Le G5 Sahel astreint à se rendre à Pau ce 16 décembre : Diktat, compromission et recolonisation, Les 5 présidents courberont-ils l’échine devant Macron ?

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A la demande, j’allais dire, sur convocation du Chef de l’Etat français, actuel « Dieu vivant » des colonies, les présidents de Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, pays qu’on a pris l’habitude d’appeler par la dénomination G5 Sahel, ont reçu l’ordre intime d’atterrir dare-dare à Pau au plus tard ce 16 décembre 2019, pour affaires les concernant. A l’ordre du jour principalement, la sécurité transfrontalière sur la bande sahélo- saharienne, devenue un nid pour terroristes, djihadistes, narcotrafiquants et autres bandits de grand chemin. Macron veut une demande écrite par pays pour l’engagement effectif de BARKHANE dans les combats. Décidément, quand on tousse dans le Sahel, l’Europe s’enrhume, aussitôt. Mais les présidents invités au forceps – une menace voilée – sont sur le qui – vive car le nouvel « Empereur » français a « droit de mort » sur eux.

 

Aujourd’hui, l’insécurité au Sahel, une entité géographique plus vaste que l’Union européenne, est un relais puissant vers une instabilité du Vieux continent. Dans la charte de commandement d’Emmanuel Macron, actuel président français, il semble que ces Africains doivent clarifier leur position par rapport à la lutte anti-terroriste en officialisant leur soutien à la force BARKHANE parce que 13 Français – un véritable cas de mémoire – viennent de trouver la mort dans une collision d’hélicoptères. Macron doit savoir que le G5 Sahel Land est une trappe, un bourbier, une boucherie humaine, un peloton d’exécution où la moindre erreur se paye cash et que le pusillanime ne survit pas longtemps. Donc, il faut éviter de chercher des poux dans la tête de nos présidents. Une âme humaine en vaut une autre de par la création divine. Qui n’a pas entendu certaines personnes ricaner à pleines dents quand, en deux mois, plus de 200 FAMA ont trouvé la mort dans l’enfer du Sahel, mais aussi une centaine de burkinabés, et des dizaines de Nigériens ? Dans le désert malien, il y a des Afghans, Pakistanais, Irakiens, Yéménites, libyens, Algériens, Egyptiens…, nés dans la guerre, et très aguerris dans les combats de cet acabit. Cette force multinationale s’est fixée des objectifs : elle est dure sur l’homme, sans pitié pour l’âme humaine, sans distinction ethnique ou raciale. Non ! Macron, nos militaires ne farcent pas, ils sont braves car descendants des dignes héritiers des Tiéba et Ba Bemba Traoré, de Soundiata Kéita, des Askia Mohamed et Daoud, des Biton Coulibaly et autres Da Monzon Diarra, j’en passe…Ce n’est pas rien si la France a perdu 41 soldats. Mais, les Maliens sont incapables de se battre en raison d’une guerre asymétrique, doublée d’une politique de deux poids deux mesures, avec comme point d’orgue l’interdiction, à eux, de rentrer dans les localités de leurs ancêtres…

La rencontre du 16 décembre 2019

Le président français doit savoir que chaque Malien a perdu un ami, un frère, un parent, une connaissance ou tout court un concitoyen dans ce qui semble être l’enfer du Nord. Donc, on ne peut pas être dans cette prédisposition et vivre des exécutions dignes des camps de concentration nazis et dormir sur ses lauriers. Les Maliens ont l’impression de se battre contre des forces impérialistes venues d’ailleurs et non des terroristes, comme en témoigne la bataille de Kidal où des corps sans vie des militaires identifiés comme des Français ont été retrouvés disséminés sur les théâtres d’opérations militaires. Si Français et Maliens combattaient, ensemble, sur la même ligne de défense, on aurait applaudi, à Bamako ici, pour la force BARKHANE. Et c’est ça l’erreur militaro-tactique et stratégique de la puissance colonisatrice. A Pau là-bas, il ne s’agit pas avec une arme d’estoc d’obtenir un accord ou un aveu synonyme de compromission comme le faisait Napoléon 1er qui, après le 18 Brumaire 9-10 novembre 1799 met en place une constitution autoritaire, impose la paix à l’Autriche en 1801 qui rend à la France la maîtrise de l’Italie et de la rive gauche du Rhin avant d’exécuter le Duc d’Enghien et de se proclamer Empereur en institutionnalisant la monarchie héréditaire. Il réduit la Prusse à la moitié de son territoire, ampute l’Autriche, se taille des Etats vassaux, ordonne le blocus de l’Angleterre. C’est Macron ce modèle, un dictateur en devenir !

Mais IBK et les autres présidents ne sont pas pusillanimes, mais plutôt stoïques, sublimes et intrépides. Ils n’accepteront pas la politique de bâillonnement, de musellement et de bouche bée, mains liées, pour la gestion géo – stratégique du Nord du Mali et par-delà de l’espace G5 Sahel car c’est sur leur fermeté qu’ils ont eu la confiance de leur peuple. Cette fermeté n’a jamais faibli, mais le pouvoir a des impératifs que souvent la raison ignore. Ces présidents n’ont rien perdu de leur pugnacité, rugosité, adversité dans l’exhibition des muscles. Tous sont engagés à corps perdu dans un combat qui est le sien et leur dignité leur interdit le recul.

Vu sous cet angle, Mère France ne doit pas mener seule la bataille du Sahel. Et contrairement à ce que certains insinuent dans l’Hexagone, la métropole doit venir en aide aux forces du G5 Sahel, c’est-à-dire les épauler et non mener délibérément le combat sans possibilité pour les autres forces d’approcher BARKHANE. Aujourd’hui, la France doit faire le mea culpa de son engagement au Mali. Il y a eu trop d’erreurs stratégiques. Car si la puissance colonisatrice échoue dans sa lutte anti-terroriste, et si un Khalifa est instauré dans le sahel, toute l’Europe sera sous menace djihadiste. C’est sur la notion de sécurité globale que la rencontre du 16 décembre prochain doit se pencher et non tenter de sermonner ses homologues parce que lui Macron est en position de force en tant que colonisateur. Et surtout croire que les 5 présidents ont tout un peuple derrière eux.

Le Mali trahi ?                                    

Le Mali a un tissu économique actuellement en déliquescence avec la mise en route des politiques du Fonds Monétaire International (FMI) et de Banque Mondiale (BM). Conséquences : il n’y a plus d’économie, l’Etat est partout en difficulté, les services n’existent pas ou sont acéphales au nord. Bref, les finances sont en agonie. Et que dire de l’aide française au développement (AFD) ? Une goutte d’eau dans l’océan. L’Arabie Saoudite et le Qatar s’incrustent par des boulevards royaux béats, en venant en appoint à travers les centres de santé, les forages, et par extension, financent les barbus locaux, bras financiers des djihadistes. Donc sans une économie malienne rééquilibrée, une Algérie stable, une Libye retrouvée, toute autre tentative serait énigmatique et suicidaire. C’est sur le socle de la pauvreté que « le futur Etat Khalifa » est en train de prendre forme. Osons dire la vérité, la stratégie géopolitique française à propos du Nord Mali, relais vers le G5 Sahel, est défaillante et mal réfléchie. Cette stratégie marche sur sa tête, il va falloir la remettre sur ses jambes. Autrement dit, la France doit revenir sur ses erreurs. Emmanuel Macron le sait bien.

Quelle solution ?

Il faut aujourd’hui une force multidimensionnelle qui passe par une aide européenne pour sécuriser le Vieux continent avec comme ligne dure la stabilité du Sahel. Pour cela, il faut mettre à niveau les forces armées du G5 Sahel, faciliter leur montée en puissance et leur opérationnalisation. Mieux, il faut permettre, pour le cas du Mali, une totale gouvernance sur l’intégrité du territoire national. Tant qu’on n’aura pas une force capable de déstabiliser l’ennemi, la présence des forces étrangères au nord ressemblera à une ambulance. Sur ce chapitre, il faut coordonner les forces en synchronisant les combats. En réalité, la force BARKHANE a démissionné. Elle ne lutte plus sur le terrain. La preuve est qu’aujourd’hui, la situation semble plus pâle et compromise qu’en début de la guerre en 2013 quand un certain François Hollande envoyait l’opération SERVAL sur nos terres. La guerre longue durée ne fait que commencer. Des destins aussi brisés…

Issiaka Sidibé

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Le président Burkinabé a cru que la rencontre se tenait à Pô (Burkina). C’est pourquoi il s’est empressé de dire qu’il ira à la rencontre. Il ne sait pas encore qu’il s’agit de Pau (en France)

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