« Au Mali il est temps de faire renaître la fibre patriotique », « si en 2013 le Mali prenait – après le coup d’Etat de 2012 – le train pour cheminer vers la sortie de crise cette fois il n’est même arrivé à la gare », « Le Mali est notre plus grande inquiétude », «Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir au Mali parce qu’ils ont des déboires sur le front … qui va faire la guerre à leur place ? Ce ne sont pas des choses acceptables », et tutti quanti. Ces propos, s’ils venaient de Maliens pur-sang nous les goberont sans saignement de cœur. Hélas !, ils viennent d’observateurs et d’hommes d’Etat de pays voisins. La réponse malienne à ces commentaires, dédaigneux au superlatif absolu, c’est des tiraillements socio-politiques à nuls autres pareils, une tentative d’assassinat du chef d’Etat, des préavis de grève à ne point finir sur la table d’un gouvernement qui chancèle entre détermination et irrésolution. Fallait-il attendre que le Mali soit agonisant et plus bas que terre, comme l’affirmait feu Seydou Badian Kouyaté, pour embraser le peu qu’il en reste avec des revendications certes légitimes et justifiées mais qui – il faut l’avouer – exacerbe notre longue descente aux enfers ? Certes la gestion des pouvoirs publics a toujours été jalonnée d’injustices et d’inégalités que toute personne dotée d’une once de conscience ne saura nier, mais nous avons également la responsabilité morale de ne pas passer outre l’évidence de la situation chaotique et humiliante que traverse notre mère patrie. Avec 85% du territoire national qui échappe au contrôle d’un Etat tout simplement failli, toute revendication syndicale qui n’entend pas s’assagir – ne serait-ce que le temps d’une esquisse de sortie de crise – doit savoir se mettre dans une logique de raison gardée. Dans l’histoire des nations aucune d’entre elles ne peut prétendre être à l’abri de ce qui frappe aujourd’hui la nôtre de plein fouet, même si cependant la gestion de la crise en dit long sur le degré de patriotisme qui anime les fils de cette nation. A cet effet la classe politique, qui est le timonier du bateau Mali, devrait être porteuse d’espoir en appuyant sur le tocsin du rassemblement national et en mettant chaque Malien face à son devoir et responsabilité pour stopper l’hémorragie et non être instigatrice des troubles et autres clivages. Quant au pied d’Achille et le rempart du Mali, qui n’est autre que l’armée nationale, elle n’est pas sans savoir qu’elle polarise particulièrement l’attention nationale et internationale, des errements de sa part et la vindicte publique suivra. Par ailleurs, les déboires actuels du Mali résultent d’un mélange d’ingérence interne et de machination extérieure, la mauvaise ou non-gouvernance, la défaillance du système sécuritaire, l’effritement du tissu social, etc., le tout alimenté par des comportements insondables et blâmables de certains des plus grands leaders religieux idolâtres du pays. En somme, le Mali doucement mais surement s’achemine vers le trépas. Il s’impose en définitive un retour aux valeurs ancestrales, sources de fierté nationale et qu’on a de cesse de piétiner par des agissements qui n’ont rien de malien.
Ousmane Tiemoko Diakité