Après plus de six ans de gouvernance marquée par des tergiversations et des cafouillages manifestant un manque criard de vision, le pays s’enfonce inexorablement dans une misère existentielle indescriptible. Les Maliens ne savent plus désormais à quel saint se vouer. Certains n’hésitent plus à réfléchir même à des scénarii catastrophes…
– Maliweb.net – Dans l’histoire du Mali moderne, c’est la première fois qu’à un président démocratiquement élu, certains Maliens suggèrent de démissionner pour, disent-ils, « abréger les souffrances du peuple ». C’est la nouvelle trouvaille d’une opinion publique de plus en plus exigeante, composée d’anciens diplomates, des autorités traditionnelles et coutumières, d’acteurs politiques, etc., qui prennent leur courage à deux mains pour dire au chef de l’Etat, par lettre ouverte ou par des discours, de « quitter la présidence du pays ». Qu’est-ce qui s’est passé avec ce même IBK plébiscité en 2013, adulé par tout un peuple comme le probable sauveur de la nation ? La déception est trop grande, le constat plus qu’amer et les yeux du peuple ont rougi !
Brillamment élu en 2013 et réélu en 2018, le président de la République est censé détenir des solutions aux multiples problèmes qui assaillent le pays. Pour le moment, après plus six ans au pouvoir, IBK semble avoir tout essayé sans succès : les attaques se multiplient et endeuillent les FAMA et les populations en général, chaque jour que Dieu fait. La paupérisation s’intensifie et nos structures de santé deviennent de véritables mouroirs à ciel ouvert.
Le nombre de victimes des attaques terroristes ne cesse d’augmenter dans le pays. Cas récent des 40 morts du côté des FAMAs et des disparus à Boulkessi et Mondoro… Tout le pays reste impuissant, le mal-vivre aussi s‘étend, qui par des soins médicaux mal administrés, qui par pauvreté chronique pour se soigner… Nos hôpitaux sont des mouroirs. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour au Centre hospitalier universitaire Gabriel Touré, le Point G et dans les centres de santé de référence des différentes communes de Bamako, mais aussi à l’intérieur du pays.
La rareté de l’argent, les difficultés de trésorerie de l’Etat font que pour des problèmes mineurs de santé, les patients peinent à trouver l’assistance et la solidarité habituelle de leurs proches parents. C’est le cas, la semaine dernière où un opérateur économique à qui l’Etat doit de l’argent a vu l’un de ses parents manquer de soins appropriés et succomber à sa maladie.. C’est désormais très fréquent des cas où pour une petite crise de palu ou de fièvre typhoïde, l’on passe de vie à trépas, sans que cela n’émeuve outre mesure.
Sur le plan social, les travailleurs de différents secteurs ont des difficultés et des menaces et autres préavis de grèves font l’objet de tractations et de promesses de satisfaction des doléances. Mais, dans la réalité, le gouvernement semble s’inscrire dans le désamorçage récurrent de la fronde sociale. Ce qui fait que c’est quasiment à la veille des grèves que des communiqués sont pondus dans les médias pour parler de « suspension » du préavis. Tel fut le cas, la semaine dernière avec les DAF, DFM, CPS et autres cadres financiers.
Par ailleurs, au plan sécuritaire, les mouvements signataires de l’Accord pour la paix d’Alger boudent le processus de décrispation et de mise en œuvre du document. Ceci, depuis la sortie du chef de l’Etat annonçant la possibilité de discuter certaines parties de cet Accord. Conséquence : la CMA et ses alliés se font amadouer pour reprendre leur place autour de la table du Comité de suivi de l’Accord. Ces ex-rebelles maintiennent le blocus autour de Kidal qu’il considère comme leur enclave, malgré les régulières montées au créneau du ministre des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, à différentes tribunes internationales.
Cette situation de blocage et de ni paix ni guerre à Kidal et dans le septentrion a poussé les comparses de ces terroristes déguisés en « ex-rebelles » à écumer la région du centre du pays et à y semer la désolation à travers des attaques à répétition. L’on signale, ces derniers jours, des attaques meurtrières sur plusieurs villages dans le cercle de Koro et ses environs. C’est au point que ces violences armées se banalisent au grand désarroi des populations de ces zones obligées de fuir leurs habitations pour chercher refuge sous d’autres cieux. Comment comprendre que les populations de plusieurs localités du centre et du nord soient aujourd’hui obligés de passer par le Niger et :ou le Burkina Faso pour aller dans leurs villages ? Certains cadres des localités de Youwarou, Ménaka, Ansongo, Niafunké, Diré, Gourma Rharous, Goundam , etc n’arrivent plus à rentrer dans leurs villages pour participer aux différentes cérémonies traditionnelles.
Cette situation perdure au moment où des forces armées internationales écument notre territoire : la MINUSMA, la Force Barkhane, la force du G5 Sahel et peut-être une force de la CEDEAO ! Malgré tout cette armada, l’hydre terroriste nous tue et occasionne des charges financières s’évaluant à près de 22 % du budget annuel du pays. Pis, la gestion de ces fonds ne se fait pas aussi selon l’orthodoxie reconnue en la matière. Si non comment expliquer que la manne financière injectée par la loi d’orientation et de programmation militaire peine à porter ses fruits ? Quid de la loi d’orientation et de programmation sur la sécurité ? Plusieurs centaines de milliards de nos francs déboursés et qu’il faille auditer !
Surtout quand le président de la République lui-même, chef suprême des Armées, vient à éventrer une affaire d’avions ou hélicoptères militaires « cloués au sol ». Faute de mauvaise commande, de pots-de-vin, de marchés frauduleux ? Et dire que depuis plus de deux mois que cette affaire défraie la chronique, personne n’est encore inquiété ! Il sied de sévir avant que le désespoir ne nous emporte tous !
Boubou SIDIBE/Maliweb.net