Financement de la force conjointe du G5 Sahel: réunion ministérielle ce 30 octobre à New-York

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A l’initiative de la France, qui préside le Conseil de sécurité, les ambassadeurs des 15 pays siégeant au Conseil étaient en visite jusqu’à hier dimanche dans trois pays (Mali, Mauritanie, Burkina Faso) membres du G5 Sahel avec le Niger et le Tchad. Les enjeux de cette mission au Mali étaient au cœur d’une conférence de presse animée, samedi, à l’hôtel Radisson.

Le principal conférencier était l’Ambassadeur français aux Nations unies, François DELATRE, qui avait à ses côtés ses homologues éthiopiens et italien, Alemu TEKEDA et Sebastiano CARDI. C’était en présence du représentant spécial du SG de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh ANNADIF, Chef de la MINUSMA.

Cette visite, voulue par la France, ont expliqué tour à tour les conférenciers, vient à point nommé, car elle a permis aux membres du Conseil de sécurité de mesurer de visu la situation sur le terrain et d’échanger directement avec les Etats du G5Sahel et de faire des propositions concrètes au SG de l’ONU sur la meilleure manière de soutenir davantage la force conjointe.

Face à la presse, les conférenciers ont exprimé leur profonde préoccupation à l’égard de la persistance de retard important dans la mise en œuvre de dispositions centrales de l’accord, avant de manifester l’impatience de l’ONU, notamment de son Conseil de sécurité aux signataires de l’Accord pour la paix au Mali, signé en 2015, à propos des retard dans son application.

De même, il ressort des différentes interventions qu’une réunion ministérielle sur le soutien au G5 Sahel est prévue le 30 octobre à l’ONU. De même qu’une conférence des donateurs, le 16 décembre à Bruxelles.
Selon l’ambassadeur français, François DELATRE, le Conseil de sécurité de l’ONU est convaincu que le G5Sahel contribuera à ramener la paix et la sécurité au niveau de l’ensemble des pays du Sahel.
«Sa mission est complémentaire à celle des Nations unies au Mali (MINUSMA). Elle couvre une zone géographique bien plus large. Elle a pour vocation de mener des opérations anti-terroristes. Ce qui n’est pas le rôle de la MINUSMA», a-t-il expliqué.

L’objectif de cette mission est de faire en sorte que les deux forces coopèrent de plus en plus étroitement et de la manière la plus efficace possible.
«Nous pensons que la MINUSMA et la force conjointe du G5 Sahel sont des outils complémentaires qui ont vocation même à constituer un modèle type d’articulation vertueuse entre toutes les missions des Nations Unies et le opération africaine de paix», a-t-il dit.
Dans ce contexte, a-t-il fait savoir, la communauté internationale, en premier lieu le conseil de sécurité a responsabilité politique d’apporter tout le soutien nécessaire aux Etats africains qui s’unissent à l’échelle régionale contre le terrorisme.
«Le sens du message que les membres du Conseil de sécurité sont venus porter aux dirigeants du G5Sahel c’est de les dire : Vous pays du G5 Sahel, vous n’êtes pas seuls pour affronter la menace terroriste à laquelle vous faite face», a-t-il martelé
Avant d’ajouter qu’il est essentiel pour l’ONU de doter les pays G5 Sahel de moyens nécessaires dans la lutte contre le terrorisme.

C’est la raison pour laquelle elle (ONU) a adopté une résolution qui salue les efforts des pays du Sahel. C’est dans cet esprit que le Secrétaire général vient de faire des propositions ambitieuses en vue d’un soutien onusien à la force conjointe en la décrivant comme une opportunité à ne pas manquer.
M. DELATRE a insisté sur le fait que la présente mission, qui a pris fin hier dimanche, va permettre de mieux préparer la rencontre des ministériels du Conseil de sécurité que présidera le ministre français de l’Europe et des affaires étrangère, Jean Ives LEDRIAN, le 30 octobre 2017 à New-York.

Cette rencontre, a-t-il révélé, aura pour objet de définir collectivement la meilleure manière dont la communauté internationale et l’ONU peuvent soutenir la force du G5Sahel.
Selon lui, la stabilisation du Sahel ne saurait passer par une approche uniquement sécuritaire. Elle appelle également une réponse politique.

«Il n’y aura pas pratiquement de stabilité durable dans la région sans résolution de la crise au nord du Mali. Cela est extrêmement important», a-t-il assené
Faisant le point de cette visite, l’ambassadeur DELATRE dit avoir constaté et retenu 3 messages dans notre pays, à savoir : Une volonté commune, unanimement partagée de l’ensemble des interlocuteurs d’éradiquer la menace terroriste ; un engagement déterminé derrière la force du G5 Sahel, notamment de la part des deux chefs d’Etat, mauritanien et maliens. Mais ce qui lui surtout frappé, selon ces propos termes, c’est la clarté des messages de deux chefs d’Etat (Malien et Mauritanien), leur volonté de mettre en commun les ressources de leur pays et du G5Sahel pour parvenir à éradiquer la menace. En sommes, c’est un appel clair de l’ensemble des interlocuteurs à un soutien international accru à travers l’ONU aux pays du Sahels.

Voilà un certain nombre de préoccupations exprimées par les acteurs du Sahel que les diplomates s’engagent à remonter et à partager avec leurs chefs d’Etat, ainsi que le Conseil de sécurité.
La mission a aussi rappelé aux membres du CSA face à l’importance de la mise en œuvre accéléré de l’Accord qui est une clé pour la stabilité dans la région
«Après avoir écouté avec beaucoup d’attention les messages des différentes parties (gouvernement, groupes armés) sur l’état de la mise en œuvre de l’Accord, nous les avons fait part des préoccupations de l’ensemble des membres du Conseil de sécurité. Mais aussi de leur impatience concernant la nécessité d’avancées concrètes, tangibles, rapides de la part de toutes les parties dans la mise en œuvre de l’Accord», a dit le français François DELATRE.

C’est pourquoi, il a jugé la rencontre avec les membres du CSA comme une réunion importante et instructive. «Toutes les participants repartent de cette réunion, non seulement avec une appréciation commune, un engagement partagé et renouvelé, mais aussi avec une vraie feuille de route», a-t-il expliqué.
Par ailleurs, a-t-il prévenu, le Conseil de sécurité continuera à suivre de très près dans les semaines qui viennent.

«Nous attendons de la part des parties qu’il y ait des avancés dans les tous prochains jours et en tout état de cause avant la fin de l’année ».

De son côté, l’Ethiopien, Alemu TEKEDA, a déploré la lenteur dans la mise en œuvre de l’accord. Il a souhaité que les choses s’accélèrent pour que le Mali retrouve très rapidement son rang de pays modèle en matière de démocratie en Afrique qu’il occupait, il y a dix ans de cela.
Il a rendu hommage aux soldats de la MINUSMA qui ont payé de leur vie pour aider le Mali à retrouver la paix.
Pour sa part, Sebastiano CARDI a tenu salué la France pour avoir pris cette initiative. Cette mission témoigne de l’intérêt de la communauté internationale pour la mise en œuvre de l’Accord, mais aussi pour la force du G5Sahel.

Selon lui, la mise en œuvre de l’Accord est fondamentale pour le Mali mais aussi pour le G5 Sahel. Il a invité la communauté internationale à soutenir les pays du Sahel dans leur lutte contre le terrorisme.
«Nous repartons à New-York avec des éléments d’appréciation qui aideront le Conseil de sécurité à mieux soutenir les pays du Sahel», a conclu M. CARDI.

Par Abdoulaye OUATTARA

 

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