L’envoyé de l’ONU au conseil de sécurité : « La stabilisation du Mali est cruciale pour l’ensemble de la région »

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L’envoyé de l’ONU au Mali a souligné vendredi 27 janvier 2023 devant le Conseil de sécurité combien la stabilisation de ce pays était cruciale pour l’ensemble de la région, alors que la Mission des Nations Unies qu’il dirige, la MINUSMA est déployée au Mali depuis près de 10 ans maintenant. En parallèle, plusieurs autres points qui concernent le pays ont été abordés pendant les échanges.

Au cours de la réunion du conseil de sécurité de l’ONU, il a été fait cas de la situation djihadiste dans le sahel mais plus précisément du rôle que joue notre pays dans l’éradication de ce fléau qui s’est élargi sur les pays environnants. « Au cours de cette période, la Mission a beaucoup accompli. Mais les objectifs fixés par le Conseil ne sont pas encore pleinement atteints et le contexte a connu des changements importants », a noté le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, El-Ghassim Wane, devant les membres du Conseil.

« Alors que le Conseil examine la recommandation du Secrétaire général, il convient de garder à l’esprit que la stabilisation du Mali est essentielle non seulement pour le pays lui-même mais aussi pour toute la région », a-t-il ajouté en référence à la revue stratégique de la Mission demandée par le Conseil.

Persistance des défis sécuritaires

Au cours des derniers mois, El-Ghassim Wane a noté que la situation sécuritaire est restée « complexe », en particulier dans le Centre et dans la zone tri-frontalière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Cela lui a fait dire que du fait de la persistance des défis sécuritaires, le nombre de déplacés internes reste élevé. ‘’Au mois de décembre 2022, il s’élevait à plus de 412.300. Au total, 8,8 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, soit 17% de plus qu’au début de l’année 2022. 2 millions d’enfants de moins de 5 ans restent affectés par la malnutrition aiguë’’, a-t-il précisé.

Le Représentant spécial a rappelé que la sécurité du personnel humanitaire reste une préoccupation majeure : en 2022, 124 incidents ont touché ce personnel, dont cinq travailleurs humanitaires tués dans les régions de Kayes, Ménaka et Ségou.

« Au cours du dernier trimestre, la MINUSMA a continué à déployer des efforts soutenus pour protéger les civils malgré l’environnement difficile dans lequel elle opère et les lacunes capacitaires importantes auxquelles la Mission est confrontée », a-t-il souligné.

Selon lui, dans la période à venir, la capacité de la MINUSMA à contribuer efficacement à l’amélioration de la situation sécuritaire en appui aux forces de défense et de sécurité maliennes dépendra de plusieurs facteurs.

Le premier facteur a trait à la mise à disposition des capacités requises et le remplacement en temps voulu des pays contributeurs sur le départ. Deuxièmement, il juge nécessaire de renforcer la coordination avec les forces de défense et de sécurité maliennes et, enfin, il estime que le respect de la liberté de mouvement conformément à l’Accord sur le statut des forces est une nécessité absolue.

Des avertissements ignorés de l’ex président ATT

Pendant son mandat et aux premières heures du conflit sur le territoire malien, l’ancien président de la république Amadou Toumani Touré avait mis en garde les pays environnants. Il avait averti sur la propagation de ce fléau si rien n’était fait pour aider le Mali. Ses avertissements sont tombés dans des oreilles de sourds et le Mali a été abandonné à son triste sort. Barrière inéluctable entre les Djihadistes et les pays voisins, le Mali a fini par céder et les GAT se sont répandus chez tous les voisins. Le défunt Président avait sollicité la création d’une force mixte pour contrer le djihadisme. Si seulement le Mali avait été aidé et soutenu à l’époque, on n’en aurait pas été là aujourd’hui. Les pays sahéliens payent un lourd tribut suite aux différentes attaques et on ne peut établir aucun bilan concret sur le nombre des victimes. Aujourd’hui, la menace s’étend sur les pays côtiers qui se croyaient à l’abri de toute intrusion des GAT. La Côte d’Ivoire, le Benin, Le Togo ont tous connu des attaques sur leur territoire.

Légère diminution des violations des droits de l’homme

Pointé du doigt par plusieurs rapports sur la situation des droits de l’homme, le Mali tire son épingle du jeu. En effet, sur la question, El-Ghassim Wane a rappelé que le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans la conduite des opérations militaires et l’obligation de rendre des comptes en cas de violations « sont de la plus haute importance pour faire efficacement face au fléau du terrorisme et de l’extrémisme ». « À cet égard, la Mission a maintenu le dialogue avec les autorités et a continué à fournir un soutien technique et en termes de renforcement des capacités », a-t-il dit, ajoutant que la dernière évaluation de la situation des droits de l’homme a révélé que le nombre global de violations a légèrement diminué et que les groupes terroristes en étaient les principaux auteurs.

« La MINUSMA continuera à enquêter sur les allégations de violations et d’abus des droits de l’homme », a-t-il dit.

S’agissant de l’environnement politique, l’envoyé de l’ONU a noté que le Mali est à moins de deux mois du référendum constitutionnel qui doit marquer le premier d’une série de scrutins qui devraient aboutir au rétablissement de l’ordre constitutionnel en mars 2024. Selon lui, « les autorités maliennes continuent de faire preuve d’engagement à tenir ces scrutins à temps », même si « plusieurs défis demeurent ».

Une série de consultations avec les partis politiques et la société civile ont été convoquées par les autorités de la transition pour discuter de divers aspects de la préparation du référendum constitutionnel et d’autres élections. « Ces initiatives doivent être encouragées et soutenues, car l’inclusion et le consensus sont cruciaux pour le succès global du processus de transition », a dit El-Ghassim Wane. Selon lui, deux autres aspects détermineront la trajectoire du processus électoral.

Premièrement, la disponibilité des ressources financières et logistiques nécessaires. À ce jour, seulement 60% des ressources nécessaires au Fonds commun des Nations Unies pour l’appui électoral ont été mobilisés. Il encourage les partenaires internationaux à accroître leur soutien au Mali dans cette entreprise cruciale. Pour sa part, la MINUSMA, notamment en collaboration avec l’équipe des pays des Nations Unies, fournit un appui technique et logistique au processus électoral et des mesures sont en cours pour accroître ce soutien. Deuxièmement, l’évolution de la situation sécuritaire qui affecte toutes les étapes du cycle électoral. « La MINUSMA apportera tout le soutien possible aux autorités maliennes dans leurs efforts pour sécuriser le processus électoral », a-t-il dit.

Un processus de paix dans l’impasse

Concernant, la mise en œuvre du processus de paix, le Représentant spécial a noté que la MINUSMA, avec les autres membres de la médiation internationale menée par l’Algérie, « n’a ménagé aucun effort pour promouvoir le dialogue entre les parties signataires afin de sortir de l’impasse actuelle ». Ainsi, il a encouragé les parties à ne ménager aucun effort pour surmonter les difficultés actuelles et réaliser des progrès décisifs dans la mise en œuvre de l’accord de paix. A noter que cette année 2023, le Mali sera confronté à de nombreux défis surtout sur le plan électoral. La brulante question sur la réforme constitutionnelle fait débat et il reste à organiser le référendum sur l’ensemble du territoire. Cependant, le défi majeur reste l’organisation des élections présidentielles prévues pour l’année prochaine et cela ne sera possible que si une stabilité relative s’impose.

Ahmadou Sékou Kanta

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