Interdiction de circuler des motos et pickup : Le couteau à double tranchant du chef d’Etat-major des Armées

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Des militaires maliens village de Bintagoungou, à quelque 80 km de Timbouctou, lors d'une patrouille conjointe avec des militaires français, le 4 juin 2015. © PHILIPPE DESMAZES / AFP

C’est en application du décret 2017 001 du 5 janvier 2017 relatif à l’opération ‘Dambé’ que le chef d’Etat-major général des Armées a sorti une mesure en date du 1 février. La décision en question instaure en substance une interdiction formelle d’user de pickup ou de motos comme moyens de déplacement dans certaines localités ciblées des régions de Tombouctou, Ségou et Mopti. Pour la 6è région du Mali, seul le cercle de Niafunké est concerné, tandis que l’ensemble des circonscriptions de Mopti sont mentionnés. Quant à Ségou, la mesure vise trois cercles que sont Niono, Tominian et Macina.

Dans les circonscriptions ainsi énumérées, insiste le texte, tout contrevenant à la mesure de restriction sera considéré comme une cible militaire, y compris ceux qui transitent par les parties du territoire désigné.

D’autant que la mesure épargne d’autres contrées du pays où les mêmes moyens de locomotion sont abondamment utilisés, on imagine aisément qu’il s’agit du grand nettoyage annoncé dans le Centre du Mali, en vue de le nettoyer des poches islamistes et d’un redéploiement de l’armée et de l’administration. Mais la sublimité de l’objectif poursuivi ne saurait exempter les hautes autorités maliennes de critiques et réserves sur une décision qui enfreint dangereusement aux droits et libertés de l’ensemble pour une poignée d’individus. En effet, si les motos constituent une logistique de guerre pour les groupes djihadistes, elles servent plutôt de moyens de production et de subsistance pour la majorité infiltrée susceptible d’être excédée par une privation sans encadrement dans le temps et la durée. Le sera-t-elle au point de devenir une proie facile pour les endoctrinements ? Il y a lieu, selon toute évidence, de veiller à ce que la mesure ne serve de terreau fertile pour la poussée de radicaux comme l’a été la démarche ayant jadis consisté à les combattre par dénonciation. Il en est de même pour les conséquences des bévues susceptibles de se produire car aucune communication d’envergure ne semble accompagner la décision afin qu’elle puisse atteindre les populations des zones concernées majoritairement analphabètes.

Surtout que la même décision s’applique différemment aux citoyens lambda et aux convois humanitaires, lesquels seront à l’abri de tout incident grâce aux escortes.

A Keïta

 

 

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Je partage l’avis du journaliste, puisque le seul moyen de déplacement et de travail de ces populations sont et demeurent les motos. Donc en leur privant de ces moyen on les prive de leur moyen de subsistance, on les prive de nourriture, on les prive du commerce hebdomadaire. Ne sera-t-il pas encore un moyen de grossir le rend des terroristes. Je pense que gouvernement doit revoir sa copie surtout que les mêmes terroristes peuvent employer d’autres moyens de transport plus sociables pour tromper la vigilance des militaires.

  2. Chez nous c’est souvent l’application des lois qui pose problème. On instaure; mais on ne tient pas rigueur quant à l’application.

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