L’un des éléments catalyseurs qui a permis au Gouvernement de transition de réussir sa mission a sans doute été sa volonté clairement affichée, dès le départ, de privilégier la voie du dialogue pour la résolution de la crise du Nord. Dialogue avec les groupes rebelles ne remettant en cause l’intégrité du territoire national et le caractère laïc de la République du Mali. Retour sur le discours d’investiture du président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, pour étayer cela : “Je suis le président d’un pays qui aime la paix et qui appelle tous nos frères et sœurs des mouvements rebelles à revenir sous l’arbre à palabre, à rentrer dans les rangs et à renforcer cette nation au lieu de la diviser…
Le Mali démocratique ne peut être sourde aux griefs de ses citoyens. Pourvu qu’ils soient connus et exprimés, non par la violence dont personne ne peut prévoir les conséquences, mais par le dialogue qui est un trait fondamental de nos cultures, de toutes nos cultures. Mon vœu est que cet appel soit entendu et qu’il soit donné suite par le Mouvement National de Libération de l’Azawad et Ançardine… De Tinzawaten à Diboli, le Mali restera un et indivisible, de Zégoua à Anderabakane, ce sera le même drapeau, le même hymne, les mêmes joies, les mêmes peines, le même Mali. Les cultures et les groupes sont divers certes, mais par un processus revitalisé de décentralisation qui accélère la dévolution du pouvoir aux citoyens nous pouvons régler toutes les questions qui nous opposent aujourd’hui”.
A la lumière de ce passage du discours d’investiture du Président Dioncounda, les autorités de transition n’ont jamais exclu le dialogue comme moyen de gestion du problème du Nord. D’ailleurs, certaines rencontres se sont régulièrement tenues entre les autorités de transition et le Mnla bien avant le début de la traque des terroristes.
Cette guerre contre le terrorisme finie, les mêmes rebelles du Mnla envahissaient de nouveau la région de Kidal dans des conditions qui ont suscité beaucoup de débats au sein de l’opinion. En effet, la réoccupation de la ville de Kidal par les combattants du Mnla, alors que troupes françaises et tchadiennes y étaient déjà, n’a pas été comprise par les Maliens dans leur grande majorité. C’est que dès le départ, le Mnla n’a jamais été considéré comme “ennemi” à combattre dans le plan d’action stratégique africain de libération du Mali et ce, conformément aux résolutions 2071 et 2085 de l’Onu, privilégiant le dialogue politique avec les groupes armés qui ne remettent pas en cause l’intégrité territoriale et la laïcité de la République du Mali.
Il aura donc fallu une plus grande sagesse aux autorités de la transition pour ne pas se tromper de combat. Quoiqu’on fasse, la crise du Nord ne saurait être réglée sans le dialogue entre les fils du Mali. C’est donc en capitaine du bateau Mali conscient de la nécessité de la paix pour le développement du pays que le Président Dioncounda Traoré est allé à la rencontre des donateurs d’Addis-Abeba, le 15 mai dernier, pour leur dire que “le Mali va négocier avec le Mnla”.
Si le jour de son investiture le président Dioncounda Traré avait appelé le Mnla et Ançardine au dialogue, le 15 mai 2013 il a déclaré que ce dernier (Ançardine s’entend) est “disqualifié” pour le dialogue. C’est que Ançardine d’Iyad Ag Agaly n’a pas attendu longtemps pour s’allier aux groupes terroristes comme Aqmi, Mujao, Boko-Haram… Et le même Ançardine fut l’élément moteur du complot terroriste contre le Sud du Mali, avec l’attaque de la position avancée de l’Armée malienne à Konna, le 10 janvier 2013.
Aussitôt la libération du Mali achevée, le Président Dioncounda Traoré a posé les premiers jalons du cadre de la négociation, avec la création de la commission dialogue et Réconciliation. Un précieux trésor entre les mains du nouveau Président de la République élu, celui-là même qui a la légitimité requise pour entamer les vraies négociations avec le Mnla et Hcua, comme prévu par l’Accord de Ouagadougou entre l’Etat du Mali et ces groupes rebelles cités.
Parlant de l’Accord de Ouagadougou, c’est le 7 juin 2013 que le Président Dioncounda a envoyé son conseiller spécial Tiébilé Dramé à Ouagadougu, en vue de parvenir à un accord permettant le retour de l’Armée malienne à Kidal et l’organisation des élections, avec le retour de l’Administration. Ces pourparlers de Ouagadougou ont été possibles grâce aux concours de la France, de la Minusma (mission onusienne des Casques Bleus), des partenaires de la M/SMA (Mission africaine de la Cedeao) et de l’Onu.
Durant 10 jours, les points ont achoppé, mais les deux parties parvinrent enfin, le 18 juin 2013, et après une réunion de dernière minute à Bamako, à un accord préliminaire à Ouagadougou. Par cet accord, les autorités de la transition réussirent à faire d’une pierre, deux coups : l’organisation des élections transparentes et crédibles, et la mise à disposition aux nouvelles autorités légitimes issues de ces élections d’un “paravent inestimable” pour la gestion définitive de la crise du nord.
La nation malienne, comme souligné par Dioncounda Traoré lors de sa rencontre d’adieu avec les Ministres et le Premier ministre, saura se rappeler de la mission des autorités de la transition.
La Rédaction