Le Comité Inter-Etat de lutte contre la sécheresse dans le sahel (CILSS) prévient sur des risques de conflits liés aux problèmes de mobilité pastorale dans de nombreux pays africains. Une situation elle-même tributaire des restrictions de mobilité en période de coronavirus.
« Le contexte sécuritaire continue d’exacerber les difficultés rencontrées par les populations pastorales », indique le CILSS dans sa « Note d’information et de veille : Impact de la crise du COVID-19 sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest » de juillet 2020. Selon ce Comité, les mesures adoptées dans le cadre de la lutte contre la pandémie de covid-19 a eu des impacts réels sur la mobilité des troupeaux dans plusieurs pays de son espace, dont les pays du sahel. Ces restrictions de mouvement ont rendu « difficile le retour des troupeaux transhumants vers les pays d’origine », précise cette note.
La crainte exprimée par le CILSS à ce sujet est le fait que cette situation vient se greffer à une crise sécuritaire dont ces pays étaient déjà confrontés. Une situation qui avait d’ailleurs porté son empreinte sur la mobilité pastorale dans ces régions.
En plus de ce problème de mobilité pastorale se pose également celui de la « disponibilité de la biomasse fourragère » qui demeure limitée dans certains pays comme le Niger, le Tchad voire le Nigeria, explique-t-on. Cette indisponibilité n’est pas sans conséquence, puisqu’elle entraîne une exacerbation des pressions pastorales sur les quelques zones où la biomasse fourragère est assez disponible. Ce qui entraîne par la suite des déficits. Selon le CILSS, cette forte concentration animale dans de nombreuses zones frontalières s’explique par le fait que la levée des restrictions de mouvement ne concerne pas encore les frontières terrestres.
Le CILSS ne se contente pas de brosser le tableau noir de la situation pastorale, il fournit également des propositions afin d’apporter des changements à ce phénomène. Malgré une amélioration progressive de la situation avec la venue de la saison pluvieuse, il convient de créer des conditions optimales pour faciliter la mobilité des troupeaux non seulement à l’intérieur des États, mais également au niveau transfrontalier. « Cela devrait favoriser un accès aux pâturages, mais atténuer les risques de tension entre agriculteurs et éleveurs », explique-t-on avant de faire comprendre que ces conflits sont déjà « palpables dans certaines régions ».
Notons que dans de nombreux pays du sahel, des conflits ont éclaté, ces dernières années, entre les éleveurs et les agriculteurs autour de la gestion des espaces. Le cas du Mali, notamment dans la région de Mopti, en est un cas précis du genre.
Fousseni Togola