Le rapport sur les crimes de guerre au Mali suscite l’indignation

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Le Mali a demandé la semaine dernière à la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur des soupçons de crimes de guerre commis dans le nord du pays, une demande saluée par plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme.

“Le renvoi de ces crimes par le gouvernement malien devant la CPI est une mesure importante prise à la fois contre les auteurs et en faveur des victimes des crimes les plus graves, garantissant que ces crimes cesseront immédiatement et qu’ils ne resteront pas impunis”, a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH).

En liaison avec l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), la FIDH avait au préalable documenté une série de violations de la part des groupes armés opérant dans le nord du Mali, dans un rapport conjoint rendu public le 12 juillet.

Les auteurs de ce rapport y font part de leurs profondes inquiétudes “concernant les violations actuellement perpétrées dans le nord du Mali, qui pourraient être assimilables à des crimes contre l’humanité” et ont demandé à la communauté internationale “d’intensifier ses efforts pour rétablir les institutions légitimes à Bamako et accélérer le processus de transition politique, seule manière de mettre un terme aux crimes internationaux perpétrés en totale impunité à l’encontre des populations civiles dans le nord du Mali”.

“Ce rapport présente les résultats de l’étude et des preuves collectées dans le nord du Mali, montrant que des dizaines de viols, d’exécutions sommaires et de pillages systématiques ont été commis lors de la prise des grandes villes du nord par les groupes armés”, a ajouté Belhassen.

Elle a ajouté : “Après avoir souffert des violences de la part du MNLA, les populations civiles du nord du Mali sont maintenant soumises à la règle arbitraire et au harcèlement des islamistes armés qui se conduisent de manière inacceptable et détruisent des symboles de l’histoire de l’humanité.”

Ce rapport présente des preuves et des informations “vérifiées” concernant la campagne de viols perpétrés à Gao et à Tombouctou depuis que ces deux villes ont été prises par les combattants rebelles.

“Les groupes islamistes s’en prennent également aux enfants pour tenter de les recruter comme soldats”, explique ce rapport. “Des dizaines de cas ont été documentés par nos organisations, qui s’inquiètent des campagnes de recrutement organisées par Ansar al-Din, dans la mesure où des enfants âgés de 12 à 15 ans se trouvent actuellement dans ses camps d’entraînement, à quelques kilomètres de Gao.”

Ces organisations de défense des droits de l’Homme détaillent également “l’exécution sommaire de 153 soldats maliens qui avaient été faits prisonniers” à Aguelhok le 24 janvier.

“Ces abus constituent de sérieuses violations au droit humanitaire international, que nous estimons être assimilables à des crimes de guerre et à de possibles crimes contre l’humanité, et qui relèvent dans tous les cas de la Cour pénale internationale”, a déclaré Patrick Baudouin, coordinateur du Groupe d’action légal de la FIDH.

Ce rapport souligne également que “tous ces abus ont été commis durant les quatre mois de conquête du nord du Mali par les forces touaregs alliées du Mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA) et les forces islamistes d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), d’Ansar al-Din et du Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), et dans une moindre mesure par des groupes de vigiles et des soldats de l’armée malienne.”

Après avoir chassé le MNLA de Gao le 27 juin, les groupes islamistes Ansar al-Din et le MUJAO contrôlent désormais l’ensemble du nord du Mali aux côtés de leurs alliés d’al-Qaida.

“Le Mali ne dispose pas des capacités militaires de rétablir la sécurité dans le nord à lui seul, et encore moins la capacité de poursuivre et de juger les auteurs de ces crimes”, selon le président de l’AMDH Moktar Mariko.

A Tombouctou, ville inscrite au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO, Ansar al-Din a détruit sept des seize mausolées de saints musulmans que compte la ville, ainsi que l’entrée sacrée d’une mosquée datant du XVème siècle.

“Dans ces conditions, le Mali doit porter l’affaire devant la Cour pénale internationale, qui a été créée pour traiter de ce genre de situation”, a expliqué Brahima Kone, président de l’Union interafricaine des droits de l’Homme et président honoraire de l’AMDH.

 

Par Bakari Gueye pour Magharebia.com  – 23/07/12

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