Insécurité résiduelle: résister ou périr

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photo archives à titre illustratif

Le Mali, à l’image de la presque totalité des pays du monde entier, en ce moment, est victime des attaques terroristes. Il s’agit d’un phénomène qui persiste, et dont aucun État ne peut définir la fin. Cette insécurité ‘’résiduelle’’ ou persistante au Mali est la résultante de l’occupation des 2/3 de notre territoire par des narco-djihadistes et autres terroristes, en 2012, avant d’être chassés en partie par l’opération Serval et les FAMA. Malgré les efforts en cours, l’insécurité persiste, à travers tout le pays, avec son cortège de morts et de blessés.

Faudrait-il alors abandonner l’administration de l’Etat malien à ces mouvements pour n’entreprendre aucun acte de souveraineté tel que la révision de la Constitution ?

C’est en tout cas, aujourd’hui tout le sens du débat autour du projet de révision constitutionnelle initié par le président de la république, conformément aux termes de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.
Il y a lieu de reconnaitre avec la Cour constitutionnelle du Mali que l’insécurité qui sévit aujourd’hui dans notre pays est ‘’résiduelle’’ quelle qu’en soit sa proportion. Parce qu’elle résulte d’une crise profonde qui remonte de loin. En effet, c’est en 2012 que le Nord du pays a été occupé par des djihadistes, dont l’intention n’était cachée à personne. Si les indépendantistes (MNLA) réclamaient la souveraineté sur une partie du territoire, les djihadistes (Ançar Dine, MUJAO, et AQMI et autres) cherchaient à instaurer un État islamique.

Aujourd’hui, ces obscurantistes, chassés du pays grâce à l’appui des forces amis du Mali, cherchent toujours à marquer les esprits des Maliens, à travers des actions spectaculaires, des tirs de roquettes, des explosions de bombes et des embuscades contre les forces armées et de sécurité du Mali, les forces étrangères et des civils. Il s’agit donc d’une insécurité ‘’résiduelle’’, qui persiste, que notre pays n’arrive pas à éradiquer malgré les efforts déployés. Cette insécurité quoi que résiduelle reste en permanence, subsiste…

Polémique autour d’un concept
Depuis l’arrêt de la Cour constitutionnelle, le 4 juillet dernier, sur la constitutionnalité du projet de loi portant révision de la constitution du 25 février 1992, le concept d’insécurité ‘’résiduelle’’ est interprété par certains Maliens, comme la négligence d’une réalité par les 9 Sages. Dans les grins, dans les salons, sur les réseaux sociaux, chaque attaque signalée sur une partie du territoire ou acte de banditisme donne l’occasion à des personnes de mauvaise foi de s’en prendre à la qualification donnée par la Cour constitutionnelle de l’insécurité au Mali. Pourtant, quoi qu’on dise, il faut admettre qu’il s’agit toujours des résidus de la crise multidimensionnelle de 2012.
Le Mali allait-il connaitre une telle situation si l’on n’avait pas vécu ce malheur de 2012 ? Rien ne nous l’indique. Alors, à César, ce qui est à César.
Donc, il est important de comprendre que ce thème a été choisi, conformément au contexte actuel. Une situation qui est loin de celle de 2012 où différentes nationalités s’étaient convergées au nord du Mali pour y ériger un Etat islamique.
Aussi, le concept ‘’résiduel’’ doit-il être compris dans cet esprit. Comme dirait l’autre : « il y a la loi et l’esprit de la loi ».
Loin de négliger une réalité qui existe dans le pays, au sens figuré, ‘’résiduel’’ employé par la Cour, signifie une insécurité qui persiste. C’est l’insécurité qui persiste au Mali comme partout ailleurs (à Londres, à Paris, au Niger…).
Quel est cet État, à travers le monde, qui a abandonné ses activités souveraines en raison de cette insécurité ?

Un ennemi qui ne connait pas de frontière
On se souvient, le 13 novembre 2015, qu’une série d’attentats a frappé Paris. Une première attaque a eu lieu à Saint-Denis, aux abords du Stade de France où se joue un match amical de football France-Allemagne, auquel assistait le président François Hollande. D’autres attaques ont ensuite eu lieu, dans plusieurs rues des 10è et 11è arrondissements, où trois individus mitraillent des terrasses de cafés et de restaurants ; deux d’entre eux prennent la fuite, le troisième se fait exploser.
L’attaque la plus longue et la plus meurtrière a eu lieu dans la salle de spectacle du Bataclan (également dans le 11e arrondissement) où 1 500 personnes assistaient au concert du groupe américain de rock Eagles of Death Metal et où trois autres djihadistes ouvrent le feu sur le public. Le bilan officiel des victimes fait état de 130 morts et de 413 blessés hospitalisés, dont 99 en situation d’urgence absolue. Ces attentats sont les plus meurtriers perpétrés en France depuis la Seconde Guerre mondiale et les deuxièmes en Europe (hors attentats aériens), après les 191 morts des attentats de Madrid du 11 mars 2004.
Ces attentats n’ont entamé en rien la détermination des Français, non seulement à combattre le terrorisme, mais également à poursuivre l’évolution normale de leur pays, puisque la capitale française a abrité du 30 novembre au 12 au décembre de la même année, la 21e Conférence mondiale sur le climat (COP21). Un rendez-vous qui a d’ailleurs battu le record en matière de participation de chefs d’État et de gouvernement.
Le 19 juin tout près, la plus belle avenue du monde a de nouveau été prise pour cible par un terroriste. En effet, deux mois après l’attaque qui a coûté la vie au policier Xavier Jugelé, un homme, Adam D., a percuté, lundi 19 juin dernier, un fourgon de gendarmes sur les Champs-Élysées (Paris) avec sa voiture.
Le 7 juillet 2005, quatre explosions touchaient les transports publics de Londres, faisant 56 morts et 700 blessés.
Le 22 mars 2017, l’attentat sur à Westminster a fait quatre morts, trois personnes fauchées par la voiture sur le pont, et un policier poignardé. Le Mali fait-il exception ?

Traumatiser les survivants
La donne est en tout cas que le pays fait face à des attaques terroristes, malgré les multiples efforts déployés par les FAMA et les forces étrangères, Barkhane et MUNUSMA, venus à la rescousse de notre pays suite à l’intervention française de 2013.
Le but est de stabiliser le Mali et de permettre à l’État de restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire. Ce, grâce à un accord signé en 2015 entre les parties maliennes au conflit du nord.
Aujourd’hui, la stabilité et même l’existence de notre pays dépendent en grande partie de cet accord. L’insécurité actuellement persistante ne saurait en aucun cas mettre en cause cet accord, dont la communauté internationale est le garant de la mise en œuvre. Cette communauté internationale aura du mal à comprendre les arguties avancées par les partisans du Non à la réforme constitutionnelle pour remettre en cause les engagements du Mali. Car s’il faut vaincre cette insécurité d’abord, avant d’entamer toute autre action concernant la vie de la Nation, nous pensons que la victoire du terrorisme tant craint aujourd’hui ne sera plus loin.
Encore une fois, le but des terroristes n’est pas simplement de détruire des corps. Il s’agit aussi de marquer les esprits. C’est la finalité de tous les terroristes depuis que le terrorisme existe : les victimes sont des « armes » par destination. Les tués et les blessés servent à traumatiser les survivants et l’ensemble de la population. Les kamikazes islamistes ajoutent un autre « volet » : la radicalisation de l’opinion publique.
Aujourd’hui, les attaques djihadistes qui visent nos forces armées et de sécurité, les civils et les soldats étrangers au Mali, n’ont d’autres objectifs que de marquer les esprits des populations sur leur présence, celle des djihadistes sur notre territoire. Dans ce contexte, renoncer à des initiatives de réforme, de développement et de progrès est synonyme de démission pour le vaillant peuple du Mali. Il équivaut à céder la place au terrorisme, dont personne ne peut présager la fin.

Par Sidi Dao

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