Grave déficit sécuritaire dans le pays des Généraux : Le pouvoir désormais dans la rue

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Plus de 50.000  éléments recrutés  dans les forces armées et de sécurité au cours des cinq dernières années. Une dizaine de généraux nommés pendant la même période… Et pour finir, tout un pays plongé dans l’insécurité ! Trouvez l’erreur !  Evidemment, le pouvoir ayant horreur du vide, l’on doit bien s’attendre  à ce que quelqu’un ou un groupe organisé comble le vide laissé par les pouvoirs publics. C’est le prix à payer.

Les malfrats sont de plus en plus hardis. L’absence de réponses appropriées expliquerait cela.  Tenez : la stratégie des délinquants consiste maintenant à braquer les groupes de jeunes réunis au tour du thé en tirant des balles réelles à l’air pour les effrayer avant de s’accaparer de leurs motos. Ces  bandits circulent en groupe sur des motos et ont déjà opéré dans plusieurs quartiers du district. La dernière opération en date est survenue Samedi 1er Octobre  à l’Hippodrome. Un « GRIN » de jeunes a alors reçu leur visite. Armés jusqu’aux dents comme des commandos en mission commandée, ils ont  fait plusieurs tirs d’intimidation destinés à faire fuir les jeunes et s’accaparer par la suite de leurs engins. Et le plan fonctionna à merveille. Ils enlevèrent trois engins et disparurent. Ces types d’agression sont désormais monnaies courantes dans le district de Bamako. Le manque de réactions aussi. Et ce n’est pas tout.

Encore vendredi dernier à Médina-Coura, et en plein jour, un jeune du quartier se fera agresser à la machette. Il perdit une oreille. Au commissariat de police du 3ème arrondissement où le plaignant se rendit, les policiers exigèrent des frais de déplacement qu’ils perçurent effectivement avant d’inviter le malheureux à les informer une fois qu’il aurait lui-même aperçu ses agresseurs. Naturellement, la victime, ayant dès lors perdu foi aux pouvoirs publics,  a juré de rendre la pareille à son bourreau. Ses camarades aussi

Afin de rendre compte de la psychose qui règne désormais sur la capitale, observez les conducteurs de motos la nuit au delà de 22 H. Tous ont peur, les uns des autres au point que chacun, tout en conduisant, observe avec beaucoup de suspicion les autres qu’il soupçonne d’être ses futurs agresseurs. Pour plus de précaution, certains se prémunissent d’armes blanches ou à feu.
Pour leur part, les populations ont simplement décidé de faire recours à l’article « 320 », à savoir, la vindicte populaire. Et savez la meilleure ? En réaction, les malfrats ont à leur tour promis de ne plus faire de cadeaux à leurs éventuelles victimes. En somme, ils ne se contenteraient plus de les dépouiller, mais les abattront pour l’exemple.

Le pouvoir a horreur du vide
Un incident survenu fin septembre dernier à Kalaban-coura  est très révélateur du risque que fait courir la démission des autorités actuelles.  Aux environs de 04 H du matin, un  groupe d’individus  prit d’assaut l’hôtel dénommé «Flamboyant». Ils saccagèrent et incendièrent tout.

Les assaillants ont la particularité d’être des citoyens ordinaires et surtout…, des religieux ; de fervents musulmans soucieux de préserver «leur territoire». Par crainte que la structure hôtelière en question ne serve de lieux de débauche et par extension de nid de malfrats, ces religieux ont donc entamé une opération de «nettoyage et de pacification».
 
Ce n’était pas une première et la question ne résume pas au seul Hôtel Flamboyant, mais bien au delà. . Les populations civiles se joignent de plus en plus aux organisations religieuses pour faire aboutir leurs revendications sécuritaires et /ou morales. Et ironie du sort : au même moment ce sont des agents du service de l’ordre qui  se retrouvent autant parmi les victimes de vol et de braquage  que chez les agresseurs et présumés auteurs de hold-up. Ce qui atteste des limites de l’Etat.

En clair, ces organisations  confessionnelles ont montré leur efficacité et surtout leur volonté inébranlable à préserver l’ordre et la probité morale dans leurs bastions respectifs. Toute chose qui justifie amplement le grand intérêt que portent désormais en elles, des populations durement confrontées à un défi sécuritaire.   Tout se passe désormais comme s’il s’agissait désormais de deux Etats dans un même pays.
 T. Coulibaly 

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