Selon un rapport publié le mercredi 13 novembre 2019, l’ONG International Crisis Group (ICG) attire l’attention de l’opinion nationale et internationale que les ressources minières notamment l’or est en passe de devenir la nouvelle source de revenus des groupes armés dans le sahel. Ces nouveaux prédateurs profitent de l’inexistence et de la faiblesse des Etats du Mali, du Burkina Faso et du Niger pour mettre la main sur les sites d’orpaillage.
Selon le rapport : « leur convoitise est attisée par le boom du secteur aurifère artisanal depuis la découverte en 2012, d’un filon saharien. La production artisanale d’or représenterait près de 50%. Elle atteindrait chaque année 20 à 50 tonnes au Mali, 10 à 30 tonnes au Burkina Faso et 10 à 15 tonnes au Niger, soit une valeur monétaire globale située entre 1,9 et 4,5 milliards de dollars par an. Plus de deux millions d’acteurs seraient directement impliqués dans l’orpaillage artisanal: un million au Burkina Faso, 700.000 au Mali, et 300.000 au Niger. Le nombre d’emplois indirects pourrait être trois fois plus élevé ». Ces trois pays sont en vu les tentacules des djihadistes s’entendre sur leur sol à partir du nord du Mali. Ces Etats pauvres peinent à faire face, malgré la présence de forces étrangères et de l’ONU dont les populations ont de la peine a comprendre le but de leur présence. Le rapport révèle que ces sites aurifères « peuvent même servir de lieu de formation, comme par exemple au maniement des explosifs ».
Cette situation est d’autan plus délicate du faite la contribution de l’or aux recettes budgétaires de 2020 est estimée à 4O1 milliards de FFCA d’une part et d’autre part, le Mali est le troisième producteur d’or en Afrique, après l’Afrique du Sud et le Ghana.
Depuis le milieu des années 2000, l’Afrique sahélo-saharienne connaît de multiples ruées vers l’or. Ces événements spectaculaires mettent en mouvement des milliers, voire des millions d’individus qui, s’improvisant chercheurs d’or, partent à la recherche du précieux minerai dans des régions parfois très reculées.
La capacité de ces autorités à réglementer les sites miniers, même indirectement, se détériore au fur et à mesure que la sécurité se détériore et que des groupes armés défient l’autorité de ces États dans certaines parties de la région.
Cette pratique fait naitre de nouvelles préoccupations sécuritaires à ces Etats. Ces trois pays sont l’épicentre de l’insécurité au Sahel et de l’or a été découvert dans des régions où l’État est historiquement faible ou s’est récemment retiré. Ces États disposent de trop peu de ressources humaines et techniques pour superviser un secteur en pleine expansion. Cela profite à divers acteurs armés (groupes d’autodéfense, bandits, trafiquants, groupes rebelles et djihadistes) qui défient l’État. L’État ne pourra reprendre pied sur ces sites que s’il est capable de démontrer sa capacité de frappe.
Mahamadou YATTARA