L'ex-chef de la diplomatie française dit regretter le manque de soutien européen, et souligne les conséquences au Mali de la guerre en Libye.
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Bernard Kouchner[/caption]
Bernard Kouchner estime que la situation au Mali est "l'affaire de tous" et regrette le manque de soutien européen aux opérations engagées par la
France pour repousser les groupes islamistes armés, dans une interview au
Parisien-dimanche. "C'est à désespérer tous ceux qui, comme moi, croient encore à l'
Europe", déclare l'ancien ministre des Affaires étrangères, en espérant notamment à propos de l'Allemagne "que Berlin n'assimile pas cette nécessaire réaction française à une expédition coloniale". "Le Mali, c'est l'affaire de tous ! Ce combat commun, c'est le combat de l'Europe", dit-il.
Bernard Kouchner a par ailleurs été "agréablement surpris" par la rapidité avec laquelle le président François Hollande a décidé de réagir pour bloquer l'avancée des islamistes. "Il ne faut pas le mésestimer. Lui qui n'était pas réputé pour connaître le monde international, là il l'apprend. Très vite", poursuit-il.
"Il aurait fallu rester plus longtemps" en Libye
Selon l'ancien chef de la diplomatie (2007-2010), la France ne doit "rien faire" au Mali sans les pays africains, dont plusieurs "sont en train d'envoyer des troupes". "La France n'est pas en guerre contre l'islam, mais contre l'extrémisme", souligne-t-il. "Les Touareg, dans leur majorité, ne sont pas des extrémistes musulmans. S'assurer de l'accord d'un certain nombre des mouvements touareg, c'est une clé de cette guerre", note-t-il.
Il a pointé du doigt les conséquences sur le Mali de la guerre en Libye, estimant qu'"il aurait fallu rester un peu plus longtemps pour s'assurer que les arsenaux seraient détruits, que les pays voisins contrôleraient les frontières et tenteraient d'arrêter les bandes surarmées qui passent...". "Rien de tout cela n'a été fait", a-t-il déploré, ajoutant : "L'ingérence, cela se prépare." Par ailleurs, l'ancien ministre, à qui l'on demandait s'il pourrait "jouer un rôle" dans ce contexte d'intervention au Mali, a répondu : "Si on me le demandait, oui certainement."
Interrogé sur la prise d'otages en Algérie, il a déclaré que "la lutte contre le terrorisme est une lutte à mort". Les méthodes des Algériens "ne sont pas, certes, celles qu'un militant des droits de l'homme défendrait. Mais je voudrais aussi rappeler toute la barbarie du terrorisme", a-t-il soutenu.