Faille sécuritaire au Radisson : Comment le chef du peloton de sécurité a été exécuté

Dès les premières heures de l'attaque, Abdoulaye Magassouba a perdu la vie, tué d'une balle dans le ventre. Magassouba était le chef des agents de l'Agence de privée de sécurité qui gardaient les locaux du RADISSON. L'agence ESCORT, la seule à avoir reçu l'autorisation d'user des armes, passe pour une entreprise sérieuse qui, outre le RADISSON, assure la surveillance de certaines stations-services et de résidences huppées.

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Au RADISSON, nous apprend-on, “les agents de sécurité d’ESCORT possèdent chacun un pistolet; cependant, l’arme la plus lourde, un pistolet-mitrailleur, est la chasse gardée du chef du peloton de sécurité, Magassouba.”. Ce dernier a ses quartiers dans le hall où il a l’œil rivé sur les mouvements incessants des clients.

 

Absence des forces  de l’ordre

Ayant aperçu, derrière la voie goudronnée qui jouxte l’hôtel, deux bandits sortir leurs armes de sacs de   voyage qu’ils portaient, un agent de sécurité qui, après la relève,  rentre chez lui vers 6 h 30, se met à crier à ses collègues assis à la barrière de sécurité: “Levez-vous! Ils vont tirer sur vous! Ils sont armés!”. L’agent n’a pas fini de sonner l’alerte qu’il est fauché par une balle en pleine cuisse. Un des assaillants vient de lui tirer dessus. Heureusement pour lui, il se traîne cahin caha hors du théâtre des opérations avant d’être admis aux urgences de l’hôpital Gabriel Touré où il sera opéré avec succès dans la nuit du vendredi.

Magassouba, lui, n’a pas cette chance. Entendant tirer dehors, il sort de l’hôtel pour s’enquérir de ce qui se passe. Les assaillants ne lui en donnent pas l’occasion: ils lui logent une balle en plein estomac. Le malheureux s’écroule, passant immédiatement de vie à trépas.“Sa mort aurait peut-être été évitée si des forces de l’ordre maliennes étaient présentes sur les lieux”, se lamente une source qui déplore que malgré la présence d’une agence de la BDM à côté du RADISSON, les gardes nationaux ne prennent service qu’à 8 heures du matin et n’y passent pas la nuit. “Comment justifier qu’une ruelle abritant une agence bancaire et l’hôtel le plus fréquenté de la capitale ne bénéficie pas d’une protection policière permanente?”. C’est probablement en tenant compte des horaires de travail des forces de l’ordre et de l’équipement sommaire des agents de sécurité privés que les assaillants ont établi leur plan d’opération.

Il y a lieu aussi de s’interroger sur la facilité avec laquelle un véhicule muni d’une plaque diplomatique a pu franchir le barrage de sécurité. Une source nous révèle qu’en réalité, les agents de sécurité promènent leur détecteur de métaux sous les véhicules mais ne fouillent pas ceux-ci. Une telle erreur a-t-elle été commise en l’occurrence ? C’est possible, même si certaines sources affirment que le véhicule diplomatique en cause était déjà devant l’hôtel longtemps avant l’attaque: il appartiendrait à un client dont le chauffeur aurait abandonné l’engin aux premiers coups de feu.

Autres failles sécuritaires

L’autre faille du dispositif sécuritaire a trait à la manière dont trois des assaillants ont pu s’enfuir. Se sont-ils mêlés aux premiers clients libérés ? Ou bien se sont-ils échappés avant l’arrivée des forces de sécurité ?

 

Tiékorobani

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2 COMMENTAIRES

  1. “Comment justifier qu’une ruelle abritant une agence bancaire et l’hôtel le plus fréquenté de la capitale ne bénéficie pas d’une protection policière permanente?”
    En claire les forces spéciales maliennes ont fait leur boulot mais les décideurs étaient encore absent.

  2. En complément de cet article, Sankingba ajoute qu’en effet, le jeune Abdoulaye Magassouba naquit en Côte d’Ivoire mais porte la nationalité malienne. Après le décès de son père à Daoukoro, il rejoint les parents de celui-ci dans un petit village de Kangaba où il fut scolarisé et élévé. Après son admission au DEF, fut orienté dans une école de comptabilité au terminus de Lafiabougou. Il obtint alors son CAP avant de postuler pour la société de vigiles.
    C’était un homme intègre à l’image du bon malinké et juste comme le bon musulman. Il était admiré par ses chefs de par son assiduité à la tâche, craint des filous de l’hôtel Radisson et admiré par ses camarades de service de garde. C’est lui qui après avoir intercepté un travailleur de l’hôtel dissimulant dans un sac plastique deux poulets, des pommes et deux canettes de Ivoro, décida de le traduire devant la direction de la gérance de l’hôtel. En dépit des prières et des supplications, l’homme resta de marbre et fit ce que lui impose le devoir. Depuis, il était indexé au sein de l’hôtel et souvent mal aimé par leur voleurs de l’hôtel et qualifié comme l’homme qui n’arrange pas.
    En ce vendredi matin, son jour fatidique, il devrait descendre du service quand son remplaçant prit du retard. L’homme n’abandonna pas son poste et resta au service jusqu’à ce que brusquement retentirent des cris vers les chicanes d’entrées de l’Hôtel. Quand il voulut en savoir plus, c’était pour le rendez vous de la mort. Il n’a pas eu le temps d’utiliser son arme de dotation. Les assaillants étaient déjà en face. Une rafale le neutralisa. Sa mort a déclenché la panique dans les hall. Et trop tard, les djihadistes étaient là, face à tout ce monde paniqué.
    Que le jeune dorme en paix. Sankingba s’associe à la direction de Radisson Blu pour des prières en sa mémoire. Difficile d’échapper à son destin, Abdoulaye a été victime des balles alors qu’il n’était pas sous le drapeau. Pourquoi ne pas le décorer un jour? Car il fut un bon serviteur de la République.

    VIVE LA REPUBLIQUE

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