Insécurité au Mali : Les magistrats somment l’Etat de leur fournir des informations fiables sur la mort du juge Soungalo Koné

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Enlevé le 16 novembre 2017 à Niono (Région de Ségou) par les jihadistes, le juge du tribunal de Niono est décédé en captivité, le 24 janvier 2019, selon les autorités maliennes. Furieux de la mort de leur collègue dans des conditions non élucidées, les magistrats, à travers un communiqué en date du 20 février 2019, ont exprimé « une certaine insatisfaction par rapport à la manière dont le dossier a été géré, pour ce qui concerne les mesures devant être prises pour sa recherche et sa libération tant souhaitée par sa famille et ses collègues ». Par conséquent, les magistrats ont invité les autorités maliennes à « tout mettre en œuvre pour leur fournir dans les meilleurs délais des informations fiables et certifiées sur la mort du Président Soungalo KONE et les circonstances qui l’ont entourée ».

Le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et le Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA), après leur rencontre avec le Garde des Sceaux du Mardi 19 Février 2019 et leur réunion extraordinaire conjointe y consécutive de ce jour Mercredi 20 Février 2019, « prennent acte des informations portées à leur connaissance par le ministre de la justice au nom du gouvernement, relativement à la situation du Président Soungalo KONE enlevé le 16 Novembre 2017 à Niono et qui était retenu en otage depuis cette date ; Prennent acte aussi de la décision prise par la famille, sur la base des informations fournies par le gouvernement, d’organiser une séance de lecture du Coran en hommage au Président Soungalo KONE ce vendredi 22 Février 2019 après la prière du Vendredi», indique le communiqué conjoint SAM-SYLIMA en date du 20 février 2019. Dans ce communiqué signé par les deux responsables des deux organisations syndicales de la magistrature, Mamoudou Kassogué du SAM et Hady Macky Sall du SYLIMA, les magistrats remercient les autorités maliennes pour le soutien matériel ponctuel apporté à la famille du collègue depuis le mois de Juin 2018, ainsi que toutes les bonnes volontés qui ont tenté, de quelque manière que ce soit, de contribuer à sa libération. Cependant, les magistrats expriment une certaine insatisfaction de la manière dont le dossier a été géré, des mesures devant être prises pour sa recherche et sa libération tant souhaitée par sa famille et ses collègues. A cet effet, dans le communiqué, les magistrats « invitent par conséquent les autorités à tout mettre en œuvre pour leur fournir dans les meilleurs délais des informations fiables et certifiées sur la mort du Président Soungalo KONE et les circonstances qui l’ont entourée ». En ces moments particulièrement sombres pour la magistrature, les Comités Exécutifs du SAM et du SYLIMA s’associent au deuil de la famille de l’illustre collègue à laquelle ils expriment toute leur compassion et leurs condoléances émues; décident d’observer un deuil de trois jours au niveau de toutes les juridictions du pays à compter de ce lundi 25 Février 2019, tout en invitant les chefs de juridictions et de parquets à prendre les dispositions utiles dans ce sens. Enfin, ils prient pour le repos éternel de l’âme du président Soungalo KONE, mort le 24 Janvier 2019 en martyr sur le champ de l’honneur et au service du peuple malien.

On se rappelle que du  25 juillet au 05 novembre 2018, les magistrats étaient en grève « illimitée » de plus de 100 jours pour la sécurisation des juridictions et des personnels judiciaires et la relecture de leur statut avec la revalorisation de la grille salariale. Dans une conférence de presse animée le mercredi 29 août 2018, les magistrats exprimaient leur ras-le-bol face à l’enlèvement de leur collègue. « Soungalo a été enlevé parce que l’Etat n’a pas su assurer sa sécurité », a souligné Mamoudou Kassogué du SAM lors de ladite conférence de presse. Aussi, constatant avec amertume la détérioration des conditions sécuritaires dans certaines juridictions dans le pays, le SAM et le SYLIMA ont, à travers leur communiqué conjoint du 16 février 2019, appelé leurs militants, se sentant en insécurité dans leur juridiction à rallier immédiatement Bamako ou d’autres localités plus sécurisées. Depuis 2012, le Mali est frappé de plein fouet par une insécurité chronique causant des enlèvements, des tueries et d’autres dégâts énormes.

Aguibou Sogodogo

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