A l’appel des partis politiques, d’associations et de mouvements de la société civile, des milliers de maliens sont sortis, le vendredi dernier, pour soutenir les forces armées et de sécurité. Ainsi, le rassemblement a donné lieu à des dénonciations au sujet du « détournement » des ressources financières destinées à équiper l’armée. La gestion du président IBK a été fortement mise en cause par des leaders de l’opposition.
“Non au détournement de nos fonds!”, “Vive les FAMA” (forces armées maliennes)”, pouvait-on lire sur les banderoles et calicots portés par de nombreux manifestants.
En effet, pour les organisateurs de la manifestation, les différents revers de l’armée sur le front s’expliquent : « par le détournement des fonds prévus pour l’achat de matériels et équipements militaires, à l’absence de la couverture aérienne, la fréquence des changements au sein de la chaine de commandement et du manque de reconnaissance des lourds sacrifices consentis ».
Pour remédier à cela, ils demandent l’implantation des camps et des postes de sécurité réunissant les conditions minimale d’efficacité et de sécurité. Ce, en y ajoutant de choix tactiques et stratégiques efficaces, une performance des renseignements, l’application stricte de règles et de la discipline militaire.
Concernant les détournements des fonds allouées à l’Equipment de l’armée, les manifestants exigent : « de mettre à la disposition de la justice toutes les autorités civiles, politiques et militaires impliquées dans les détournement des deniers publics prévus pour l’achat de matériels et équipements militaires »
Les militaires et les ministres qui sont à la base de cette corruption doivent être jugés”, a dit l’ancien ministre et opposant, Mohamed Aly Bathily. Il faisait allusion notamment à un achat controversé de matériel militaire, dont deux hélicoptères livrés en 2018 à l’armée puis tombés en panne peu après.
L’ancien premier ministre, Modibo Sidibé a déclaré : « Aujourd’hui, c’est un moment fort de soutien aux forces de défense et de sécurité. Nous savons qu’elles sont déterminées à accomplir leur mission. Leur détermination se nourrit également de notre détermination à nous tous. Ce sont les Maliens qui doivent montrer leur propre chemin de sortie de crise ».
Selon Mme Sy Kadidiatou Sow, présidente de la plateforme Anw Ko Mali Dron, le président IBK doit assumer ses responsabilités : « Nous ne devons plus rester les bras croisés pour observer. Arrêtons avec les divertissements pour penser à notre armée ».
Le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, estime que l’armée a été trahie. « Nos militaires sont mal équipés. Nous devrions nous battre pour que nos militaires soient à la hauteur. La corruption a empêché d’équiper aussi nos militaires. Nous avons également dénoncé toute la corruption et la mal gouvernance qui malheureusement ont mis nos propres armées dans des situations extrêmement difficiles. Nous avons exigé qu’il y ait un audit sérieux sur le montant alloué par l’Assemblée nationale dans le cadre de la loi de programmation militaire », a déclaré le chef de l’opposition.
Moussa Sinko Coulibaly est plus tranchant dans ses propos : « le président IBK avec son gouvernement ont trahi le Mali. Pour cela, il doit rendre immédiatement à sa démission ».
De nombreuses voix ont aussi critiqué « l’inaction de la force française Barkhane sur le terrain ». Ainsi, des manifestants ont scandé des slogans antifrançais pour dénoncer, selon eux, “le jeu ambigu” de Paris au Mali où est présente la force française Barkhane, qui mobilise 4.500 militaires français au Sahel. « Si Paris ne fait rien pour que la crise prenne fin, c’est parce que Paris soutient les rebelles. Si les rebelles sont toujours à Kidal, c’est la faute de Paris », a déclaré à la presse Ouleymatou Diarra, 34 ans, enseignante dans un lycée privé de Bamako. Kidal, est sous le contrôle d’ex-rebelles séparatistes touareg, échappe de facto à l’autorité de l’Etat malien.
Un rassemblement similaire, le 8 novembre 2019, avait réuni des milliers de personnes .Ces manifestations sont organisées après la perte, ces dernières semaines, d’une centaine de soldats dans les deux attaques jihadistes les plus meurtrières depuis des années. Ces revers et la dégradation de la situation sécuritaire ont renforcé les interrogations sur la gestion de l’armée et sur de la présence des forces étrangères : Barkhane et Minusma.
Mémé Sanogo