Face à l’insécurité et l’organisation de la présidentielle : Que peut faire (encore) SBM ?

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Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga
Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga

Soumeylou Boubeye Maïga, nommé Premier ministre  le 30 décembre 2017, vient de boucler ses 100 jours à la tête du gouvernement. Ce temps paraît court pour juger des capacités de SBM à remettre le train Mali sur les rails, mais suffisant pour augurer de son aptitude à relever les défis de l’heure: enrayer la spirale terroriste, assurer la sécurité des Maliens et de leurs biens, organiser des élections transparentes et apaisées. Sur ces chantiers et au vue de la situation qui prévaut, difficile de parier sur la réussite du « Tigre » qui, au-delà des discours rassurants, a encore à prouver sa qualité de « fin stratège qui n’échoue jamais, ou presque». Encore que le temps lui ait compté. Réussira-t-il en trois petit mois à rétablir l’ordre sur tout le territoire national pour permettre la tenue de la présidentielle ? L’incertitude demeure…

Il n’a pas de déclaration de politique générale (DPG). Et il ne le fera peut être pas. Mais, dès son entrée en fonction, Soumeylou Boubèye Maïga a défini le cadre dans lequel s’inscriraient ses actions. Il a affiché, en effet, une réelle détermination à mener une lutte implacable contre le terrorisme et autres formes d’insécurité qui assaillent le pays et ses populations, à redynamiser le processus de réconciliation et organiser des élections crédibles… Autant d’ambitions qui cadrent avec les préoccupations de la majorité des Maliens, singulièrement  déboussolés par la furie meurtrière des terroristes et autres bandits. Le phénomène a atteint son paroxysme dans les régions de Ségou et de Mopti, auxquelles le nouveau Premier ministre a consacré ses premières visites sur le terrain. En ces sorties et les annonces faites à l’occasion, l’opinion nationale y avait vu le « début de la fin de la terreur terroriste » dans ces localités. En effet, SBM avait promis des moyens conséquents aux forces de défense et de sécurité, le retour effectif de l’Etat partout où il était absent, l’ouverture imminente des écoles fermées… « Nous allons chercher les bandits armés et terroristes où qu’ils se cachent et nous les neutraliserons » disait-il. Et depuis… La situation sécuritaire reste toujours préoccupante dans l’ensemble. Et la paralysie que connait le système éducatif est éloquemment illustrative du climat délétère qui prévaut dans la région de Mopti. Près de 200 écoles fermées, certaines incendiées, des enseignants menacés de mort par des présumés jihadistes hostiles à l’administration. «Aujourd’hui dans l’académie de Douentza il y a 183 écoles fermées au cours d’une année. Dans l’académie de Mopti nous sommes à 257 écoles fermées. Et tout ceci à cause de la recrudescence de cette crise-là », selon le directeur de l’Académie d’enseignement de Mopti. Selon Amnesty International, 214 000 élèves n’étudient plus en raison de la fermeture de 714 écoles dans le pays dont 440 à Mopti dû à l’insécurité et aux manœuvres d’intimidation des assaillants.

Aujourd’hui, le droit à l’éducation de milliers de scolaires est pris en otage. Abandonnés à leur sort, ils ont exposés à tous les dangers.

Au-delà, les attaques aux engins explosifs improvisés, embuscades contre les forces nationales et étrangères demeurent courantes. Durant ce mois et après la tournée du PM à Mopti, un adjudant-chef de la garde nationale a été égorgé, les terroristes ont attaqué l’hôtel Falaise de Bandiagara faisant deux blessés (un civil et un garde). Plus de 100 personnes (militaires et civils) ont péri  dans les attaques et explosions depuis le début de l’année. Une hécatombe ! Ajoutez-y les victimes des affrontements intercommunautaires, on imagine le calvaire vécu par les populations de cette région. Elles (populations) ne croiseraient plus au « guerrier SBM » dont les promesses peinent à se concrétiser, à l’image de celles de son mentor, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Alors qu’ils étaient vivement attendus sur le terrain de la stabilisation du pays, en proie aux violences de toute nature. Le nord (Tombouctou, Gao, Ménaka, Kidal…) ne connait pas un meilleur sort. Dans le septentrion, le seul haut fait d’arme ( ?) de SBM reste « sa visite à Kidal, sans bains de sang ». Mais à quel prix? Selon plusieurs sources, le chef du gouvernement aurait négocié ce voyage avec les rebelles de la CMA à coup de plusieurs millions de FCFA. Et comme pour se moquer des autorités, les Kidalois ont, le célébré le 06 Avril dernier, l’anniversaire du déclenchement du mouvement séparatiste. À l’occasion, les drapeaux de l’Azawad ont flotté, comme d’habitude, dans les coins et les recoins de la « cité rebelles ». Comme quoi, le problème reste entier…

L’homme de réseaux a-t-il perdu ses relations ?

En tout cas, aucune action ne peut véritablement être soulignée comme avancée notoire enregistrée sur le plan sécuritaire, durant ses premiers 100 jours de Soumeylou B. Maïga. Et pourtant, son action sur ce terrain déterminera sa réussite dans l’organisation d’élection présidentielle. Les deux challenges sont intimement liés. Ainsi, nul ne peut pronostiquer la tenue de cette élection sur l’ensemble du territoire. Aujourd’hui encore, les représentants de l’Etat sont absents de plusieurs localités du Nord et du Centre. Comment se déroulera le scrutin, sans représentant de l’Etat ? S’interroge plus d’un citoyen.

Aussi, la dernière révision « bâclée » des listes électorales ne rassure point. Selon des observateurs, le pays accuse un retard indescriptible dans le processus d’organisation de la présidentielle. Autant d’indices alimentent et entretiennent le scepticisme des Maliens dont certains affirment volontiers l’impossibilité de tenir cette présidentielle, même si Soumeylou Boubèye Maïga persiste et signe que la présidentielle aura lieu le 29 juillet. « Même si IBK doit être le seul », a-t-il ajouté, parfois. Une déclaration qui conforte la thèse selon laquelle SBM est à la manœuvre pour faire réélire IBK, à tout prix.

Quid des autres défis?

Depuis sa nomination, SBM peine à redorer le blason du régime auprès des Maliens, dont les attentes sont toujours loin d’être comblées. La cherté de la vie, le chômage, l’inexistence des services sociaux de base pour la grande majorité des populations…sont autant de préoccupations qui attendent des réponses adéquates.

En attendant, SBM, tout comme son mentor, se complait dans le show et les promesses tapageuses. Du coup, il suscite, de plus en plus, la frustration au sein de l’opinion nationale où certains n’hésitent plus à le faire passer pour un opportuniste qui veut juste sauver la tête du président Ibrahim Boubacar Keïta.

IBD

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