L’hôtel Radisson Blu a été pris pour cible le 20 novembre 2015 par des terroristes dont les identités n’ont toujours pas été connues. L’attaque meurtrière a fait officiellement 22 morts dont 2 terroristes. L’intervention de l’armée, appuyée par les forces étrangères, a permis le dénouement de la prise d’otage non sans laisser en suspens certains questionnements. Mais la perte en vies humaines fut énorme et a suscité la condamnation des Maliens y compris les groupes armés signataires de la paix, mais aussi du monde entier. Choqué par la situation, le Président de la République a dû écourter sa visite au Tchad et rentrer daredare au bercail, pour prendre une série de mesures. Une équipe d’enquêteurs a été mise sur pied pour faire la lumière sur la tragédie de ce vendredi noir à Bamako.
Crépitement d’armes, sol ensanglanté, courses effrénées, cris lamentables, sauvetage tous azimuts, panique générale et généralisée voire psychose, voilà le tableau de l’attentat tragique de ce vendredi noir du 20 novembre 2015, à l’hôtel Radisson Blu, hôtel de luxe situé dans le quartier très chic de Hamdallaye ACI, à Bamako.
Comme on pouvait s’y attendre, beaucoup de citoyens, maliens et maliennes, étaient scotchés devant leur petit écran ou l’oreille collée à la radio, sidérés par les scènes inhabituelles de tueries qu’ils n’avaient seulement l’habitude de voir que dans les thrillers. Cette prise d’otages était en effet digne d’un scénario hollywoodien, avec du suspense et du sang! Bamako, ce jour-là, d’habitude calme en fin de semaine, se réveillait avec ses habitants dans la psychose, en émoi, la ville se sentant en insécurité.
Tout a commencé, tôt ce matin-là, lorsqu’une voiture 4×4 d’une plaque d’immatriculation du corps diplomatique s’immobilisa devant le somptueux hôtel, comme d’habitude pour attendre des diplomates. C’est alors que survinrent deux hommes, de «race noire», armés de fusils de guerre, qui, sans s’en préoccuper, s’engouffrèrent dans l’hôtel et commencèrent à tirer avec frénésie. Ils tuèrent avec une rafale le responsable de la sécurité et prirent d’assaut les étages de l’hôtel en ciblant les expatriés. C’est le début du calvaire pour les clients et des employés dont plusieurs ne tarderont pas malheureusement à subir les conséquences mortelles de leur barbarie moyenâgeuse, perpétrée au nom de l’Islam, pourtant une religion de paix.
La situation mobilisa une armada de porteurs d’uniforme venus de différents corps des forces de sécurité pour la cause. L’assaut donné, la prise d’otage connut son dénouement et nos corps d’élite (police, gendarmerie, garde nationale) avec l’assistance de leurs homologues français et américains, furent tous ovationnés. Leur mérite est indéniable. L’unanimité est faite, une fois de plus, sur l’efficacité et l’efficience de nos forces armées et de sécurité, après l’estime et la confiance regagnée suite à la libération, elle aussi des dégâts collatéraux, des otages de l’hôtel Byblos de Sévaré, en 5ème région administrative du Mali, le 7 août 2015.
Nonobstant ces exploits enregistrés, il est plus que vital de promouvoir une véritable politique de lutte contre le terrorisme dans notre pays, qui fait face à l’un des défis les plus douloureux de son existence. Là-dessus, nos espoirs se portent sur la création d’une cellule de lutte contre le terrorisme dotée de spécialistes nommés sans complaisance ni népotisme. Ils vont également à la formation de nos braves militaires dont les capacités seront renforcées en lutte contre le terrorisme et dans le contreterrorisme pour éradiquer ce fléau qui risque de nous entrainer notre pays vers le chaos.
Une mention spéciale doit être accordée à la France de François Hollande, qui a dépêché des hommes auprès de l’armée malienne. En assistance des forces maliennes, les forces spéciales françaises venues de Ouagadougou, au Burkina Faso voisin, ont participé aux opérations. Sont également intervenus des membres de la MINUSMA et des forces américaines.
A la mi-journée, la France, qui intervient militairement au Mali depuis janvier 2013, avait également envoyé une quarantaine de membres du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) au Mali.
L’accompagnement des missions EUTM et EUCAP Sahel est aussi salutaire. Depuis l’arrivée des forces de l’Union Européenne, pour la formation de nos forces armées et de sécurité, les capacités de bon nombre de nos soldats et de leurs commandements ont été renforcées. Ces acquis doivent être consolidés. L’Etat doit aller également vers l’exploration d’autres opportunités de formation. Cela permettra, par gradation, aux forces armées et de sécurité de pouvoir relever les défis sécuritaires, de défense et de sauvegarde de notre patrie.
L’attaque de Radisson, lieu géographique à Bamako où se concentrent les personnalités les plus importantes en visite ou en mission au Mali, a drainé une vague de condamnation et de compassion au plan national et international. Vu la portée de l’acte terroriste,le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, fut même obligé de mettre fin à la visite qu’il effectuait à N’Djamena au Tchad où il assistait au Sommet du G, traitant d’ailleurs des questions de sécurité dans la zone du Sahel.
Après être rentré et avoir pris connaissance des tenants et des aboutissants de l’attentat, IBK pris une série de mesures allant de l’état d’urgence, instauré pour 10 jours au deuil national de trois jours à compter du lundi 23 novembre 2015
L’acte ignoble a même été condamné par les mouvements armés, y compris par la Coordination des Mouvement de l’Azawad. En effet, dans un communiqué conjoint, la CMA et la Plateforme ont dénoncé cette tragédie qualifiée «d’attaque d’une autre période». Ils ont souhaité que tous les efforts soient entrepris pour lutter contre le terrorisme.
Le peuple malien, attristé par cette attaque, a apprécié la compassion des pays frères et amis. L’ami du Mali, François Hollande, a vigoureusement condamné cette prise d’otages barbare. Bamako fut ensuite le théâtre d’un ballet diplomatique. A la suite du chef de l’État sénégalais, Macky Sall, Président en exercice de la CEDEAO, plusieurs autres personnalités ont effectué le voyage, notamment le Président Béninois, Thomas Yayi Boni, le Premier ministre Burkinabè, Yacouba Isaac Zida ainsi que le Président du Conseil de transition de ce pays Chérif Sy et le Vice-président du Ghana. Tous étaient venus pour marquer leur soutien au Mali.
«Le monde est dangereux à vivre! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.», disait Albert Einstein. C’est pourquoi, parallèlement aux manifestations internationales de solidarité, l’enquête se poursuit, en collaboration avec des éléments de la police française et de la MINUSMA. C’est donc une équipe internationale d’enquêteurs qui a été mise en place, pour appuyer les autorités maliennes qui multiplient les perquisitions pour débusquer les complices des auteurs de l’attentat.
Depuis quelques jours, les photos posthumes des deux terroristes sont affichées sur le petit écran de la télévision nationale, pour solliciter l’appui de la population dans le but de mettre la main sur les éventuels complices.
D’ores et déjà, la prise d’otages a été doublement revendiquée par al-Mourabitoune, le groupe de Mokthar Belmokhtar, et le Front pour la Libération de Macina d’Amadou Koufa.
Boubacar Djigui Diarra