Guerre de libération du nord : La fin déjà ?

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Des chefs terroristes tués dans les confins du nord, des complices et collaborateurs arrêtés à Gao et Tombouctou, la guerre de libération des régions septentrionales tirerait-elle vers sa fin ?

Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, deux chefs islamistes, auraient été tués par les forces tchadiennes en opération au Mali. © Sipa - AFP
Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, deux chefs islamistes, auraient été tués par les forces tchadiennes en opération au Mali. © Sipa – AFP

Vendredi dernier, à l’issue de violents affrontements entre les forces armées tchadiennes et les groupes islamistes qui se sont retranchés dans les grottes du Tegharghar à soixante-dix kilomètres d’Aguel Hoc dans la région de Kidal, l’état-major tchadien a annoncé la mort d’Abdelhamid Abou Zeïd, un des chefs les plus influents, et sans doute le plus cruel, du groupe islamo-narco-terroriste, Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique). Vingt-quatre heures plus tard, au même endroit et dans des conditions semblables, selon les autorités militaires tchadiennes, Moktar Belmoktar est donné pour mort. Ce dernier est un dissident d’Aqmi qui a fondé, il y a quelques semaines, son propre groupe terroriste, la brigade des signataires par le sang, qui a revendiqué, en janvier dernier, l’attaque du site gazier In Amenas en Algérie.
Si leur mort est authentifiée, cela pourrait porter un coup décisif aux groupes terroristes qui contrôlaient, il y a peu, les deux tiers du territoire national. D’autant plus qu’en plus des deux, plusieurs dizaines de leurs hommes auraient également trouvé la mort. De plus, l’état-major fait état de la saisie de plus de soixante véhicules 4X4, du matériel de guerre et de l’armement.
Plus de soixante arrestations
Pendant ce temps, les forces armées françaises et maliennes procèdent à l’arrestation de plusieurs dizaines de présumés complices ou collaborateurs des jihadistes. Ils ont été arrêtés dans le village de Kadji, commune de Gounzourèye (cercle de Gao), un village dont les habitants pratiquent depuis les années 70 un rigorisme islamique de type wahhabite. Ces opérations pourraient se poursuivre dans d’autres localités comme Forgho et Hamakouladji, toujours dans le cercle de Gao, ou Goléa, dans le cercle d’Ansongo, des villages qui trainent la même réputation que Kadji.
Cela augure-t-il de la fin imminente de la guerre de libération des régions du nord? Selon les spécialistes, cette guerre pourrait durer encore des mois. Toutefois, même si les caches d’armes n’ont pas été découvertes, ces opérations menées conjointement par les forces françaises et maliennes pourraient avoir le mérite de circonscrire au moins les actes de guérilla et d’attentats suicides dont les auteurs seraient justement cachés et aidés par les responsables et des jeunes de ces villages. D’autant plus que les militaires ambitionnent de sécuriser, par exemple la ville de Gao et environs, dans un rayon de cent kilomètres alentour. Cette sécurisation inclut les villes de Bourem et d’Ansongo distantes de Gao de, respectivement, 95 Km et de 102 Km. Le cercle de Ménaka pourrait être mis sous le contrôle du contingent, la force delta, dirigé par le colonel-major Alladji Gamou qui a montré toute son efficacité dans la zone située entre Ménaka et Kidal.
Libérer Kidal
Mais tout cela ne serait durable qu’à la condition que la force africaine, censée prendre le relais de l’armée et des forces spéciales françaises, se déploie le plus rapidement possible et de manière efficiente et efficace. Un déploiement qui reste conditionné à l’aide internationale qui se fait toujours désirer, notamment depuis que les pays demandeurs de la Cédéao ont revu leurs prétentions à la hausse.
Pour la stabilité et la pacification du nord malien, il convient également de clarifier au plus tôt le statut de la région de Kidal. Jusqu’à présent cet endroit est occupé par les éléments du Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad) qui en ont publiquement refusé l’accès aux forces armées et sécuritaires du Mali. S’étant placés sous la protection de la France, les indépendantistes font leur loi à Kidal aux côtés du Mouvement islamique de l’Azawad. Ces deux groupes constituent des succursales de blanchiment pour narcoterroristes et islamo-jihadistes dont la plupart sont visés par des mandats d’arrêt internationaux. Il est mal vu, en effet, par les populations du nord, notamment celles de la région de Kidal, que ce soient justement les agresseurs sécessionnistes, anciens alliés des groupes jihadistes, qui fassent aujourd’hui la loi en lieu et place de l’armée et de l’administration malienne. D’où leur sentiment que leur région a un statut différent des autres régions du nord et leurs ressentiments envers la France qui protège des criminels et les autorités maliennes qui ont encore des scrupules à prendre leurs responsabilités.
Et tant que le cas Kidal n’est pas réglé définitivement avec le retour de cette région dans l’intégrité territoriale nationale, la stabilité et la sécurisation des régions de Tombouctou et de Gao seront précaires.
Cheick Tandina

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6 COMMENTAIRES

  1. Après le bombardement français, Abou Zéid gigotait et blatérait: la mitraille avait ciblé ses entre-jambes, y avaient bousillé les petites boules sensibles. C’est alors qu’un tchadien, se précipitant, bâillonnette au poing, le plaqua au sol, farfouilla dans son pantalon bouffant et sectionna sec son « bakari » désarticulé.Alors, le djihadiste de malheur enfourcha un étalon blanc pour le lieu où languissent des milliers de vierges attendant qu’on les chevauche ardemment et sans pitié!!

    Militaires français et tchadiens ont joué en harmonie

    • La mort d’Abdelhamid Abou Zeid, un des chefs au Mali d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, semblait se confirmer lundi, l’armée française la qualifiant de “probable” et un membre d’Aqmi l’ayant admise, Celle d’un autre dirigeant jihadiste, Mokhtar Belmokhtar, était en revanche beaucoup plus incertaine.

      La mort au cours de combats dans le nord-est du Mali d’Abou Zeid et de Belmokhtar dit “Le Borgne”, tous deux Algériens, avait été annoncée par le Tchad en fin de semaine dernière.

      Sous couvert d’anonymat, un jihadiste d’Aqmi a lui aussi déclaré lundi qu’Abou Zeid était bien mort mais il a démenti le décès de Mokhtar Belmokhtar, selon l’agence mauritanienne d’informations en ligne Sahara Médias (privée).

      Abou Zeid a été tué “par un bombardement aérien français dans les montagnes” des Ifoghas (nord-est du Mali) “et non par les Tchadiens” qui étaient “à plus de 80 km” lors du bombardement, affirme ce jihadiste qui a l’habitude d’écrire pour des sites jihadistes, selon Sahara Médias.

      Il a en revanche démenti la mort de Mokhtar Belmokhtar, “pour la simple raison qu’il se trouve dans la région de Gao (dans le nord du Mali, mais plus au sud du massif des Ifoghas) où il mène les combats contre l’ennemi”. “Il est bien vivant, il n’a pas été tué par les Tchadiens”, dit le jihadiste cité par Sahara Médias.

      Selon lui, Mokhtar Belmokhtar va publier “une déclaration dans un proche avenir pour démentir les allégations mensongères du président tchadien (Idriss Deby Itno) renégat”.

      La mort d’Abou Zeid, annoncée par le président tchadien, est “probable” mais la France n’a pas de “certitude” faute d’avoir récupéré le corps, a de son côté déclaré le chef d’état-major des armées françaises, l’amiral Edouard Guillaud. Concernant Belmokhtar, il a dit être “d’une extrême prudence”.

  2. cette fois-ci mon intervention se limetera à un copier coller d’un editorial d’un quotidien intitulé “les experts de n’djamena” qui me semble bien resumer les evenements.

    Certains sont persuadés que Michael Jackson n’est pas mort. D’autres pensent qu’Elvis Presley va faire sa réapparition bientôt. D’autres jurent que Ben Laden n’a pas été bouffé par les poissons de l’océan Indien. À chaque mort, sa légende. Et celle des chefs terroristes au Mali ne déroge pas à la règle.
    Après la mort annoncée du chef d’Aqmi du Sud, Abou Zeïd, l’armée tchadienne affirme avoir également abattu Mokhtar Belmokhtar, “l’émir du Sahara”. Si cela se confirme, c’est une excellente nouvelle pour la lutte antiterroriste. Mais voilà, il y a un hic. Personne n’est sûr qu’il soit mort. Ni à Paris ni à Washington, encore moins à Alger ou Bamako. Il n’y a que les Tchadiens qui affirment, haut et fort, qu’ils viennent d’abattre successivement deux des plus grandes menaces terroristes au Sahel. Le problème est que faute de confirmation, cela ne fait que renforcer leur légende.
    Car il faut être précis avec les morts. Par expérience, dans la lutte antiterroriste, le premier bénéficiaire d’une annonce de décès est le… mort lui-même. Combien de fois, de Ben Laden à Zerkaoui en passant par Droukdel ou Zitouni, ce sont les chefs terroristes qui orchestrent leur propre mort pour ressusciter plus tard. Combien de fois les armées donnent pour mort un chef terroriste avant de comprendre qu’ils ont fait fausse route. Maintenant, après “les Experts” Miami ou “les Experts” New York, ce sont les “Experts” N’Djamena qui disent qu’ils ont eu les chefs terroristes. Et tout le monde attend les tests ADN, les empreintes dentaires ou simplement de voir les cadavres.
    Car sans cadavres, il n’y a pas de morts. Sans images, il n’y a pas de guerre. Et sans preuves, il n’y a pas de bilan.
    La mort supposée d’Abou Zeïd et de Belmokhtar (qui serait une très bonne nouvelle, répétons-le) est à l’image de cette guerre bizarre au Mali où rien ne transpire. Censure militaire française oblige. La France dit avoir abattu des centaines de terroristes que personne n’a vus. Les hélicoptères bombardent des cibles sans qu’on sache si sous les bombes ont péri des terroristes d’Aqmi ou du Mujao, des Touaregs, des Barabiches ou des Maliens du Nord. Ce qui ouvre, avec certitude, les portes à une future guerre ethnique.
    La guerre au Mali est devenue une foire de la communication de crise. Chaque expert y va de son communiqué. Chaque armée y va de son bilan. Seuls les terroristes sont étrangement silencieux.
    Le Tchad vient de réaliser une prouesse antiterroriste en supprimant deux chefs terroristes après avoir perdu plus de 50 membres de leur armée. Espérons seulement que ce n’est pas de la communication de crise

  3. On doit bombarder cette région des ifogas avec des bombes chimiques afin d’effacer la toute trace de ces vermines cela nous evitera d’exposer nos soldats.

  4. Rien ne prouve à l’heure actuelle que ces deux serpents sont vraiment morts. Attendons que des autorités compétentes le confirment par des test ADN. Ne chantons pas victoire trop vite, cette racaille resiste et il faudra encore quelques semaines pour les sortir de leurs trous à rats et les exterminer.

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