G5 Sahel : les parlementaires prennent le taureau par les cornes

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Un soldat de l'armée malienne garde l'entrée du G5 Sahel le 30 mai 2018. © AFP/Sebastien Rieussec
Un soldat de la force conjointe à Sévaré (Mali), en mai 2018. © Sébastien Rieussec/AFP

C’est à travers un comité d’action que des députés français et européens, alliés à leurs homologues des pays du G5 Sahel, entendent rendre plus transparente l’action des forces armées dans cette région.

« Nous continuerons à être engagés jusqu’à ce que la victoire soit complète », estime Emmanuel Macron. Selon le président français, la France répond à « l’intégralité des engagements pris vis-à-vis des pays du G5 Sahel (Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Tchad) pour lutter contre les groupes djihadistes », a-t-il déclaré cette semaine en recevant son homologue burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, avant de se rendre samedi au Tchad.

La force du G5 Sahel mobilisée de toutes parts

Du côté du terrain, l ‘attentat contre le poste de commandement du G5 Sahel en juin dernier à Sévaré, au Mali, a porté un coup dur à la force régionale et a révélé les failles sécuritaires des pays membres. Non seulement cet attentat l’a conduit à suspendre temporairement ses opérations, mais il a aussi fini par semer le doute dans les esprits. À tel point que, pour les populations, « plus il y a d’uniformes, moins il y a de sécurité ». Un véritable paradoxe qui s’explique aussi parce que les habitants ont l’impression que les bailleurs de fonds ont injecté beaucoup d’argent pour très peu de résultats.

« Le G5 Sahel a besoin d’une appropriation par ses populations, d’une approche démocratique, d’un contrôle pour une meilleure gouvernance », a expliqué le député français Jacques Maire (LREM, majorité) à l’issue d’un sommet interparlementaire G5 Sahel qu’il organisait. «  La lutte contre le terrorisme a toujours des zones grises. (…) Ce qui est essentiel, c’est que nous travaillions tous à rassurer et à expliquer aux populations ce qu’est la force, y compris au niveau local », renchérit Maman Sambo Sidikou, secrétaire permanent du G5 Sahel de passage à Paris. Pour le diplomate nigérien, dont le pays assure actuellement la présidence du G5 Sahel, cette réalité est encore plus saisissante dans la région des trois frontières (Tchad à l’est, Mali-Burkina Faso-Niger au centre, Mauritanie-Mali à l’ouest, NDLR) qui pose problème. « Vous avez vu, c’était d’abord le nord du Mali, c’était le centre du Mali, puis, à chaque fois que les forces terroristes ont été poussées dans leurs retranchements, elles ont bougé et donc aujourd’hui, c’est là. Mais n’oubliez pas une chose, nous avons la Libye, nous avons les trois frontières et nous avons Boko Haram. C’est beaucoup. Je pense qu’il ne faut pas se faire d’illusions. Aucun de nous n’est épargné. Aujourd’hui, ce sont les trois frontières, demain cela peut être ailleurs. »

Une reprise des opérations en 2019 sans attendre les fonds

Face aux craintes d’enlisement, le chef d’état-major des armées françaises, le général François Lecointre, a confié à l’AFP que «  l a force anti-djihadiste va reprendre ses opérations dès le début de l’année prochaine, après le coup d’arrêtsubi cet été, même si toutes les aides promises ne sont pas encore au rendez-vous ». « Le général Hanena (Ould Sidi, commandant de la force, NDLR) sait qu’il peut relancer des opérations et il va le faire sans doute dès le début de l’année prochaine et éventuellement avant la fin de l’année », a-t-il déclaré en marge du sommet de Paris.

Les députés veulent avoir leur mot à dire

Ce défi opérationnel pourrait-il être relevé si les parlementaires français, européens et africains avaient leur mot à dire ? C’est en tout cas leur souhait. Jacques Maire, député LREM, vice-président de la commission des Affaires étrangères et président du groupe d’amitié France-Niger à l’Assemblée nationale, a travaillé toute l’année sur le sujet. « L’objectif, ce n’est pas plus d’annonces, mais plus de décaissements. » L’activisme de cet ancien diplomate a finalement débouché sur quelques résultats. « Nous avons convaincu d’abord les militaires qui craignent l’enlisement de recevoir notre appui, ensuite les bailleurs de fonds. En effet, ces derniers rencontrent de nombreuses difficultés pour engager les financements parce qu’il y a beaucoup de corruption et de la mauvaise gouvernance. »

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