L’an 2012 a été une année noire pour le Mali. Elle marque le début de la situation sécuritaire dans laquelle se trouve le sahel en général et le Mali en particulier. En mars 2012, suite au coup d’Etat militaire, toutes les trois principales villes du nord, qui sont les capitales régionales du nord Mali tombent entre les mains des groupes armés du nord. Qui sont le groupe armé des Touaregs indépendantistes et le groupe armé composé des djihadistes AQMI, Ansar dine et de MUJAO ?
L’arrivé de ces groupes extrémistes violents a pour multiples causes : idéologiques, ignorance, économiques, sociales et même politiques. Leurs présences ont aussi occasionné des conséquences très graves et très visibles dans tout le sahel en général et au Mali en particulier.
I les facteurs de l’extrémisme violent :
Les causes de l’extrémisme violent au sahel sont multiples, certaines sont liées à la religion elle-même, d’autres aux personnes vivantes dans la société ainsi de leurs modes et de leur manière de vivre. Nous allons développer chacun de ces points pour mieux comprendre a quoi, chaque point est un facteur de l’extrémisme violent en Afrique de l’ouest.
Les facteurs idéologiques :
L’extrémisme violent a pu bien s’implanté dans le sahel à cause des idées religieuses qu’ils ont mises dans les têtes de ces jeunes qui ont adhéré dans leur rang. Tout premièrement, ils sont venus dire à la population du sahel très généralement des jeunes éleveurs peuls et Touaregs que l’islam qui était là n’était pas le bon islam. Et puis ceux qui le pratiquaient ne le faisaient pas de la bonne manière. Ils ont amené des nouvelles pratiques et des nouvelles méthodes de l’islam qui n’étaient pas connues dans la région. Parmi les méthodes et pratiques venues récemment dans la région, ils exigent à tout le monde de prendre les mains en priant. Ils sont venus tout radicaliser et demander à la population d’être radicale en portant des armes et combattants au nom de l’islam. Vous savez comme toute communauté qui n’a pas une bonne culture religieuse, il a été facile pour eux de convaincre ces anciens jeunes peuls bergers et cette communauté majoritairement nomade qui ne connaissait pas bien l’islam. Mais il est important de dire que c’est une communauté qui connait bien l’islam, c’est à dire la communauté du Nord et du centre du Mali. Ils sont venus avec des idées comme quoi que les chemins de l’islam qu’ils ont trouvés sont des « Bidaa », c’est à dire des mauvais chemins comme le Tidianiya, Adriya et les Cheick des longs chapelets. Très vite, les jeunes qui ont adhéré ont vite capté l’opportunité. Avec les adhérents, certains ont même qualifié leurs parents de mécréants et d’autres sont partis de leurs villages avec leurs femmes et enfants pour rejoindre définitivement les groupes.
Les facteurs économiques :
Comme plusieurs Etats sahéliens, le Mali est aussi un pays très pauvre. Donc ce phénomène est devenu une porte de sortie pour plusieurs jeunes sahéliens. Le chômage, le manque de revenu et la mauvaise pluviométrie rendent la vie des citoyens sahéliens très dure. Et beaucoup de jeunes qui étaient sur le point d’aller à l’exode ont profité pour adhérer dans ces groupes et gagner facilement leur vie. Par exemple, lorsque les éléments du groupe état islamique sont arrivés dans la zone, pour procéder au recrutement, ils ont proposé à tout jeune qui vient avec, une nouvelle moto, cinq cent mille franc CFA et un appareil téléphonique. Quelqu’un qui ne gagnait pas cinq francs par mois n’a pas d’autre choix que d’adhérer. Chaque année après la récolte de la zakat, chaque combattant a sa part. ils n’ont pas de salaire, mais ils ont des frais d’encouragement, surtout quand quelqu’un décide d’aller rendre visite à sa famille, ou si les combattants rentrent chez eux pour les fêtes religieux, tabaski et autres.
Certains ont choisi les groupes pour avoir accès à la gestion des ressources naturelles, telles que les bourgou qui sont les zones de pâturages. Ces zones appartiennent à des propriétaires coutumiers. La plupart des jeunes qui ont adhéré étaient contre cette pratique parce qu’ils étaient presque tous des propriétaires des troupeaux des vaches. Et adhérer au jihad pour eux leur permettrait d’avoir l’accès facile aux zones de pâturages qui sont les ressources naturelles. Leur Cheick qui est Hamadoun kouffa n’a pas totalement supprimé le pouvoir des Diowro, mais, il l’a réduit en fixant le prix d’une île de pâturage à cinq cent mille francs fcfa. Là encore, certains qui sont venus dans leur jihad à cause de bourgou ne se sont pas satisfaits et ont décidé de quitter son groupe, la katiba Macina affiliée à Al-Qaïda pour se rallier à l’Etat islamique.
Les jeunes qui ne gagnaient rien et qui sont devenus des chefs des markaz et qui gèrent tous les biens récoltés encouragent d’autres à venir parce que ce jihad est, en plus d’être un moyen pour eux d’accès au paradis, il est aussi un moyen de voir sa situation sociale changer. Dans les prêches de kouffa avant son départ à Tombouctou en fin 2012 pour rejoindre les groupes radicaux, il disait que la terre appartient à Dieu et personne n’a le droit de vendre des herbes qui poussent sur cette terre. Ce message a été bien capté par les éleveurs de senoo et d’Haire qui sont devenus à la suite majoritairement des jihadistes. Et puis, ce sont eux qui ont majoritairement rejoint le groupe de l’Etat Islamique parce qu’ils sont contre la gestion du bourgou par les diowro. Parmi les sept points qui ont poussé les éléments de kouffa à la défection, la question de bourgou a été au cœur. Parce que ceux qui y sont lui ont dit tant que le bourgou ne devient pas public, ils ne vont jamais rester avec lui.
Du coté des propriétaires des zones des pâturages qui ont rallié eux aussi pour pouvoir garder leur terre. Premièrement, prendre une arme est devenu la meilleure manière de se protéger et deuxièmement, prendre une arme pour combattre le jihad avec les groupes radicaux permet de vivre tranquillement dans le territoire contrôlé par les groupes radicaux. Donc en un mot le contrôle et la gestion des ressources naturelles est au cœur de l’adhésion des groupes extrémistes au sahel central. Prendre une arme rend tellement populaire jusqu’ à ce que certaines femmes te disent clairement que si tu ne portes pas une arme, elles ne sont pas prêtes à devenir ta femme. On peut dire que la pauvreté est aussi l’une des principales causes de radicalisation des jeunes du sahel. Certains, après avoir vécu longtemps en aventure, sont retournés pour rejoindre ces groupes radicaux. Beaucoup de jeunes qui ont pris des armes ont vu leurs conditions de vie s’améliorer. Ils ont eu des femmes, des animaux, du pouvoir et du respect.
Les facteurs sociaux :
Dans la société africaine, il y a ce qu’on appelle la classe sociale, c’est-à-dire des nobles, les castes et des anciens esclaves. Au sein du groupe noble, il y a certaines familles moins considérées par les autres dans lesquelles même si tu cherches une femme à épouser, la main de la femme ne te sera pas accordée tant que tu n’es pas de leur rang social. Ces personnes qui n’étaient pas très considérées peuvent rejoindre les groupes extrémistes pour masquer cet acte. Il y aussi certains qui ont rejoint les groupes pour masquer leurs activités, parce qu’ils étaient des anciens voleurs de bétails. Ces personnes sont considérées comme des cadets sociaux. En se référant toujours au plan social, parmi les causes de l’extrémisme violent, certaines personnes qui sont issues de la famille, mais coté de sa maman, peuvent rejoindre les groupes pour savoir sa place, ou ses droits au sein de la famille. La plupart des personnes qui se sont ralliées sont issues des familles moins considérées dans le delta. Cela s’explique du fait qu’il est rare de voir parmi les combattants et les dirigeants de ces mouvements Djihadistes quelqu’un issu d’une famille de chefferie traditionnelle ou une famille des grands chefs religieux ou marabouts. Ils sont presque tous issus des familles pauvres ou des anciens bergers ou étaient derrières des troupeaux d’autres personnes.
Amalgame au sahel comme facteur de renforcement des groupes armés :
La plupart des pays sahéliens de l’Afrique traversent depuis les années de l’indépendance des foyers d’insurrections armées de la part de certaines composantes sociales nationales victimes d’exclusion. La paix, la stabilité et la prospérité politico économiques passent par des états regardants sur la question du respect des différences dans la diversité et du partage équitable des ressources nationales au profit de l’ensemble des composantes sociales. Il s’agissait de comprendre qu’il y a une impérieuse nécessité de l’instauration d’une gouvernance adaptée aux réalités socioterritoriales et aux particularités culturelles et linguistiques pour administrer des ensembles sociaux divers et différents. Cette lecture échappe à la plupart des Etats africains postcoloniaux et explique en grande partie les soulèvements récurrents contre beaucoup de pays, avec son lot de désastre et de retard sur le plan de développement.
La seule solution que les gouvernements opposent à cette équation est l’amalgame et ou l’instrumentalisation des conflits intercommunautaires pour distraire et tuer le temps.
Au Mali, la question de l’amalgame a touché à tour de rôle, les kal tamasheq et les maures, qui sont taxés variablement, suivant les époques des bandits, puis des rebelles et ensuite des terroristes pour dénaturer leur combat et stigmatiser davantage leurs revendications. Ceci n’a pas donné des résultats escomptés, pire, l’Etat a perdu le contrôle des pans territoriaux entiers en raison de son déni à admettre la réalité. Aujourd’hui, ce sont les peuls qui sont la cible privilégiée de l’Etat en représailles aux actions terroristes de kouffa, un véritable délit de faciès, qui devient malheureusement la seule méthode d’approche. La démarche consiste à faire passer tout peulh pour un terroriste pour justifier des massacres à grandes échelles au nom d’une pseudo lutte contre le terrorisme, qui ne se gagnera jamais sans collaboration des populations autochtones.
Pourtant, ce ne sont pas des enseignements qui ont manqué pour que l’Etat sache qu’en privilégiant l’amalgame sur la lucidité et la passion sur la raison, ce sont les rangs de l’ennemi qui se gonflent. La question touarègue aurait pu servir d’exemple aux Etats sahéliens pour savoir que la violence et la stigmatisation sociales ne font qu’envenimer la crise et renforcer le défi des communautés vis-à-vis de l’État. La problématique peulh peut constituer une grande menace si les Etats du sahel continuent de se mettre dans la posture que tout peulh est terroriste, donc, ennemi à abattre ou à faire abattre. Stop à l’amalgame au profit de la paix pour tous.
Donc toutes ces personnes victimes de cet amalgame, c’est-à-dire qui ont été arrêtées ou dont les proches ont été tués, ont rejoint les groupes armés terroristes ou les autres groupes armés. Il y a des exemples réels des hommes qui sont devenus djihadistes après avoir été victimes d’arrestation arbitraire des forces de sécurité maliennes. Plusieurs d’entre eux ont rejoint les groupes djihadistes après leur libération. Et d’autres ont rejoint après avoir perdu un parent proche ou un frère dans l’attaque de son village ou de son campement par les forces de sécurité.
Les facteurs politiques :
La mauvaise gouvernance est l’une des causes de l’extrémisme violent les plus connues près de tous. Parmi ces causes de mauvaise gouvernance que nous allons développer, on peut cité entre autres : la corruption, les abus de l’Etat et l’incivisme des agents de l’Etat. La corruption avait gangrené toute l’administration malienne avant le début de la crise sécuritaire de 2012. Cette corruption a existé à tous les niveaux, dans le domaine de recrutement des agents ainsi que dans le domaine de fonctionnement des appareils de l’Etat. Chacun détournait de son côté et de sa manière. Il était arrivé un moment que la justice malienne était devenue la justice de riche, les pauvres n’avaient plus leur place dans les juridictions maliennes. Et tel était presque le cas à tous les niveaux. A la gendarmerie, à la police et dans tous les services, même dans les hôpitaux. Avant le coup d’Etat de 2012 au Mali, surtout à Mopti, les agents de l’Etat disaient qu’un peulh est égal à l’argent. Certaines couches sociales et d’autres ethnies qui se voyaient victimes de cette mauvaise gouvernance, ont rallié les groupes djihadistes, tel est le cas des peuls maliens.
Les chefs d’arrondissements à l’époque qui ont fini par devenir des sous-préfets avec le temps ont beaucoup maltraité les populations civiles surtout peuls et Touaregs qui n’avaient pas de quoi payer l’impôt. Les agents des eaux et forêts avaient le droit de vie et de mort sur les populations civiles. Surtout les éleveurs dans le centre du Mali, ce peuple avait trop souffert avec les agents des eaux et forêts. Ces agents faisaient payer au Mali des sommes d’argent très colossaux si ceux-ci coupent même un cure-dent.
Et puis avec l’avènement de la démocratie, l’Etat malien a instauré la décentralisation, ces nouveaux maires élus à l’époque sont devenus pires que les sous-préfets qui étaient là. Tous ces ingrédients réunis ont poussé plusieurs personnes qui en avaient mare de tout ce qu’ils subissaient avec les représentants de l’Etat et les élus politiques ont vite rejoint les groupes djihadistes.
Après avoir examiné les causes de cet extrémisme dans le sahel en général et au Mali en particulier, nous allons voir les conséquences qu’ont causé ces différents groupes extrémistes au Mali
Les conséquences des groupes extrémistes violents au sahel :
Les groupes extrémistes violents ont causé plusieurs conséquences dans le sahel. Parmi ces multiples conséquences, l’amalgame qui a été cité comme une cause, est aussi une des conséquences les plus graves parmi tant d’autres. A travers cet amalgame, plusieurs civils peulhs et Touaregs ont perdu la vie. Certains ont été tués par l’armée malienne et d’autres par les groupes milices auto défenses bambaras et dogons. Depuis l’arrivée des groupes djihadistes dans la zone, comme l’armée s’est montrée impuissante pour les combattre, cela a donné naissance à plusieurs groupes milices auto défenses qui ont, elles aussi, au lieu de s’attaquer à eux, tué des innocents civils. En plus de l’amalgame que nous avons évoqué un peu plus haut comme conséquence de l’extrémisme violent en Afrique de l’ouest, nous allons aussi développer d’autres conséquences comme les conflits inter et intracommunautaires, le renoncement de certains musulmans à l’Islam (CHASSEURS DOGONS) et la fermeture des écoles surtout dans les régions nord et centre du Mali.
Amalgame comme conséquence de l’extrémisme violent
Depuis que la crise s’est aggravée en Afrique de l’ouest, les premières victimes de cet extrémisme violent sont des innocents civils, qui ne sont pas liés aux groupes ni de près ni de loin. Dans ce sens, on n’évoque pas leur appartenance ethnique ni religieuse, mais nous parlons de l’activité ou l’objectif visé par les membres des groupes djihadistes. Parce que l’amalgame, est lié à leur appartenance ethnique et religieuse que nous ne soutenons pas dans cette analyse. Il y a eu des villages entiers et des familles entières qui ont été neutralisés suite à cet amalgame. Actuellement en Afrique de l’ouest, certaines ethnies sont vues comme tout membre des groupes à cause de leur appartenance ethnique. Surtout dans les régions du centre Mali et au Nord du Burkina Faso en Afrique de l’ouest, on dit actuellement tout peul est djihadiste dans ces régions, ou tout Djihadiste est un peul. Suite à cet amalgame, certains peuls ont tout perdu, même leur propre champ et leur troupeau. A cause de cet amalgame, les membres de certaines communautés ont beaucoup des difficultés dans leur vie de tous les jours. Parmi ces difficultés, on peut parler d’aller librement au marché, voyager d’un village à un autre. Ils ont même les difficultés d’aller dans les hôpitaux de certains pays de l’Afrique de l’ouest, surtout au centre du Mali et au Nord du Burkina Faso. L’amalgame est une des graves conséquences de l’extrémisme violent dans les pays de l’Afrique de l’ouest surtout au Mali et au Burkina. Dans tous ces deux Etats de l’Afrique de l’ouest, ce problème a donné naissance à un conflit entre les personnes qui ont vécu ensemble pendant des siècles. Ce conflit fera l’objet de notre deuxième point qui va suivre le premier point consacré à l’amalgame.
Les conflits inter et intracommunautaires :
Depuis le début de cette crise de l’extrémisme violent appelé localement le jihad, il y a une grande fosse entre les communautés que certains qualifient de partisans des djihadistes et d’autres qui se considèrent comme originaires des communautés qui sont contre le djihad. Un point important à souligner est que l’arrivée des groupes qui se disent djihadistes a permis l’accès facile aux armes dans toute la région de l’Afrique de l’ouest. Et cela est dû au fait que plusieurs régions échappent au contrôle des Etats d’Afrique de l’Ouest.
Avant l’éclatement de ces conflits inter et intracommunautaires, chaque communauté a eu l’occasion de se procurer des armes de guerre soi-disant vouloir protéger sa communauté parce que l’Etat n’est plus en mesure de le faire. Comme on le sait tous, avoir un pouvoir et ne pas l’abuser n’est pas une chose facile. Donc suite à cette possession illégale des armes, les communautés qui se croient être victimes des actes des djihadistes se sont mises à s’attaquer à des communautés quelles ont qualifiées être de la même communauté que les djihadistes. D’où le début des conflits intercommunautaires. Actuellement, ces conflits intercommunautaires sont très visibles au Mali et au Burkina Faso. Ces conflits opposent des peuls et dogons dans la zone des quatre cercles exondés de la région de Mopti au centre du Mali. Ce même conflit oppose ces mêmes peuls dans le cercle de Niono dans la région de Ségou toujours au centre du Mali. Au Burkina Faso dans la région du sahel au Nord, ce même conflit oppose les peuls et les Mossis. Les conflits intercommunautaires ont commencé à se faire sentir en 2018. Après le départ des représentants de l’Etat qui a laissé les populations à leur sort, certains jeunes des villages ont commencé à se regrouper en milice auto Défense pour prendre des armes. Les premières attaques contre les communautés ont pris l’ampleur vers le début de janvier 2019 surtout avec l’attaque contre le village de koulogo, suivie de l’attaque du village de Ogossagou, le 23 mars 2019. Le même jour de l’attaque d ogossagou, Hamadoun kouffa a fait sortir un audio pour démentir son assassinat par l’armée française. L’audio n’a pas eu du succès à cause de l’attaque d’Ogossagou. Après les deux attaques contre ces deux villages peuls dans la même zone du plateau dogon et du Senoo, il y a eu un autre massacre contre le village dogon de Sobanda dans le cercle de Bandiagara. Aujourd’hui l’ampleur de ce conflit intercommunautaire est devenue très sérieuse que certains ont été obligés de déserter totalement certaines régions. Parce que celui qui reste dans la région parmi les membres de cette communauté sera comme un prisonnier. Tu ne seras plus libre dans tes actes au quotidien, tel qu’aller et revenir au champ, marché et même voyager d’un point A vers un point B. ces conflits ont causé des milliers et des milliers de déplacés internes. Presque toutes les grandes villes du Mali, Burkina et Niger sont remplies de des déplacés internes et les villages se sont vidés. Les femmes et les garçons des déplacés se sont transformés en mendiants et d’autres se sont donnés à la prostitution. On peut dire, depuis la prise des armes par les groupes extrémistes violents, qu’il y a eu trop des tensions au sein des communautés. Ces tensions sont de deux types, inter et intracommunautaires. Avec la situation actuelle, les gens profitent de cette situation pour éliminer leurs ennemis. Ces conflits se caractérisent par la violence, les tueries de masse, par le vol des bétails, par les enlèvements des personnes et la destruction des villages et les déplacements massifs des villages. Il y a aussi des assassinats ciblés.
Toujours sur le plan social, l’extrémisme violent a beaucoup affecté le vivre ensemble dans la région. Personne n’a plus confiance à l’autre. Pour prononcer une phrase même à côté de quelqu’un de ta famille, tu vas réfléchir plusieurs fois avant de dire un mot. Les communautés ne se font plus confiance. Suite à l’extrémisme violent qui a engendré le conflit intercommunautaire, le système éducatif sur tous les plans, études dans les écoles françaises tout comme chez les maîtres coraniques, a été dégradé.
c.La fermeture des écoles suite à la présence des groupes extrémistes :
Après l’attaque de konna entre décembre 2012 et janvier 2013, les groupes extrémistes sont revenus dans le sahel et dans le centre du Mali avec une force frappante. Ces groupes sont restés jusqu’en 2016 et sont devenus plus violents. Durant tout ce temps, ils cherchaient à se mieux implanter dans la zone. Avant de gagner le terrain, ils se disaient qu’ils ne s’attaquaient pas aux civils tels que les enseignants et les administrateurs civils. Donc à partir de 20 16, ils commencèrent à chasser cette couche des représentants de l’Etat. Entre 2017 et 2018, ils ont commencé à fermer les écoles et à bruler certaines écoles. Entre 2017 et 2020, on comptait plus de 600 écoles fermées dans le centre du Mali dans la région de Mopti et de Ségou, et au Burkina Faso dans la région du Sahel dans le nord. Certaines écoles ont été totalement brulées par les groupes djihadistes opérant dans la zone. Là encore, des études et des enquêtes ont prouvé que les éléments d’Al-Qaïda sont plus tolérants avec les écoles que les combattants de l’état islamiques. Plusieurs promotions ont perdu la chance d’aller à l’école. Presque toutes les filles qui ont l’âge d’aller à l’école ont perdu cette chance et les garçons aussi. Les filles vont se marier sans aucune formation éducative et les garçons qui ne vont pas à l’aventure vont souvent intégrer les groupes armés. A travers ce manque d’aller à l’école, beaucoup s’adonnent à des mariages précoces. Les filles se marient à très bas âge, certaines à l’âge de 14 ans. Plusieurs d’entre elles après la première grossesse rencontrent des complications dans leurs foyers. Parmi elles, certaines attrapent la maladie de la fistule obstétricale. Elles sont abandonnées par leurs maris. Aujourd’hui dans les zones occupées par les groupes extrémistes, toutes les écoles françaises comme coraniques sont fermées. Cela nous dirige vers la disparition de la connaissance. Tous les enseignants, par la peur d’être tués par les djihadistes, se sont repliés vers les grandes villes. De plus en plus, la situation sécuritaire s’aggrave par les personnes qui ont décidé de prendre des armes pour défendre leur communauté. Dans ce dernier point nous allons développer cette idée.
d. Renoncement de certaines personnes à pratiquer l’islam, conséquence de l’extrémisme violent :
Depuis que les groupes djihadistes ont commencé à violenter les populations à travers les assassinats ciblés et les enlèvements, les membres de certaines communautés sont revenus dans l’habitude ancestrale pour renoncer à la pratique de l’islam. Les membres de la communauté dogon, Bozo et quelques bambaras sont dans les pratiques ancestrales qui est le Donso qui signifie chasseurs traditionnels. Ils ont renoncé totalement à l’Islam pour fermer les mosquées se trouvant dans leurs villages. Ils s’habillent maintenant en tenues traditionnelles avec des cauris et des gris-gris au tour du boubou et du bonnet. Ils n’adorent plus le Dieu, mais plutôt leurs fétiches. Ils boivent tous la bière qui est une boisson interdite par l’Islam. Ils ne sont plus des musulmans. Ils ont arrêté de prier et personne n’ose prier en leur présence. Souvent, lors de leur fête ou au moment de leurs rituelles, on les voit boire du sang des animaux. Ils sont faciles à reconnaitre à travers leurs tenues vestimentaires et leurs outils de chasse. Mais depuis les temps anciens, ces communautés étaient détenteurs des choses mystiques ou des secrets de la nature. C’est pour cette raison que la confrérie était appelée dans la langue locale des Donso qui signifie la maison du savoir. Avant l’arrivée de l’islam dans la région, ces communautés n’étaient pas des musulmans pratiquants, c’étaient majoritairement des hommes sans région. Mais avec l’empire peul du Macina, plusieurs de ces communautés sont devenues des musulmans avant de renoncer avec l’arrivée des groupes djihadistes dans le centre du Mali, plus précisément dans les régions de Mopti et de Ségou.
Les conséquences socioculturelles :
Avec l’extrémisme violent, plusieurs activités socioculturelles sont sur la voie de disparition. Cela est dû à plusieurs choses. Tout d’abord, pour les groupes djihadistes, certaines activités culturelles sont contraires aux principes de l’islam. Et puis, ils ont décidé de mettre fin à certaines activités culturelles parce qu’elles sont soutenues par les occidentaux. Par exemples certaines avaient été classées patrimoine mondial de l’Unesco par les nations unies. Parmi ces activités, on peut citer entre autres, le degal, le Jaral qui sont les fêtes culturelles pour le retour des animaux de la transhumance. Ils ont même interdit toutes les manifestations ou les festivités lors des fêtes religieuses. Toutes les activités liées aux fêtes de l’indépendance sont interdites dans les zones contrôlées par les groupes djihadistes. Les mariages ne sont plus célébrés comme avant. Les griots ne viennent plus pour les animations culturelles. Les bœufs ne sont plus égorgés comme avant. Les jeunes bergers dans le milieu peul ne sont plus autorisés à faire le concours de plus de troupeaux lors de leur retour de la transhumance.
Nos artistes n’ont plus le droit d’animer les activités culturelles. La plupart de nos artistes ont fui pour se refugier dans les grandes villes. Trouver une femme en mariage est plus facile actuellement, mais les femmes ont perdu presque leur valeur. Avant, pour trouver une fille à épouser, il faut être de la même classe sociale quelle, ou financer beaucoup d’argent. Avec la présence des djihadistes tel n’est plus le cas. Il suffit juste de prouver que la fille existe et qu’elle n’est pas marier. Et le jour du mariage, tu peux aller toi-même aller chercher ta femme. Actuellement pour trouver une femme, il n’y a plus question de la classe sociale. Et puis les filles sont mariées très bas âge. Depuis l’occupation des groupes djihadistes par les régions du sahel, les touristes n’ont plus le droit de mettre pied dans ces régions. S’ils viennent, ils sont enlevés ou tués par les djihadistes. Et les touristes enlevés sont libérés soit en échange avec des prisonniers djihadistes, soit avec le payement de rançon.
Bibliographie de l’auteur :
Yida Seydou Diall Is a Doctoral student and
Research Lecturer in Private Law at the
Faculty of Legal and Political Sciences of the
University of Bamako,
Bamako, Mali. Email:
diallyida@yahoo.fr