La décision du procureur Général Daniel Téssougué de préserver l’anonymat des malfrats dans les medias publics a procuré la nette impression à l’opinion publique nationale, et même aux malfrats, d’être désormais protégés. Les conséquences ne se sont pas fait attendre.
Les délinquants sont de plus en plus jeunes et audacieux. Pour un rien, ils abattent leurs victimes, sans le moindre remords. Si l’on ne peut exclure l’effet des stupéfiants, le déficit de l’autorité parentale et l’inefficacité des services de sécurité sur ce comportement, l’apport du système d’Etat n’est pas non plus à négliger.
Preuves de la désormais hardiesse des jeunes délinquants, avant le pauvre Gendarme (MDL Mahamane Sissoko), un policier a été braqué et dépossédé de son engin, il y a moins d’un mois. Courant, 2013, un autre policier a été abattu à Quinzambougou quand bien même il était connu des malfrats pour être un agent de l’ordre. On signale plusieurs autres cas portant sur les porteurs d’uniforme. De quoi troubler et désespérer la population civile laquelle a aujourd’hui la nette impression que le Nord, pourtant objet de conflit et d’affrontements, est plus sécurisé que le Sud.
En tout état de cause, la population semble avoir adopté sa propre stratégie face à l’incapacité des pouvoirs publics d’assurer sa sécurité. Les voleurs pris en flagrant délit, subissent désormais de sa part, «l’article 320», à savoir le «brûler-vif». Regrettable certes, mais une conséquence logique de l’échec de la sécurité publique.
Les décisions de justice, force est de le reconnaître, ne sont pas étrangères à l’augmentation du taux de criminalité. Aux verdicts des tribunaux jugés trop cléments et nullement dissuasifs (et parfois motivés par de douteuses accointances), s’ajoute désormais cette interdiction très controversée du Procureur Général (Daniel Tessougué) aux médias publics, de divulguer le visage des présumés malfrats. Si la mesure émane du principe de la présomption d’innocence, elle a visiblement encouragé les jeunes délinquants désormais sûrs de bénéficier d’une protection rapprochée.
Le regard des autres
La décision portant sur dissimulation des visages des présumés auteurs de délits ou de crimes, n’est tout simplement pas conforme à notre réalités sociétales. Et pour cause. Elle annihile la crainte de la honte (la puissance du regard des autres) à l’origine profonde de la vertu.
Par crainte de cette honte populaire et d’être la risée du village à la suite d’une interpellation au «djon» (cercle de réprimande et de justice communautaire traditionnelle dans les sociétés maliennes), les individus s’abstenaient de commettre des impairs. Pas pour eux-mêmes, mais par souci que toute la famille ne soit souillée. En effet, la crainte d’être la honte de la famille et de la communauté toute entière s’avérait très dissuasive. L’on préférait même la mort au «djon» ce dernier étant le summum de la déchéance et de l’opprobre pour un individu.
Dans la société moderne, les médias ont, à la limite, remplacé le «djon» puisque par essence, appelés à rendre publics et à dénoncer, les dérives et manquements graves aux vertus et susciter ainsi une remise en cause chez l’individu. En interdisant donc la publication ou la diffusion de l’identité complète des présumés auteurs de délits ou de crimes, l’on favorise l’impunité et le sentiment de protection des délinquants, et par devers, la croyance populaire d’une complicité entre la pègre et les pouvoirs publics.
Les partisans du principe juridique selon lequel il voudrait mieux libérer cent coupables que de condamner un innocent verront certainement la chose sous un autre prisme. Mais à l’allure exponentielle par laquelle grimpent les statistiques de la criminalité dans nos cités et au regard de l’audace des malfrats et de l’article 320 de plus en plus prisé par les populations, il faudra craindre l’effondrement de nos sociétés, voire de l’Etat. Le fait pour les malfrats de prendre délibérément pour cibles les agents de l’ordre et représentants de l’autorité légitime est un sérieux indice.
B.S. Diarra
A cela il faut ajouter le cafouillage de ce gouvernement qui est parvenu à fusionner les ministères de l’Administration Territoriale et celui de la Sécurité. Il va de soit que l’insécurité gagne du terrain.Le ministère en charge de la sécurité n’existant plus, toue la chaine du système se trouve grippée. Pauvre Mali.
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