Les habitants vivent toujours dans la peur dans la légendaire ville sanctuaire de Tombouctou, au Mali, “réduite à sa plus simple expression” par les jihadistes il y a une décennie, a déclaré mardi un avocat de victimes devant la Cour pénale internationale (CPI).
Les avocats représentant 1.946 victimes de l’occupation jihadiste en 2012 et 2013 de la ville malienne plaident leur cause devant la Cour, qui siège à La Haye, lors du procès d’un commissaire de la police islamique.
Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, dit Al Hassan, 44 ans, est poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il est accusé de torture, viols et esclavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés, ainsi que de destruction de mausolées à Tombouctou, surnommée “la Perle du désert”.
“La ville de Tombouctou a été ainsi réduite à sa plus simple expression, et l’Histoire s’en souviendra des millénaires après”, a déclaré Seydou Doumbia, un avocat malien des victimes.
Les habitants continuent d’endurer des actes de violence, tels que des enlèvements, des pillages et menaces de mort, a ajouté M. Doumbia, s’exprimant par liaison vidéo. “Ils côtoient la mort au quotidien et leurs persécuteurs sont toujours parmi eux, capables de semer la panique à tout moment”, a-t-il poursuivi.
Sous le joug jihadiste, une vague de destructions s’est abattue il y a une décennie sur la ville, fondée entre le Ve et le XIIe siècles par les tribus touareg et surnommée “la ville des 333 saints” pour le nombre de sages musulmans qui y sont enterrés.
Al Hassan, dont le procès s’est ouvert en 2020, était une figure-clé de la police islamique et du système judiciaire instaurés par les jihadistes dans le nord du Mali en 2012, selon l’accusation.
“L’entrée des jihadistes dans la ville de Tombouctou a provoqué une véritable commotion sociale. L’onde de choc a atteint les contrées les plus reculées de la région”, a déclaré M. Doumbia.
Al Hassan est le deuxième jihadiste malien jugé par la CPI pour la destruction des sanctuaires de Tombouctou, un site inscrit par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’humanité. La Cour a condamné en 2016 Ahmad Al Faqi Al Mahdi à neuf ans de prison.