Les forces de l’ordre ont répété plusieurs fois qu’il leur manque des moyens. S’agit-il franchement de cela ?
La criminalité sauvage est de retour à Bamako et dans sa périphérie. Les agressions féroces, les meurtres, les associations de malfaiteurs ne se comptent plus. La semaine dernière, c’est un Roumain qui s’est fait littéralement étêter par ses compagnons bandits qui seraient un… Ukrainien et un Espagnol ! C’est franchement, le comble ! de voir maintenant prospérer des bandits venus d’aussi loin. L’excuse des malfrats ivoiriens et guinéens ne peut plus prospérer.
A Sénou, le village qui abrite ce qu’on appelle Aéroport international de Bamako, les jeunes sont en train de s’organiser en brigades d’autodéfense pour tuer le premier criminel rencontré. A Sirakoro-Meguetana, certains couloirs sont devenus des coupe-gorges ou personne n’ose s’aventurer une fois le crépuscule tombé. Et en plein jour, au centre-ville, dans l’espace compris entre la grande mosquée et l’Assemblée nationale, les bandits sévissent en plein jour alors qu’il y a un poste de police à moins de cent mètres.
En début d’année 2010, quand la criminalité urbaine et péri-urbaine avait atteint un pic et la population installée dans la psychose, le général Sadio Gassama avait organisé une tournée des commissariats, brigades de gendarmerie et pelotons de la Garde nationale. Tous ses interlocuteurs avaient la même phrase à la bouche : Nous manquons de moyens matériels. Depuis lors, tous les commissariats, brigades et pelotons ont reçu des véhicules et des motos ; des armes de gros calibre et des gilets pare-balles, du carburant et des munitions. Des locaux neufs sont inaugurés tous les jours. Mais le phénomène de la criminalité violente, après avoir connu une accalmie, est réparti à la hausse. Passée l’émotion consécutive à l’assassinat sauvage de l’épouse d’un officier de gendarmerie ; passée la peur liée à la colère de Sadio Gassama, les choses sont « revenues à la normale. » Et pourtant, il faut donner raison au général Gassama : Jamais depuis l’indépendance, le Mali n’a autant investi dans sa sécurité intérieure. Et ajouter : Jamais depuis notre indépendance, les Maliennes et Maliens ne sont jamais sentis aussi impuissants face à l’audace et à l’arrogance des malfaiteurs.
Alors, où est le problème ? De toute évidence, il y a un problème de leadership, de compétence et de formation. Nos forces de sécurité accusent une longueur de retard sur les bandits et la sophistication de leurs méthodes. Nous avons des policiers et des gendarmes du 20ième siècle avec des criminels du 21ième siècle. Il paraît clairement que les chefs des unités chargés de traquer les bandits ne sont pas à la hauteur ou la laxisme tellement ancré que le travail ne se fait pas avec sérieux.
Et aussi, il faut qu’un jour, l’on se décide à aborder de face le problème de corruption et de concussion dans la justice malienne. Ce corps est en train de gangrener notre société par les pratiques perverses de certains membres qui croient que la magistrature est une voie dorée pour se faire milliardaire. Il faut absolument qu’un jour, les autorités de ce pays se décident, qu’elles affrontent les magistrats de front et extirpent de la profession les éléments pourris et irrécupérables. La justice malienne est en train de perdre toute sa crédibilité à cause de ces malfrats que l’on libère dans des conditions douteuses, des sentences bizarres rendues à longueur de journée et des recours fantaisistes qui trouvent échos. Et quand on parle de la gangrène de la justice malienne, il ne faut pas oublier les auxiliaires que sont les avocats, huissiers, notaires, commissaires priseurs, greffiers, etc. C’est un coup de pied qu’il faut à toute la fourmilière. Le Mali a besoin de cela et les Maliens ont besoin de cela pour que l’on ne sombre pas un jour dans la tragédie des justices populaires expéditives.
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