Insécurité rampante au Mali : L’Etat s’affaiblit, les groupes extrémistes se renforcent

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Mali : faut-il s'inquiéter du retour des groupes armés à Kidal ?
LePoint.fr/Par Joséphine Johnson - Face-à-face tendu depuis mardi entre les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) et les combattants du Gatia à Kidal.

La diffusion d’une vidéo par le groupe djihadiste Front de Libération du Macina (FLM), au centre du pays, dirigé par le prédicateur radical malien, Amadoun Koufa, en dit long sur l’état sécuritaire du pays. Il s’agit de la toute première vidéo de celui qui se présente comme la brigade d’Ansar Dine, un groupe lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique et agissant dans le nord du pays. Le groupe djihadiste du Front de Libération du Macina (FLN) a revendiqué une attaque contre les forces maliennes à Nara, ville située à 700 km à l’Ouest de Mopti. Les attaques djihadistes se sont davantage étendues et accentuées depuis la signature de l’accord en mai et juin 2015.

Le mercredi 11 mai, le commandant adjoint de la région malienne de Gao, le Colonel Salif Baba Daou, a été tué, lorsque son véhicule a sauté sur une mine au sud de Gao. Un autre militaire malien a également trouvé la mort dans cette attaque attribuée aux jihadistes. Il s’est agit d’une double attaque : le véhicule a sauté sur une mine puis les djihadistes ont ouvert le feu. Dans cette zone sud de Gao, des sources sécuritaires maliennes et étrangères soupçonnent un jihadiste malien et ses troupes d’être les auteurs des attaques qui s’y déroulent. Il s’agit de Mohamed El Mansour qui serait à la tête d’environ 200 hommes et sa principale force est d’être très informé. Qui vend la mèche et la position de nos hommes?

Le 13 mai 2016 la position de Ganda Izo, à Ndaki dans le Gourma, commune rurale de Gossi,  a été attaquée par des éléments du GATIA. Selon un Communiqué de la COMPIS 15 et du Mouvement Ganda Izo, le 13 mai 2016, des éléments du Groupe d’Autodéfense Touaregs Imghads (GATIA) se sont présentés à Ndaki pour demander aux éléments armés du GandaIzo d’intégrer leur mouvement dans le but disent-ils d’éviter de se faire désarmer par les forces maliennes. Cette injonction a été rejetée par les éléments du groupe Gandaizo cantonnés à Ndaki.

Les forces armées de la Communauté des Imghads écument depuis quelques mois déjà la zone du Gourma de Douentza à la frontière nigérienne, du delta intérieur du Niger jusqu’à la frontière du Burkina Faso, dans l’objectif de chasser de leurs terroirs les communautés sonrais, peuls, bellas, bamabaras, sorkos, poursuit ce communiqué. « La direction du mouvement GandaIzo a de tout temps attiré l’attention des autorités maliennes, de la communauté nationale et internationale sur les conséquences désastreuses pour la paix que constituent la non-prise en compte de l’inclusivité des groupes armés signataires de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger. Gandaizo conscient des enjeux dans cette partie avait alerté à suffisance le gouvernement malien responsable de la mise en œuvre de l’accord de cette situation », indique le communiqué.

Une semaine après l’assassinat du Colonel Salif Baba Daou, cinq casques bleus de la Mission onusienne ont été tués mercredi 18 mai dans la région de Kidal, au nord d’Aguelhok. Trois soldats ont aussi été blessés brièvement. Il s’agit de militaires du contingent tchadien qui ont été pris dans une embuscade.

Les casques bleus de nationalité tchadienne escortaient un convoi logistique dans la région de Kidal, au nord-est du Mali. Un groupe d’hommes armés, visiblement bien informés, a alors pris position côté ouest et est de la route, au nord de la localité d’Aguelhok. Une mine a été posée, entraînant une forte explosion avant que les assaillants ouvrent le feu. Sur le coup, quatre casques bleus ont été tués. Les soldats de la paix, après un moment de surprise, ont à leur tour ouvert le feu, il y a quatre autres blessés dans leur rang. Parmi eux, une personne décèdera plus tard. « L’attaque a été faite grâce à des complicités. Des gens proches de nous ont communiqué nos positions, notre itinéraire. Ça, c’est très clair », a estimé une source militaire africaine au sein de la force de l’ONU. Le jeudi 19 mai, l’attaque a été revendiquée par le groupe islamiste Ansar Dine. « Nos moujahidines ont attaqué sur notre terre d’islam de l’Adrar des Ifoghas (région de Kidal) des militaires qui travaillent dans le regroupement international contre nous », a déclaré un responsable du groupe, Nourredine Ag Mohamed, qui a déjà revendiqué de précédentes opérations au nom d’Ansar Dine. « De nombreux ennemis sont restés couchés pour toujours », a-t-il affirmé, sans fournir de bilan chiffré. Cette attaque est la plus meurtrière de celles qui ont visé la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) depuis le 12 février contre sa base de Kidal, dans la même région. Sept Casques bleus guinéens, dont une femme avaient alors trouvé la mort dans cette attaque également revendiquée par le groupe djihadiste du Touareg malien Iyad Ag Ghaly.

Déployée depuis juillet 2013, la Minusma est la mission de maintien de la paix de l’ONU, la plus couteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995, avec à ce jour une soixantaine de Casques bleus tués en opération.

B. Daou

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