Insécurité à Tombouctou : La flamme de la violence et de la psychose

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Pluie d’obus sur la ville de Tombouctou, samedi après-midi. Les témoins en ont compté pas moins de quatre précisément, qui se sont abattus sur divers secteurs de la ville faisant autant de victimes. Admises comme blessées au départ, à l’hôpital régional, l’une d’entre elles, une fillette de 11 ans ne survivra pas à ses blessures. Elle a été atteinte par la déflagration en plein centre-ville, dans le secteur Bangoumé-Farrou où un autre projectile avait échoué sur la carcasse d’un camion, tandis que les deux autres obus ont atterri sans faire de victimes dans le quartier Abaradjou.

Cette journée de violence survenait une semaine après une attaque terroriste similaire contre le Camp des Gardes et deux semaines après les affrontements sanglants entre le JNIM et les forces régulières autour de la localité de Ber. Depuis le transfert définitif de cette emprise militaire aux FAMa, la ville de Tombouctou est devenue la cible privilégiée des groupes terroristes sur fond de multiplications des moyens de pression : psychose dans les rangs de certaines communautés, blocus sur l’approvisionnement de la ville en denrées, intensification des menaces d’actes terroristes, etc. En toile de fond, la présence massive sur les lieux de redoutables supplétifs étrangers contre lesquels les groupes djihadistes réclament un soulèvement populaire en échange de plus de quiétude à la population. C’est la conditionnalité qui se murmurait, en tout cas, dans la foulée des négociations que des notables de Tombouctou ont entreprise où seraient en train d’entreprendre avec les GAT (Groupe Armés Terroristes) à l’effet d’obtenir une levée de l’embargo qui pèse lourdement sur la population d’une ville où le litre l’essence s’achète à 1 300 francs CFA. Il est loisible d’imaginer, par conséquent, l’impact de la cherté des hydrocarbures sur les autres denrées alors qu’il devient de plus en plus impossible d’en acheminer dans la ville. Hier dimanche, en effet, une tentative de braver le blocus s’est soldée par l’incendie de toute une cargaison de carburant aux abords de la ville par des éléments du JNIM.

Pendant ce temps, la cité se vide progressivement de ses habitants minoritaires, en dépit des efforts déployés par des voix autorisées pour les rassurer. En cause, le spectre d’un retour aux vieux démons du faciès et de la stigmatisation accentuée par la prise d’assaut des ruelles et places publiques stratégiques de Tombouctou par les hordes de supplétifs russes communément appelés Wagner. Chacun de leur passage au marché de la ville sème la panique chez les commerçants arabes craintifs d’être assimilés aux terroristes et de subir les amalgames souvent attribués à ces contingents étrangers dans le Centre du Mali. La salve d’obus du samedi dernier n’est pas sans rallumer ce malaise identitaire, au détriment d’une cohabitation intercommunautaire demeurée fragile plus d’une vingtaine d’années après la flamme de la guerre et une décennie après l’invasion de la ville par les colonnes djihadiste.

 

A KEÏTA

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