En cette rentrée des classes, la menace des djihadistes sur les écoles se fait plus pressante. Alors que la situation des écoles au Nord et au Centre demeure alarmante avec au moins 250 écoles fermées. C’est au tour des écoles dans les régions de Koulikoro et Ségou de subir l’ire de groupuscules armés. Ainsi, depuis la semaine dernière, plus d’une vingtaine d’écoles ont été fermées par des présumés djihadistes qui exigent l'instauration d'un enseignement exclusivement religieux. Les enseignants ont été contraints de fuir ces localités.
Plusieurs jeunes à moto, enturbannés et armés sont arrivés dans les localités de
Sébété,
Fanibougou,
Semené,
Gounando,
Dandougou,
Toubacoro,
Siribala et
Ballala dans le cercle de
Banamba, région de
Koulikoro. Ils se sont présentés comme des jihadistes, fidèles au prédicateur radical Hamadoun Koufa et entendent désormais faire régner leur loi. Ils ont procédé à des séances de prêches dans quelques mosquées. Ils ont ensuite instruit aux
enseignants d’abandonner l’enseignement occidental, au profit de l’école coranique et ont aussi demandé à la population de suivre leurs instructions et de bannir toutes pratiques contraires à l’
Islam.
La présence des
djihadistes est également signalée à
Bellen dit
Sagala, dans la région de
Ségou. Dans cette localité, des présumés
djihadistes ont fermé des
écoles et ont demandé aux femmes de porter des voiles et d'abandonner les cérémonies de mariage et baptême, de ne plus écouter la musique. Déjà, près de 2 000 élèves ne peuvent plus aller à l'école où les cours sont dispensés en français. Des enseignants menacés par des présumés jihadistes ont de leur côté pris leurs jambes à leur cou pour rallier Bamako ou d'autres localités. Et pourtant, la fermeture des écoles dans ces localités du
Sud du pays, intervient à un moment où les autorités tentent de rouvrir
250 écoles fermées récemment après la visite du
premier ministre dans la région de
Mopti le 2 octobre dernier, le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga dirigeait alors une opération de réouverture des écoles fermées non loin de Mopti du fait de l’insécurité causée par les islamistes. Cette initiative se faisait dans le contexte de la rentrée scolaire.
Plus de 142 écoles fermées !
Les régions de
Mopti et
Kidal enregistrent le taux le plus élevé des écoles fermées. En effet, la région de Mopti a le taux de scolarité le plus bas (24%). A cela, s’ajoute l’insécurité dans le Macina (Delta du Niger). Les écoles sont plus affectées dans les CAP de Djenné et de Ténenkou. De nos jours, plus de 142 écoles sont fermées, avec des centaines d’enseignants et élèves affectés en raison des menaces et de la psychose qui règne dans ces localités. Dans le cercle de
Youwarou 58 écoles étaient fermées l'année dernière. À cela, s'ajoutent aussi les infrastructures et équipements incendiés par les hommes armés. Toujours dans la région de
Mopti, plus de
100 écoles sont fermées dans le cercle de
Douentza. Selon le directeur du
CAP, seules
11 écoles dans la commune de
Hombory et
14 autres dans la Commune de
Koubewel Koudia pourront reprendre les activités scolaires cette année.
Vers le Nord du pays, dans la région de
Tombouctou, le
CAP de
Niafunké compte
34 écoles fermées à ce jour.
À Kidal, sur les
71 écoles que compte la région seulement une était ouverte l'an passé. Environ 150.000 enfants sont déscolarisés ou non-scolarisés du fait de ces fermetures d’écoles.
Le rapport trimestriel sur le Mali d’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, met en relief l’inefficacité (ou la faiblesse) des forces de sécurité maliennes face au fléau que représente le djihadisme. Selon ce rapport, “à la fin de l’année scolaire, en raison de l’insécurité résultant des menaces et des attaques de groupes extrémistes violents, 735 écoles sont restées fermées”, dont 464 dans la seule région de Mopti.
Toujours selon ce rapport du patron des Nations unies, les faits montrent “que 1.108 écoles avaient fermé leurs portes au moins une fois (pendant 20 jours d’affilée) durant l’année scolaire 2017 – 18”. Cette situation a privé jusqu‘à “332.400 enfants de scolarité”.
Face à cette situation, le gouvernement affirme qu’il fera tout pour rétablir l’ordre républicain sur le terrain. Mais ce discours reste en décalage avec la réalité sur le terrain. Les autorités peinent à faire face à cette situation qui traduit tout l’échec du régime en place. Pour les élèves, le chemin de l’école reste encore long.
Mémé Sanogo