AYOROU – La ville d’Ansongo, dans le nord-est du Mali, attend fébrilement ses “libérateurs”, raconte un enseignant qui vient de se réfugier au Niger voisin. La prise aux jihadistes de Gao, à moins de 100 km, par les soldats français et maliens, ne fait que renforcer cet “espoir”.
“Tout ce que nous attendons, c’est que nos libérateurs entrent dans Ansongo afin que nous puissions les célébrer, les acclamer. Ce jour sera un grand jour pour nous”, déclarait dimanche à l’AFP Djibrilla Bonkaney Maïga, ancien maire de la commune de Boura, dépendant d’Ansongo, à 80 km au sud de Gao.
Boubou vert et turban blanc, l’enseignant et ex-élu a rejoint le jeudi 24 janvier Ayorou, localité nigérienne proche de la frontière, à 135 km au sud d’Ansongo, après les frappes françaises sur cette ville tenue par les jihadistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes islamistes du nord du Mali.
“Il y a eu sept frappes de l’aviation française sur Ansongo mercredi dernier. Dès que j’ai vu des avions voler au-dessus de nous la veille, j’ai imaginé ce qui allait se passer. J’ai dit +que Dieu aide les pilotes français à atteindre leurs cibles+”, relate ce sexagénaire à la petite barbe blanche.
“Quand les frappes ont commencé dans la nuit, mes enfants se sont mis à se cacher sous les lits et partout où ils pouvaient s’abriter”, se souvient-il, assis parmi quelques notables maliens à Ayorou, à 3 km d’un immense camp de réfugiés maliens géré par l’ONU depuis l’an dernier.
“Tôt le lendemain matin, j’ai vu à terre les locaux de la douane et de nombreux édifices publics abritant les éléments islamistes du Mujao et leur matériel. Tous ont été détruits par les raids français, les dégâts étaient très importants”.
Hébergé par une famille à Ayorou, Djibrilla compte y faire venir ses proches en attendant un retour à la normale à Ansongo.
“Panique” chez les jihadistes
La prise de Gao, la grande ville du Nord malien (1.200 km au nord-est de Bamako), samedi par les armées française et malienne, où se déploient des soldats nigériens et tchadiens de la force africaine, lui laisse espérer de bientôt revenir chez lui “goûter aux délices de la vie”.
“Les frappes de Gao et la libération de cette ville suscitent notre espoir de nous voir purgés de ces terroristes”, insiste-t-il. “Quand j’ai vu à la télévision le maire de Gao descendre de l’avion, en provenance de Bamako où il s’était réfugié, pour occuper son poste, j’ai eu un grand +ouf+ de soulagement”.
Avant même son départ vers le Niger, l’enseignant avait senti le climat changer à Ansongo après les frappes. “On sent la panique dans les rangs des combattants du Mujao”, “on les voit réparer leurs véhicules, charger leurs camions de vivres et quitter la ville”. “Seuls quelques éléments armés sont visibles, mais très discrets”.
Toutefois chez les habitants “la peur se lit encore sur les visages, car nous sommes certains que de nombreux islamistes se cachent encore dans les maisons, et sont peut-être même prêts à utiliser les civils commes boucliers humains en cas d’attaques”.
La fuite du Mujao, ce serait pour lui la fin de “l’enfer” imposé ces derniers mois par les jihadistes au nom d’une vision ultra-rigoriste de la charia (loi islamique).
“Les populations ont subi toutes les sortes d’humiliations imaginables: des filles violées, des femmes battues pour n’avoir pas porté le voile, des mains de voleurs présumés coupées”, se lamente l’ancien édile.
“La vie s’est arrêtée”, soupire-t-il, déplorant aussi la récente “flambée des prix occasionnée par des pénuries de vivres et la malnutrition chez nos enfants”.
Tandis que des réfugiées maliennes préparent un repas dans la bonne humeur, il se rassure cependant, sous l’abri de fortune qui le protège du soleil: “l’heure de la liberté pour le nord du Mali n’est pas tout à fait lointaine”.
Lundi matin, selon une source sécuritaire locale, des troupes nigériennes et maliennes stationnées au Niger sont arrivées à Ayorou, l’un des points de passage des soldats africains pour le Mali depuis ce week-end.
Mon cousin a été fidèle. Il fait partie des intellectuels restés au près des communautés. Le reporter le présente trop vieux. Peut-être c’est dû à la souffrance morale et alimentaire.
Mais aux terroristes je rappelle que Dieu est pourtant là qu’ils se mettent à l’oublier au lieu de résister en son nom.
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