Farabougou : L’étau desserré

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Quand les forces spéciales ont pris pieds vendredi dans le village encerclé, Bamako signifiait aux djihadistes par un acte-message le combat dont il se donnait les moyens.

Les dirigeants étaient au début dans la surdité avant de se décider à agir. La privation de liberté de mouvement et la faim avaient saisi ce village, deux ennemis qui vont rarement ensemble et qui cependant s’étaient ligués contre trois milliers d’âmes,  une espèce d’alliance des abîmes. L’écho de leurs cris de détresse parvenait au monde, plus particulièrement aux autorités transitoires. Nous avons faim, nourrissez-nous ! Nous sommes assiégés, libérez-nous ! Mais ceux qui avaient une faim de loup voyaient le bonheur quoique minime tomber du ciel : des sacs de riz, de bidon d’huile, que sais-je encore. Puis, soufflait le vent de la libération. Des troupes aéroportées avaient extrait les habitants des fourches de djihadistes.

Farabougou s’était cru condamner à tout jamais, tant l’intervention des forces de défense tardait à venir. Les allers et retours  des populations sont si nécessaires aux gens qui veulent toujours voir le monde traverser leur horizon. Et cet horizon n’est rien d’autre que les liens sociaux, les opportunités d’échanges avec les autres, de faire le plein de céréales en cette fin d’hivernage. Des hommes et des femmes épris de cette vie libre et active subitement confisquée comme des oiseaux mis en cage.

 

Braves libérateurs

 

Sous l’uniforme de leurs libérateurs battent des cœurs les plus braves et les plus nobles de l’armée. La catastrophe tant redoutée des oiseaux de mauvais augures n’a pas eu lieu. Les forces spéciales sous la direction du vice-président Assimi Goïta sont entrées sans tirer le moindre coup de feu.

Le jeu de menaces, d’épreuves de forces simulées, avait trouvé place à Farabougou. Si la stratégie ne possède pas d’autre moyen que le combat, il convient de rappeler explicitement qu’il suffit parfois d’offrir ou de simuler le combat pour obtenir un résultat équivalent à celui du combat réel.  Quand les forces spéciales ont pris pieds vendredi dans ce village encerclé, Bamako signifiait aux djihadistes par un acte-message le combat dont il se donnait les moyens. De même, la mise en état d’alerte maximale des forces de défense et de sécurité sur l’ensemble du territoire national aux lendemains des menaces proférées par Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali  de plus laisser de répit aux soldats équivalait à un message.

Dès lors que les forces armées ont détruit une base ennemie, elles ne pouvaient guerre adopter une stratégie différente : elles devaient la détruire afin de préserver les troupes aéroportées des renforts ennemis,  de limiter d’éventuelles pertes d’hommes et d’affirmer sans l’ombre de doute leur supériorité. Il se pouvait que la surprise et le découragement entraînât la résignation au moins temporaire des djihadistes à battre en retraite.

La doctrine militaire malienne est fondée sur la démonstration répétée de la supériorité de nos forces. Elle requiert donc des actions de représailles chaque fois que, localement les batteries ou les commandos de l’ennemi ont infligé quelques pertes. Pour que cette stratégie ne s’épuise pas progressivement, il serait bienséant de consolider et de moderniser l’outil de défense en procédant à un recrutement massif au regard de la vaste étendue du territoire national. Ne nous trompons pas de porte : la Russie et la Chine sont nos fournisseurs traditionnels.

 

Parfum d’hypocrisie

Au moment où le peuple savourait avec les militaires la libération de Farabougou, en attendant d’autres bonnes nouvelles, une nouvelle musique est venue du Secrétaire général de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) qui s’est dit favorable à un dialogue avec les « djihadistes modérés ». Faut-il en rire ou en pleurer ? D’aucuns se sont barricadés derrière le constat que  « l’épreuve de feu a montré ses limites ». Il y a un parfum d’hypocrisie dans le système international. Il se trouve toujours des Etats pour jouer le rôle de marchands d’armes ou qui financent le terrorisme. L’ONU sait bien qui arme les groupes islamistes dans le Sahel, qui les finance. Pour l’instant le système international n’envisage pas d’isoler le Qatar, l’Arabie Saoudite, du reste alliés des puissances occidentales.

Georges François Traoré

 

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