Kidal, ville (presque) ouverte

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Dans les rues de Kidal, en juillet 2013. AFP/KENZO TRIBOUILLARD
Dans les rues de Kidal, en juillet 2013.
AFP/KENZO TRIBOUILLARD

Le rapt et l’assassinat de deux journalistes de RFI, le 2 novembre, révèle l’insécurité grandissante à Kidal malgré la présence d’une importante force militaire française, malienne et onusienne (Minusma). La conséquence d’un accord de Ouagadougou signé à la hâte ?

 

 

Depuis le déclenchement de l’opération Serval qui a chassé les jihadistes liés à Al-Qaïda du nord du Mali au début de l’année, Kidal a été secouée par au moins trois attentats kamikaze ou à la voiture piégée entre février et juin, causant la mort de plusieurs civils et d’au moins trois soldats tchadiens. Des attentats qui ont, pour la plupart, été revendiqués par le Mujao. Les enquêtes menées n’ont permis de faire aucune arrestation. Une impunité qui a pu favoriser la tentation d’un rapt d’Occidentaux dans l’enceinte de la ville, comme celui qui a été fatal aux envoyés spéciaux de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre.

 

 

Autre élément, encore plus déterminant pour inciter des terroristes à passer à l’acte : la facilité de circuler et de se procurer des armes. “Les entrées de Kidal sont loin d’être toutes contrôlées par les soldats de la Minusma qui n’a installé que cinq barrages autour de la ville. On peut les contourner par l’Oued, entre les check-points de Tin-Essako et Ménaka. Il y a aussi un passage entre ceux de Tessalit et d’Abeibara”, précise un élu local. Et contrairement aux autres villes du nord du Mali, Kidal est la seule à ne pas avoir été fouillée maison par maison dans le but de collecter les armes appartenant à des groupes armés ou à des particuliers. “À peu près n’importe qui peut entrer en profitant de ses relations de famille avec un membre du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ou du Haut Conseil de l’Unité de l’Azawad (HCUA), puis s’armer à l’intérieur de la ville”, confirme une source sécuritaire malienne dans la ville de Kidal.

 

 

Manque d’expérience

En outre, ceux qui doivent assurer la sécurité de la ville ne sont pas forcément bien préparés. Après les accords de Ouagadougou, le 18 juin dernier, entre les rebelles touaregs et le gouvernement malien, la sécurité de la région de Kidal (260 000 km²) a été confiée aux contingents sénégalais, togolais, béninois et guinéen de la Minusma. Au nombre de 550 Casques bleus, dont 114 policiers, la force onusienne est confrontée à de nombreux problèmes, au premier rang desquels la faiblesse des moyens et le manque d’expérience de ses soldats, qui viennent de pays non sahéliens ou peu impliqués dans la lutte contre le terrorisme.

 

 

Liés par les accords de Ouagadougou, quelque 200 soldats maliens sont quant à eux à l’intérieur du camp militaire de la ville et n’ont pas le droit de patrouiller dans les rues pour ne pas créer des tensions avec les populations touarègues. Parallèlement, les combattants du MNLA et le HCUA sont censés avoir déposer les armes dans les sites des cantonnements prévus à l’intérieur de Kidal. Conséquence : ceux qui connaissent parfaitement le terrain et ceux qui sont censés avoir l’autorité de l’État sont mis à l’écart de la sécurisation de la ville.

 

 

Dernier élément qui peut expliquer la dangerosité de Kidal : comme sur les autres théâtres d’opérations (du Mali ou en Afghanistan), les forces françaises sont basées dans un camp militaire à l’extérieur de la ville. Serval mène rarement des patrouilles dans Kidal et s’occupe essentiellement de la surveillance aérienne ou encore de l’appui aux forces de la Minusma ou à celles de l’armée malienne en cas de besoin. Mais depuis le meurtre des deux journaliste de RFI, “instruction a été donné que 150 militaires partent du sud du Mali pour se rendre à Kidal, ce qui a été fait hier soir”, a déclaré, le 4 novembre, le ministre français des affaires étrangère, Laurent Fabius.

05/11/2013 à 18:02 Par Baba Ahmed

Source: Jeuneafrique.com

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3 COMMENTAIRES

  1. tant que Bourkina reste médiateur ,le problème restera infini.
    Médié pour l’intégrité nationnale possible?
    Vive le mali un et indivisible.

  2. Dieu est vérité!!!!!!!

    « Le Mali tout seul ne peut pas. Je demande une conférence internationale pour éradiquer le terrorisme et le narcotrafique dans le sahel depuis 2006 et personne ne m’a écouté. Et si on me demande même à l’union européenne, je dirai la même chose, la drogue ne se cultive pas et ne se consomme pas au Mali. Ça vient d’ailleurs et pour ailleurs. Le nord du Mali est l’Est d’un pays et sud puis ouest de plusieurs pays, alors je refuse qu’on fasse porter seulement la responsabilité sécuritaire de la zone sur le Mali.».

    AMADOU TOUMANI TOURE ( Avril 2007)

    LUI ETAIT-IL PLUS VISIONNAIRE QUE TOUT CET AEROPAGE DES DECIDEURS DU MONDE EN CONCLAVE PRESENTEMENT A BAMAKO POUR LA MISE EN PLACE D’UNE PLATEFORME DE SECURITE DANS LE SAHEL. EN TOUT CAS IBK LUI DONNE RAISON EN DISANT CECI:

    « ….Le moment est venu pour les Etats du Sahel de s’attaquer vigoureusement aux menaces auxquelles le Sahel fait face. Aucun Etat de la région du Sahel, seul, ne peut faire face à ces menaces…. »

    IBK, NOVEMBRE 2013

  3. Mesdames, Messieurs,

    Si la paix est Ie socle de la stabilité sociale, la sécurité est celui du développement économique et social. Depuis de longues années, nos insuffisances en matière de développement et de gouvernance ont été exploitées par des sources opportunistes et nuisibles.

    Profitant de la faiblesse de nos capacités d’investissement et de la précarité de nos économies locales fragilisées par la sécheresse dont nous sortons à peine, elles ont tenté de nous déstabiliser, pour déstructurer notre société, pour nous imposer de nouvelles valeurs qui n’ont jamais été les nôtres.

    Vous constatez comme nous, I’absence de nos partenaires au développement expatriés résidant à Kidal. Vous mesurez I’impact négatif de leur absence sur Ie développement local. Vous voyez tous les jours l’image et Ie poids de cette menace qui plane sur votre région et sur notre pays. Cette menace est beaucoup plus dangereuse que les séquelles d’une alternance démocratique au détour d’élections locales.

    Mes chers compatriotes de Kidal,

    Combien de sang et de larmes ont coulé depuis des décennies !

    Que de douleur, de frustrations et d’injustices résorbées !
    Que de veuves et d’orphelins !
    Que d’espoir déçus !
    Que de retard !
    Que de doutes et d’incertitudes réels ou supposés !

    Il faut que cela cesse. Cela ne peut plus continuer ! Arrêtons de nous faire souffrir par notre indifférence sous le couvert de l’impuissance !

    Arrêtons de nous voiler la face et revenons à nos valeurs cardinales profondes, qui ont toujours fait la fierté du guerrier touareg, à savoir : l’honneur, la dignité, la bravoure qui est physique et le courage qui est moral. Nous ne pouvons plus accepter que Kidal soit identifié comme une zone d’insécurité et de menaces terroristes, de trafic de drogue et d’êtres humain.

    Kidal ne peut et ne doit pas refléter cette image. L’action néfaste de quelques marginaux ne doit en aucune manière salir la saine réputation de toute une région.

    L’Adrar des Ifoghas est riche de son patrimoine et de sa culture exceptionnelle incarnés par des « hommes braves » et des « femmes dignes », de sa jeunesse et de son potentiel humain qui occupent une place de choix dans notre communauté nationale. Cette richesse incarnée par la diversité de ses populations (blanches et noires) dans un brassage harmonieux.

    La région de Kidal est riche aussi de son potentiel agro-pastoral et surtout de ses ressources minières qui peuvent être source de convoitise. Cependant, au-delà de ces richesses, nous devons être riches de l’essentiel : la PAIX et la SECURITE. Nous devons nous départir du doute du passé en nous ouvrant à un avenir radieux pour notre jeunesse, pour les générations futures.

    LE PRESIDENT AMADOU T. TOURE (CEREMONIE DE CELEBRATION DU CINQUANTENAIRE A KIDAL 07/02/2011)

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