Le Président Amadou Toumani Touré sur Rfi: « C’est complètement fou de croire à une transition »

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Le président de la République, Amadou Toumani Touré était hier dimanche 26 février, l’invité de l’émission ‘’Débats africains’’ de Radio France Internationale (Rfi). Au micro de notre confrère, Alain Foka, le président ATT a évoqué les grands sujets brûlants de l’heure : trafic de drogue, rébellion touarègue, Al-Qaïda au Maghreb islamique, future élection présidentielle, coopération sous-régionale…

Répondant à la première question relative à l’avancée des éléments du Mouvement national pour la libération de l’Azawad sur le terrain, le chef de l’Etat a souligné que « la rébellion n’avance pas ». Selon lui, elle bouge beaucoup avec l’idée de faire le maximum de déplacés. ATT a affirmé qu’aucun village n’est pris. Le Mnla fait une guerre de mouvement. La conduite du Mnla, a-t-il souligné, n’a de morale, ni d’éthique. A en croire ATT, les éléments du Mnla sont soutenus par les trafiquants de drogue qui veulent avoir une main mise sur la zone afin de se livrer à des activités illicites de toute sorte.  Le chef de l’Etat en veut pour preuve le nombre de véhicules estimés à 300 ou 350 et un effectif important. « Nous nous battons contre un trafic transfrontière…. Nous arrêtons, emprisonnons…. On ne plante pas de drogue dans le désert… », a-t-il affirmé.

Aux menaces déjà existantes dans cette zone à savoir l’Aqmi, souligne le président ATT, le trafic de drogue, sont venus s’ajouter les effets collatéraux de la crise libyenne. La communauté internationale, analyse le chef de l’Etat, n’a pas tenu compte des effets collatéraux de la crise libyenne. Le Mali n’ayant pas une frontière avec la Libye, les hommes armés ne devraient pas échapper à l’œil satellite des belligérants. Concernant les menaces déjà présentes dans cette partie du Mali, le président ATT s’est inscrit en faux contre tous ceux qui soutiennent que la crise au Nord est liée à un problème de développement. Pour ATT, le problème n’est pas lié à un déficit de développement. Le général président a évoqué l’esprit de solidarité nationale qui permet de prendre en compte les préoccupations spécifiques des régions du nord notamment Kidal. ATT dit ne pas comprendre pourquoi les ambulances et les matériaux destinés à la construction des forages sont volés par ceux qui luttent pour le développement. Aussi, il a évoqué le Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement du Nord Mali (PSPSDN) avec un budget de 36 milliards.

 

ATT : le pouvoir est ingrat !

Parlant des atrocités commis à Aguelhoc, ATT accuse le Mnla et les extrémistes d’Aqmi. ATT s’est dit étonné de l’attitude de la communauté internationale qui continue encore de douter de l’existence de ce massacre. Si c’était l’Etat, a dit ATT, la communauté internationale aurait demandé une commission d’enquête sur ce massacre. « Ce n’est pas à l’Etat qu’il faut demander des comptes », a-t-il souligné en ajoutant que la communauté internationale doit demander des comptes au Mnla. Le général président a déclaré qu’il ne va pas se comporter comme un va-t-en guerre. « Nous ne voulons pas la guerre….. Je ne vais pas me comporter en militaire…. Je vais agir en président de la République…. Je suis le président de tous les Maliens… même des rebelles », a-t-il martelé.

Pour ATT qui a dit être prêt à partir, les élections auront lieu à la date prévue. Et tout  serait mis en œuvre pour. La non-tenue des élections constitue, dit-il, le plus mauvais service qu’on peut rendre à notre pays. A en croire le président ATT, c’est complètement fou de croire à une nouvelle transition. Transition, pour quoi faire ? s’est-il interrogé. Abordant la question d’une éventuelle remise en cause du processus démocratique par certains officiers, ATT s’est voulu rassurant. D’abord, il a estimé que ces officiers doivent aller se battre pour mettre fin à la rébellion car l’Etat leur en a donné tous les moyens. ‘’Je veux une guerre propre et juste’’, a-t-il ajouté. Ensuite, le général à la retraite a relativisé. ATT n’est pas sûr qu’il existe des officiers qui soient prêts à prendre le pouvoir.

S’agissant de la lutte contre le terrorisme, le président estime que la solution est sous-régionale. Après l’Algérie, le Mali, dira ATT. Et le Mali est le pays qui a payé le plus lourd tribut dans la lutte contre les terroristes d’Aqmi. « Ce n’est pas une lutte spectaculaire. », a-t-il souligné.  ATT est conscient de la situation actuelle du pays. Même s’il affirme que le pouvoir est ingrat, il veut transmettre le relais à son successeur le 8 juin dans un pays pacifié.

 Une synthèse de B. Siby

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