Dans une note dont nous avons pu nous procurer une copie, l’ancien ministre Harouna Niang s’exprime sur la situation sécuritaire de notre pays et le manque de résultat criard des différentes stratégies de lutte contre le terrorisme, envisagées depuis plusieurs années.
Selon lui, il est important de savoir que dans toutes les mosquées du Mali le narratif des jihadistes sur l’islam est vivement combattu par les imams et les prêcheurs. Et d’ajouter que chaque vendredi, des prières sont faites pour la paix et le vivre ensemble entre toutes les communautés du Mali.
“Tous ceux qui fréquentent les mosquées savent cela et l’association des ulémas et celle des prêcheurs sont très actives dans la sensibilisation des fidèles. Bien entendu ces différents efforts doivent être soutenus en vue de leur amélioration et renforcement”, martèlera-t-il. Il a aussi rappelé qu’il est utile de savoir que la motivation idéologique n’est pas la plus grande raison de l’expansion du terrorisme et de la rébellion au Mali. Car, selon lui, la vraie raison reconnue par les experts qui connaissent bien le Sahel c’est le développement de l’économie criminelle causée par la longue absence de l’état dans certaines zones du pays. C’est pourquoi l’objectif actuel des FAMa pour reconquérir les zones occupées par les terroristes est très important dans la lutte contre ce fléau.
A l’en croire, les zones que les groupes armés revendiquent en se basant sur le cessez-le-feu intervenu avant la signature de l’accord sont en réalité devenues des sanctuaires pour l’économie criminelle, elles sont en réalité occupées par les jihadistes et leurs alliés. “Les groupes armés qui se disent non terroristes savent qu’ils ne contrôlent pas et ne peuvent pas contrôler ces zones face aux terroristes. Ils ne font que s’allient avec ces derniers ou à défaut signer avec eux des accords de non-agression mutuelle tout cela dans le but de profiter ensemble du développement de l’économie criminelle dans lesdites zones”, a-t-il précisé.
Il s’est dit étonné que ni la Minusma, ni Barkhane n’ait fait de cette question de l’économie criminelle un sujet important dont il fallait tenir compte dans la stratégie de lutte contre le terrorisme durant leurs dix ans de présence au chevet du Mali. Au contraire ces deux forces ont œuvré certainement par erreur d’analyse à éloigner les FAMa de toutes ces zones en misant sur les groupes armés qui n’en avaient pas les moyens et la bonne moralité.
A l’entendre, ces groupes notamment les séparatistes ont tout fait pour que le DDR et la création de l’armée nationale reconstituée ne se réalisent. Ils ont donc inventé malgré l’urgence et la priorité de la question sécuritaire plusieurs prétextes pour freiner la mise en œuvre de cette partie de l’accord qui n’arrange pas leurs intérêts individuels et égoïstes. Et de poursuivre que la conséquence est que ces zones se sont transformées petit à petit en des territoires de non droit et où seule la force des armes et la violence dominent et font la loi. “Tout est fait pour créer un enlisement entre les FAMa et les forces opposées. C’est un scénario très familier qu’ils appellent stabilisation comme en RDC, en Palestine. Le problème n’est jamais réglé et tant pis si des populations en souffrent, cela va faire fonctionner une autre industrie qu’ils ont qui s’appelle l’humanitaire”, a-t-il laissé entendre.
A ses dires, il est temps que la communauté internationale y compris la France qui en était le cerveau comprenne ces erreurs et œuvre aux côtés du Mali pour redresser la situation. C’est la lutte contre le terrorisme international qui en sera gagnante en plus des populations innocentes qui sont injustement affectées. “On ne peut pas gagner la guerre contre le terrorisme sans lutter contre l’économie criminelle car les deux ne sont que les deux faces de la même pièce de monnaie”, a-t-il conclu.
Boubacar Païtao