L’ombre de l’épervier du Mandé plane sur le mandé :rnUn réseau transfrontalier démantelé jusqu’à Kouremalé en Guinée

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La vieille maman était désespérée. Elle l’était autant que tous les habitants de cette partie du quartier Sénou, situer à un peu moins d’une dizaine de kilomètres du centre-ville. Ils étaient constamment victimes de vols de leurs téléphones et motos et même d’un groupe électrogène. La vieille était parvenue à la conclusion selon laquelle, seul  le « polici-kè » surnommé l’Epervier du Mandé était en mesure de les délivrer du mal. Mais le destin et l’âge l’avaient diminuée. Elle n’avait plus ses jambes de 20 ans. Elle envoya donc un émissaire au Commissariat de police du 3ème Arrondissement afin de supplier le chef de cette Brigade de Recherches de lui rendre visite. L’appelé accepta. Là commence  l’histoire.…

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Les habitants de ce quartier voulaient assouvir deux envies : celle de « voir de leurs yeux » le super flic dont la réputation a déjà dépassé les limites de la capitale et lui demander ensuite de les délivrer des voleurs qui les rendaient constamment visite depuis maintenant plusieurs mois. Ces voleurs étaient audacieux et bigrement organisés. Ils utilisaient le gaz soporifique sur leurs victimes déjà endormies, brisaient les cadenas et les serrures de la porte à l’aide de cisailles, dévalisaient la maison et disparaissaient ensuite sans laisser de traces. Leurs victimes constataient les dégâts le lendemain après être délivrés des effets du gaz paralysant…

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Un style méthodique et imparable

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La plainte fut donc enregistrée le samedi 03 novembre dernier contre X. Il existait une chance, mince soit-elle, de mettre la main sur les auteurs de ces vols multiples : les téléphones volés !  La méthode de l’Epervier du Mandé est simple mais imparable.

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Il fit adresser une réquisition à personne qualifiée aux sociétés de téléphonie de la place lesquelles répondirent favorablement. Il s’agissait de savoir qui utilisait en ce moment et les puces et les téléphones volés. La ou du moins, les réponses tombèrent. L’Inspecteur principal reçu une longue, très longue fiche des opérations effectuées distinctement par les objets, puces et téléphones. Là commença une véritable acrobatie cérébrale. Avec une précision presque chirurgicale, un des utilisateurs d’un téléphone fut virtuellement identifié. Virtuellement, parce qu’il s’agissait seulement de son numéro d’appel. Il se trouve que tous les délinquants ayant une seule fois séjourné dans ce commissariat sont systématiquement fichés, mais pas de la même manière que dans les autres structures de même nature. Leurs contacts (téléphoniques et adresses complètes) et photos sont enregistrés dans un fichier électronique et classés selon les cas, les ressemblances et les méthodes utilisées par les voyous. Un voleur à la tire et ses complices du Rail-da, par exemple, peuvent être immédiatement  identifiés et localisés à un moment précis. Idem pour un escroc, un violeur etc.

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3ème jour d’enquête, un premier suspect arrêté : Mossi Amadou

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C’est ainsi qu’un premier voleur fut identifié et arrêté en possession d’un des appareils volés. Il répondait au nom de Amadou Traoré, plus connu sous le nom de Mossi Amadou, un burkinabé qui, hélas avait les pièces d’identité malienne en sa possession. Il avoua son crime.

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En compagnie d’un complice, ils ont plusieurs fois opéré à Sénou, Niamakoro et dans le quartier « Golfe ». La reconstitution des faits à Sénou donna lieu à un véritable événement. « Ne vous avais-je pas dit, lançait régulièrement la vieille maman ! Seul ce polici-kè était en mesure de réussir ce coup ! ». Il faudra reconnaître que les faits lui ont donné raison.

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L’enquête se poursuivit cependant. Le premier suspect, Mossi Amadou disait avoir perdu les traces de son complice qu’il n’avait pas revu depuis maintenant plusieurs semaines. Naturellement, il chargea ce dernier qui restait jusque là introuvable.

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Avec la même patience, les policiers poursuivirent les investigations. Ils ignoraient en ce moment qu’ils se trouvaient sur la trace d’un réseau transfrontalier. Mais ils avaient la baraka avec eux.

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4ème jour : 2ème suspect interpellé,  la piste de Kourémalé ouverte

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Avec la patience et la même perspicacité, l’Epervier du Mandé se rendit compte que l’utilisateur d’un second  téléphone volé se trouvait en ce moment, tenez-vous bien, à Kourémalé, partie guinéenne. Les choses se compliquaient. Sans fausse publicité, il faudra retenir que le réseau téléphonique Orange fonctionne parfaitement entre la Guinée et le Mali. Bien que doté d’ailes d’envergure, l’Epervier n’avait pas vocation à survoler ce territoire voisin. Que faire maintenant ?

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Le voleur avait appelé un ami qui était déjà fiché et sa photo se trouvait dans les archives de la police. Ce dernier s’était quelque peu repenti mais accepta de collaborer. Il les communiqua l’adresse d’un receleur résidant au quartier Tièbani. Une descente sur les lieux permit de cueillir le suspect en flagrant délit. Il  répond au nom de Salif Traoré. Son activité lui a permis de se constituer une véritable fortune. Interrogé, il avoua tout.

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 Il était entrain justement de démonter deux motos marque Jakarta afin de les rendre méconnaissables pour les revendre ensuite en Guinée où se trouvait son correspondant du nom de Badra Aliou Thiam. Et çà y est ! La piste de Kouremalé était la bonne.

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5ème Jour : sur la ligne frontalière Mali – Guinée

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Sur instruction des policiers, on fit appeler  l’homme de Kouremalé pour lui proposer un « petit marché », téléphones et motos à écouler. Parfait ! Il donna son accord. Illico presto, une équipe de la Brigade de Recherches prit la direction de Kourémalé à environ 150 km de Bamako, naturellement, aux frais de l’Epervier du Mandé. Nous sommes samedi 10 novembre à 6 heures du matin.

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Le délinquant est du genre malin. Il resta à Kourémalé côté Guinéen et invita les maliens à le rejoindre sur place. Les policiers savaient parfaitement à quoi ils s’exposaient en franchissant la zone tampon. Il fallait donc le faire venir…, au Mali. Ils parvinrent à le convaincre, non sans mal, à les rejoindre. Ce qu’il fit. Il s’arrêta quelques instants au niveau de la zone tampon et s’abstint de franchir la fameuse ligne. Un des policiers sortit alors son téléphone de dernière génération pour l’appâter et hop ! Il se rua sur l’appareil et du coup, se trouva sous la législation malienne avec ses conséquences. Il fut immédiatement maîtrisé et embarqué jusqu’à Bamako, au commissariat de police du 3ème Arrondissement. Il est 16 h.

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Le bilan de 5 jours d’enquête

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Le suspect Aliou Badra Thiam est un véritable intello. Il serait juriste de formation en Guinée d’où il est originaire. Sur des  documents en sa possession, on retrouva la liste des opérations et des commandes (des fruits de vols) à effectuer côtés malien et guinéen. Les objets, surtout téléphones et motos, volés en Guinée étaient écoulés sur le marché malien et ceux du Mali étaient destinés à la Guinée. Toutes ses activités étaient notifiées dans un document qu’il gardait sur lui. Lui aussi, avoua les faits qui lui sont reprochés. Sur lui, on retrouva huit téléphones de provenance douteuse.

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En définitive, toute l’opération qui a consisté au démantèlement de ce réseau transfrontalier, a duré cinq jours, coûté 75.000 F CFA aux frais de l’Epervier, et permit de récupérer 8 téléphones portables  et 2 motos Jakarta. Qui dit mieux ?

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B.S. DIARRA

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