Insécurité dans les régions de Gao, Ménaka et Ansongo : Les populations ne savent plus à quel saint se vouer

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Attaques à main armées, assassinats et enlèvements avec leur corolaire de déplacements massifs sont le quotidien des populations de Gao, Ménaka et Ansongo, Dans ces zones, l’insécurité prend de plus en plus de l’ampleur. Cela, en dépit des nombreuses actions menées par les autorités pour la circonscrire. De la journée ville morte à la désobéissance en passant par des arrêts de travail, les populations de ces localités ont exprimé leur grogne face à l’insécurité grandissante. A l’allure où va la situation, faut-il s’en inquiéter ?

L’insécurité dans les zones de Gao, Ménaka et Ansongo n’est plus à démontrer. Les populations de ces trois localités, qui la vivent au quotidien, l’ont plusieurs fois subie rn effet et de plusieurs manières. Les ONG opérant dans la zone en font cas dans leurs différents rapports. Par exemple, le  jeudi, 13 octobre 2022, la ville de Gao a vécu une journée ville morte pour exprimer la colère de la population locale face à l’insécurité grandissante. Cette manifestation consistait à la fermeture de tous les commerces, l’arrêt des véhicules de transport.  La population se dit fatiguée des braquages spectaculaires, des enlèvements et des assassinats ciblés qui sont les tristes réalités de la ville depuis plusieurs années. Par semaine, on y dénombre plusieurs cas de braquages de boutiques, de commerces, des agences ou contre des personnalités. L’attaque du 18 octobre 2022 du poste de contrôle du village de Kadji, à quelque 5 km du pont de Wabaria qui a fait  8 morts et de nombreux blessés, en est parfaite illustration. Face à cette détérioration de plus en plus inquiétante de la situation sécuritaire, les forces vives de la ville ont décidé de prendre les choses en main en interpellant les autorités. Pour ce faire, une journée de ville morte a été décrétée dans la cité des Askia. Bien avant cette journée ville morte, le Collectif, fédération, populations sédentaires du Nord réunis au sein de Songhoy Chawara Batoo, avait tapé du poing sur la table après l’assassinat barbare d’Abdoulaye Kaba Koné, promoteur du GIE Kabala Services dans la nuit du 08 au 09 février 2021 à son domicile au quartier Château, secteur 1, devant sa femme et ses enfants. Dans un communiqué, le Collectif avait d’ailleurs dénoncé la passivité de l’Etat à endiguer le banditisme dans la ville de Gao et avait menacé de prendre ses responsabilités pour protéger sa communauté contre l’épuration ethnique qui ne dit pas son nom à travers ces assassinats ciblés. Les forces vives de la ville avaient aussi battu le pavé pour exprimer leur ras-le-bol face à l’insécurité dans la zone. A l’époque, les cris du cœur des populations ont conduit les autorités à prendre certaines mesures. Par exemple, à travers la décision N°2021-0056/GRG-CAB du 12 février 2021, le gouverneur de la région, le général de brigade Moussa Traoré, a instauré un couvre-feu de quinze jours reconductibles, allant du lundi, 15 février au lundi, 1er mars 2021 de 21 heures à 5 heures du matin. L’objectif était de circonscrire l’insécurité grandissante dans la cité des Askia.

Désobéissance à Gao et à Ansongo

En dépit des nombreuses actions menées par les autorités pour circonscrire l’insécurité dans la cité des Askia, le phénomène demeure toujours. Des braquages spectaculaires, des enlèvements et des assassinats ciblés sont des tristes réalités de la ville. Les bandits armés attaquent et dépouillent les citoyens de leurs biens avant de disparaître chaque fois dans la nature. De plus, les axes menant à la ville des Askia sont devenus un véritable enfer terrestre pour les passagers. Certains disent même que les axes Gao-Ansongo et Ansongo-Labbezanga sont devenus infernaux pour les usagers à cause de la multiplication des attaques. Il ne se passe pas une semaine sans que des bus et véhicules personnels ne soient attaqués sur ces axes. Les assaillants n’hésitent plus à tuer les passagers même quand les chauffeurs obtempèrent. Par exemple, un habitant d’Ansongo se confiait à L’Indicateur du Renouveau : « Sur l’ensemble du cercle, 4 villages seulement sont sous le contrôle de l’autorité publique et, sur le reste du territoire, les populations subissent le calvaire des terroristes et des bandits ». Selon certaines sources, le 17 octobre 2022, les troupeaux de vaches et de petits ruminants du village de Tabango à 20 km d’Ansongo ont été emportés par des hommes armés non identifiés à motos. Les mêmes sources rapportent que dans la matinée du 18 octobre 2022, un autre groupe de bandits a braqué les forains en partance pour Bara. Ils ont été dépouillés de leurs biens. Face à la recrudescence de l’insécurité dans la ville de Gao et sur les grands axes y menant, les populations locales de Gao et Ansongo ont encore une foi décidé d’interpeller les autorités en décrétant deux jours de désobéissance qui s’est étendue  du mardi, 08 novembre au mercredi, 09 novembre 2022.  Cette désobéissance a été décidée à l’appel des syndicats de la ville (UNTM-CSTM-CDTM) et de la société civile. Elle a été marquée par un arrêt de travail dans tous les services publics et privés, y compris les écoles publiques et privées des deux villes.

Du côté des autorités militaires, des mesures sont en cours pour circonscrire l’insécurité dans la zone, d’où l’initiative de la patrouille mixte urbaine d’envergure dénommée Dougoubasigui.  Cette patrouille, qui sillonne la ville de Gao et ses alentours, regroupe des éléments de l’Armée de Terre, de l’Air, de la Garde nationale, de la Gendarmerie nationale, de la Police nationale et de la Protection civile. Certaines informations font état de 218 éléments des Forces de Défense et de Sécurité à participer à cette patrouille. Pour le succès de cette action, le commandement militaire a déployé 20 véhicules et 10 motos. L’objectif est de combattre l’insécurité dans la ville et ses environs avec des consignes fermes : la recherche des véhicules non immatriculés, les véhicules aux vitres teintées, les armes, les stupéfiants, entre autres. Chaque véhicule doit avoir un document de propriété, un numéro d’immatriculation. Tous les véhicules rencontrés lors de la patrouille seront fouillés.

Les enseignants de la région de Ménaka ciblés

A Ménaka, la situation sécuritaire n’est guère reluisante. Pour preuve,  Assultane Ag Sidi, enseignant, a été assassiné à son domicile dans la nuit du 8 au 9 novembre 2022 par des hommes armés non identifiés. Son fils aîné a aussi été assassiné par les mêmes bandits. C’est d’ailleurs suite à ce double meurtre que la synergie des enseignants de la région a décidé un arrêt de travail  du 10 au 15  novembre 2022 pour sommer les autorités à ouvrir « une enquête impartiale » afin d’arrêter les auteurs. Les enseignants exigent également la sécurisation des enseignants, de leurs familles, et de l’espace scolaire.

Alerte des ONGs

En dehors des populations, les ONGs qui opèrent dans ces localités ont donné l’alerte sur la situation. Dans son dernier rapport, Catholic Relief Services (CRS) a signalé le déplacement d’environ 1 374 personnes (229 ménages) dans la Commune de Ménaka, en provenance de l’Ouest. Ces déplacements sont consécutifs à des menaces et des enlèvements de bétails dans les localités périphériques par des individus armés entre le 8 et le 10 octobre 2022. D’autres affrontements entre des mouvements armés antagonistes, avec souvent des conséquences comme des civils tués et des vols de bétails, ont poussé les populations à se réfugier dans des endroits jugés plus sûrs, notamment dans les environs de Ménaka. « Selon l’analyse du répertoire des incidents enregistrés pour le mois d’octobre, sur un total de 14 incidents, il y a 36% des cas de braquage, 29% cas de vol des biens/bétails et 14% cas d’assassinats. La ville de Ménaka est également confrontée à une insuffisance d’accès à l’eau potable et à des délestages intempestifs. Ces facteurs combinés à l’insécurité ont plusieurs fois poussé la société civile à se manifester pour le changement de l’exécutif », révèle le rapport. Selon une information rapportée par les confrères de Studio Tamani le 7 octobre 2022, l’organisation État Islamique au Grand Sahara est de plus en plus présente à Ansongo et à Ménaka. L’organisation terroriste se déploie aussi vers d’autres localités des régions de Gao et Tombouctou. Aussi, des sources locales rapportent que les cercles d’Inékar, Anderamboukane, Inlamawane, Tidarmène dans la région de Ménaka seraient passés sous le contrôle de l’EIGS, cela, après plusieurs mois d’affrontement contre le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans.  Face à cette situation, doit-on avoir peur ? En tout cas, les différentes populations ont les yeux rivés vers les FAMAs et elles n’attendent que d’être sécurisées pour vaguer tranquillement  à leurs affaires.

A suivre …

Rassemblés par Fabrice Abdoul

Source : Plume Libre

 

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2 COMMENTAIRES

  1. La population de ces régions n’ont qu’à se vouer aux FAMA qui font des miracles.
    Les FAMA montent en puissance depuis des mois et neutralisent sans cesse les djihadistes.
    La DIRPA le dit sans cesse. Tout va très bien.
    Ou peut être il faut doubler le salaire des mercenaires pour qu’ils redoublent de combativité et se mettent à tirer sur tout ce qui bouge. Mais il paraît qu’il n’y a pas de mercenaires au Mali.
    On est perdu.
    ASSIMI et ses troupes sont de très bons soldats bien formés mais malheureusement ils préferent la vie des palais. Ils paradent à Bamako en tenue de guerre avec masque et tuba. Ils attendent les djihadistes pour les neutraliser sur les tapis rouges.

  2. Wagner et le petit tsar va les sauver …….. en regardant les massacres continuer ;
    Il n’y a que deux ou trois excités vulgaires et agressifs de ce site qui croient au papa noël ;

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