’ampleur qu’ils ont fini par avoir le contrôle sur les principales villes du Nord. Les trois s’entraident, s’échangent les informations et se rendent services, sans qu’ils n’aient la même stratégie ni les mêmes objectifs.

Ils se sont mis d’accord sur des lignes rouges que chacun des trois respecte ; aucun ne piétine le terrain de l’autre. Ainsi, les troupes de l’AQMI, que dirige Abou Zeïd, contrôlent la région d’Adrar, au nord-est du Mali, ainsi que Tombouctou. A part les membres de la direction, la majorité de ses éléments ne sont pas algériens. L’AQMI est le plus organisé et le plus doté en moyens humains et logistiques. Le Mujao occupe, quant à lui, la région de Gao, où il retient en captivité plusieurs otages occidentaux ainsi que les diplomates algériens, enlevés il y a plus de six mois du siège du consulat algérien à Gao.

Les conditions de la création de ce groupe, l’acquisition de ses moyens militaires et financiers ainsi que les objectifs qu’il cible laissent planer le doute quant à ses réels desseins dans la région. C’est la seule organisation terroriste d’Al Qaîda qui limite son territoire (Afrique de l’Ouest), sans y être et cible uniquement l’Algérie et les Sahraouis. Ses troupes sont composées essentiellement de ressortissants de l’Afrique noire, mais aussi d’Arabes, de quelques Touareg, de Pakistanais et de Mauritaniens.

A la différence de ces deux groupes, Ançar Eddine est plutôt un mouvement de Touareg issus de tribus assez influentes de la région de Kidal, où il est le plus présent. Les membres d’Ançar Eddine ne sont pas des «djihadistes» comme ceux du Mujao ou d’AQMI, mais plutôt des extrémistes religieux qui veulent imposer la charia au nord du Mali. Il se distingue des deux premiers parce qu’il estime que son objectif est d’instaurer une république islamique, arguant du fait que l’islam est la religion du Mali. Cependant, il existe, en son sein, deux forts courants qui le traversent.

Celui qui reste attaché à un islam ouvert sur le monde et modéré et celui plus rigoureux qui veut un Etat à l’image de celui instauré par les talibans. Mais il est important de relever que le Mujao et Ançar Eddine s’inspirent des modes opératoires d’AQMI pour passer à des actions ponctuelles à effet médiatique pour imposer le strict respect de la morale «islamique», comme l’interdiction de la mixité, l’amputation du bras pour les voleurs, la lapidation jusqu’à la mort pour les auteurs d’adultère, etc.

Aujourd’hui, cette région est devenue non seulement une base arrière pour les groupes islamistes armés, mais aussi un repaire des narcotrafiquants et des trafiquants d’armes et de véhicules. Les forces d’Ançar Eddine, du Mujao et d’AQMI lui ont barré la route. Avec un rapport de forces en faveur des islamistes et d’Al Qaîda, le MNLA s’est retranché dans ses bases les plus reculées.

Aujourd’hui, ses dirigeants espèrent renouer contact avec Ançar Eddine pour recréer les passerelles et faire en sorte de réunifier les rangs, pour chasser les groupes terroristes et discuter, par la suite, de l’avenir de la région et du mode de vie que la population aimerait avoir. La laïcité semble avoir été totalement écartée, y compris au sein du MNLA.

elwatan.com/ le 11.10.12 | 10h00

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10 COMMENTAIRES

  1. franchement j’espère que les algériens ne découvre pas ce site 😳 ça serais une mauvaise publicité pour les maliens en Algérie.car pour les algériens le malien et leur préférer parmi tout les autres africains.et ce qui arrive au mali je vous le dis cest a cause du mali. 👿 l’Algérie a toujours lutter contre les barbus terroristes .mais apparemment les journalistes maliens acquis aux néo-colons ont réussi leur mission. moi je dis banco. je suis pour le retour du mali et tout les autres pays africains qui le souhaitent sous un nouveau empire coloniale français 👿 il vous reste a convaincre les français.

  2. “Faire des troupes de la CEDEAO Une bouchée de pain”, voilà la grande gueule du MNLA. Les jeunes de Gao vous ont botté les fesses, même la poussière de la CEDEAO vous tuera jusqu’au dernier. Les suppôts de Satan que vous êtes ne seriez jamais heureux parce que haineux, vantards et foncièrement malhonnêtes. Il ne vous reste plus que vos gueules pour mugir comme des sirène électriques et ça tout le monde l’a compris. Vous nous faites pitié bande d’ingrats. Vos pieds ne casseront pas un œuf de lézard. C’est bien fini le temps des carottes, now c’est le bâton. Béré béré béré et béré béré béré et béré et béréééééééééééééééééééééééééééééé

  3. El Watan ce torchon de la propagande du MNLA ne sait pas que les maliens se sont fait une religion sur ses intentions. Il se fait porte parole des bandits par qui tout est arrivé. Le rédacteur d’El Watan peut donner sa sœur aux bandits du MNLA pour les amuser si ça lui chante, mais au Mali on sait ce qu’il faut faire. L’hypocrisie algérienne est décidément consanguine.

  4. Elwatan? C’est la boite a propagande de l’Algerie. Decidement, ces gens la feront tout pour que le Mali ne voit pas le Mali ne retrouve son intregralite. J’attends avec impatience le jour ou toutes ces hordes de barbares (algeriens) retourneront chez eux pour y prendre le pouvoir. MNLA, passer de l’autre cote de la frontiere, le Mali n’est pas votre pays. Votre AZAwad se trouve en Algerie. Si vous voullez discuter votrte autodetermination, aller le faire avec vos freres chez vous en Algerie. Et foutez nous la paix. Ne venez pas vous meler a nos freres Songhai, tamashecs, peulhs, arabes du Mali.

    • el watan journal d’opposition algérien,proche des milieux français ;francophile.pour ne pas dire anti_algérien.j’ai remarquer dans les commentaires une haine envers l’Algérie et les algériens .qui me surprend.je m’attendais pas vraiment,je croyais l’Algérie autre chose pour les maliens.connaissant les efforts financier fournis par l’Algérie a l’égard des pays africains soit a travers la banque africaine de développement dans laquelle l’Algérie est actionnaire principale 🙄 .soit par l’aide de gré a gré.de plus de l’effacement totale de la dette de plusieurs pays africains.le mali a bénéficier de tout ça en plus de certains équipements,sans parler des formations universitaire 8) ….etc franchement je ne comprend pas la haine que vous développer a l’égard de ce pays. 😥

      • C’est facile à comprendre pourtant: c’est le MNLA/ANE SARDINE qui a amené les djihadistes AQMI/MUJAO/BOKO HARAM au Mali pour voler, violer, exiler, profaner, piller, saccager, amputer, lapider, assassiner militaires et civils maliens. L’Algérie nous dit de fermer les yeux sur tout ceci (elle nous parle de négocier avec le MNLA/ANE SARDINE après que nous ayons subi tous ces crimes), pire de l’accepter, fermant les yeux volontairement sur l’humiliation quotidienne malienne, la fermeture de nos usines, ONG, entreprises, tourisme, etc. Les djihadistes sont dirigés par des algériens qui les financent, les arment, les approvisionnent en carburant. Tout ceci est un secret de polichinelle. L’ALGERIE DIT EN CLAIR AUX MALIENS QU’ELLE SE COMPLAIT DANS LA SITUATION ACTUELLE QU’ELLE PREFERE A UN RISQUE DE REBELLION GENERALISE SUR SON SOL.

      • Quelle est cette logique de donner du pain à quelqu’un et des armes à ses ennemis pour l’empêcher de se nourrir par lui-même?

        • d’après le canard enchainé 🙄 c’est pas l’Algérie qui finance les terroristes. 👿 cest pas parce que des algeriens commandent les troupes 😆 au nord que cest l’algerie qui vous prive de vivre 😳 .
          d’ailleurs ces chef terroristes sont tous rechercher et condamner a mort par contumace par la justice algerienne. 😯

  5. UNE GUERRE BIEN PREPAREE BIEN PENSEE ET BIEN POURVUE COMME LE DISENT
    LES AMERICAINS

    PAS UNE GUERRE DE RACAILLE COMME EN LIBYE OU EN ALGERIE PENDANT 10ANS
    BIEN SUR

  6. DONC SEULE UNE PARTIE DE MVT ANCAR DINE PEUT ETRE UN INTERLOCUTEUR SERIEUX

    CA FAIT PAS BCP DE MONDE

    IL VA DONC FALLOIR FAIRE LA GUERRE

    LES AUTOCHNTONES N AYANT PAS DE POUVOIR DE DECISIONT LA OU ILS SONT

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