Insécurité : Au Mali, les djihadistes marquent leur territoire

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Ibrahim Malam Dicko, chef d’Ansarul Islam, le « Iyad Ag Ghaly » du Burkina Faso

Ibrahim Malam Dicko est tellement détesté au Burkina Faso qu’une partie de la presse locale voit en lui bien plus qu’un terroriste actif depuis le Mali voisin. L’armée de ce pays malade de plusieurs faiblesses peine de plus en plus à contenir les groupes terroristes qui se sont d’ailleurs enrichis de nouvelles figures dirigeantes dont Dicko. Avec lui au sud-est, Amadoun Koufa au centre et Al Mourabitoun au nord, il faudra que les FAMA, la MINUSMA et la force Barkhane parviennent à éviter des actions coordonnées de ces hommes qui ne jurent que par le sang.

Jusqu’ici, les FAMA et les forces internationales présentes au Mali n’ont pas réussi à localiser ces djihadistes qui ont pu mettre à profit les faiblesses d’un lent processus de paix pour se réorganiser. Pas plus tard que la semaine dernière, le triumvirat  Ansardine-Al-Mourabitoun-AQMI s’est transformé en un seul mouvement : Jamaat Nusrat al-Islam wal Muslimin (Mouvement de soutien à l’Islam et aux musulmans).

Il est clair que l’armée malienne et les forces étrangères qui sont loin de parvenir à une unité d’actions seront les cibles des militants du nouveau mouvement. La force des terroristes est qu’ils sont en passe de gagner l’ancrage populaire qu’ils n’avaient pas au Mali, encore moins au Burkina Faso. Pour preuve, ils ont finalement réussi à instaurer un climat de méfiance entre plusieurs communautés du centre du Mali où l’on est tenté de recourir à la vendetta faute de la présence de l’Etat pourvoyeur de justice.

L’instrumentalisation du clivage ethnique qui est en train de réussir aux fidèles d’Amadoun Koufa est peu à peu transportée par Ibrahim Malal Dicko dans son pays d’origine, d’où l’inquiétude des médias burkinabé. La nouvelle de l’assassinat récent d’un enseignant dans le nord du « pays des hommes intègre » a d’ailleurs mis en ébullition la région administrative du Sahel. En clair, les terroristes marquent déjà leur territoire sur le fonds des divergences locales: des écoles se ferment, des fonctionnaires choisissent de se replier vers des zones jugées plus sûres.

Le drame est que la traque des cerveaux de la terreur est presque passée au second plan, la priorité ayant été la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Pire, les relais ou encore les cellules dormantes du terrorisme prennent de plus en plus confiance en leur capacité de nuisance. Leur mode opératoire consistant à tuer les citoyens soupçonnés d’être des collaborateurs a fini par payer dans les régions de Mopti et Ségou.

Soumaila T. Diarra

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Peut-être devons-nous poser le problème autrement! Si les groupes dits terroristes arrivent à se réorganiser au point de faire de la communication autour de leurs alliances et autres formes de collaboration, ne doit-on pas s’interroger sur le rationnel de leur conviction à pouvoir s’implanter sur le terrain face à toute cette armada internationale ? Car s’ils ont autant de partisans dans les zones de leurs actions pour croire qu’à terme ils seront victorieux, alors là il y a de quoi être vraiment dubitatif sur l’issue de l’engagement militaire international au Mali! La situation dans le Nord du Mali nécessite une réflexion de fonds qui prendra en compte toutes les réalités sociales, culturelles et religieuses du terroir concerné. Cela requiert certes du courage politique !

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