Ce qui est arrivé à Eco-Bank, à Sanankoroba, à Kalifabougou et ailleurs dans la capitale ces 10 derniers jours, risque bien de se reproduire dans un avenir proche si les pouvoirs publics n’en tirent pas les véritablement enseignements, maintenant et tout- de suite ! Mais quels enseignements ?
Les spéculations vont bon train au sujet de l’identité des mystérieux braqueurs à la mitraillette. Bien évidemment, en bon Malien, (chauvinisme oblige), on les attribue allègrement aux étrangers aujourd’hui très nombreux dans la capitale. Mais quelques indices pour le moins probants disent le contraire.
Tenez : Le seul fait pour les agresseurs d’identifier avec précision leur cible et l’objet de sa présence dans cette Banque à l’instant «T» atteste qu’ils sont proches de lui, directement ou par personnes interposées. Ils sont donc de son milieu. Ceci expliquerait certainement la raison pour laquelle ils l’ont épargné malgré sa tentative de résistance. Un «étranger» n’aura certainement pas eu autant de scrupule à se débarrasser de lui suite à son entêtement et à son obstination, tout simplement parce que son geste pouvait constituer une menace pour lui.
Sur la vidéo, l’on voit bien que la victime tente désespérément de s’accrocher à son bien et que les agresseurs ont préféré lui tirer dans les pieds dans le seul but de l’immobiliser, pas de le tuer. Un indice très sérieux qui milite en faveur de la thèse d’un compatriote et aussi de l’implication d’un proche de la victime ! C’est bien connu : le commun des Maliens déteste avoir une avoir une mort sur la conscience.
Des professionnels
Le doute n’est pas permis. Les auteurs de cette opération et même de celles qui ont précédé (Sanankoroba, Simparala et Kalifabougou) entre le 14 et le 24 Octobre, sont des professionnels, pas seulement dans le maniement des armes, par surcroît de guerre ; mais dans leurs faits et geste marqués par un sang-froid hors du commun et la connaissance parfaite du terrain, de l’environnement et des habitudes. Ils savent qu’une opération de cette nature a toutes les chances de réussir en l’exécutant à un endroit et moment où l’on si attend le moins. Vous avez dit effet surprise ?
Dans les précédentes opérations à Sanankoroba, Simparala et Kalifabougou, ils ont fait preuve du même sang-froid et mieux ou pis : ils ont mis en œuvre une véritable stratégie guerre relative à l’assaut et à la couverture. Et passons sous silence la nature de leurs armes : des AK 47 communément appelés Kalachnikovs, l’arme individuelle de guerre la plus utilisée et la plus redoutable au monde…
Ces détails ne suffisent cependant ni à les assimiler à des militaires ni à exclure cette hypothèse. Pour les besoins de la cause, ils peuvent avoir suivi une formation adéquate comme dans le cas des recrus jihadistes. Aussi, il existe à l’heure actuelle au Mali, de nombreux militaires et policiers radiés de l’effectif et ce, depuis le coup d’Etat de Mars 2012. Si l’on ne peut exclure aucune piste, il reste cependant évident qu’il s’agit de professionnels aguerris.
Les défaillances du système
En ces temps incertains dans la capitale malienne, il s’avère quasiment impossible d’anticiper sur un braquage ou de l’empêcher. Par contre, il est inadmissible que ses auteurs traversent toute la capitale sans être appréhendés à défaut d’être identifiés. Toute chose qui dénote de l’absence d’un plan sécuritaire dans la capitale.
Pour rappel : le seul Gendarme en poste à Sanankoroba a préféré fuir. A Simparala, la police est arrivée 15 minutes après le départ des braqueurs et il a fallu attendre une heure de temps pour les voir arriver à Kalifabougou. Là n’est pourtant pas le drame. Mais plutôt comment se sont-ils volatilisés dans la nature sans laisser la moindre trace ? L’on est bien censé avoir des postes de contrôle de police et de gendarmerie dans les zones urbaines et périphéries en plus des caméras de surveillance !
Dans le cas de l’opération Eco-Bank, les auteurs ont semble-t-il emprunté un des trois ponts en vue de se rendre sur l’autre rive après leur forfait. Ils devraient, très logiquement être interceptés à la montée ou à la descente. Mais non ! Où est donc le dispositif sécuritaire à ce niveau et qu’en est-il du cordon sécuritaire promis par le DG de la Gendarmerie ?
L’on constate amèrement qu’il n’y a pas de plan sécuritaire pour Bamako. Et la plus part du temps, les forces de l’ordre mènent des opérations spectaculaires mais hélas, manquant cruellement de coordination et avec une efficacité douteuse. Et aussi, des agents sont beaucoup plus motivés par le gain à travers des interpellations souvent abusives que par souci sécuritaire.
Très peu d’engagement
Lorsqu’il s’agit de constater une infraction commise par un usager, quel empressement alors dans le souci de gagner des bakchichs ! Mais lorsqu’il s’agit de faire face une épreuve, ils montrent très peu d’engagement et d’empressement. Nos agents ont bien cette tare. Pas tous, fort heureusement !
Le phénomène s’explique cependant à travers les imperfections du système lui-même. Ici, la loi du mérite n’est généralement pas respectée. Les avancements, distinction et autres avantages ne respectent pas le principe du plus méritant. Et il n’est pas rare de voir des médiocres obtenir des promotions au détriment des plus louables. En somme, autant le mérite n’est pas récompensé, autant la faute n’est pas châtiée ! Ajouter à cela, la bureaucratie avec ses lourdeurs et injustices. De quoi saper le moral des héros.
Un autre vice à l’origine profonde du peu de volontarisme des appelés : la justice ! Toutes les brigades et commissariats se plaignent de la gestion des affaires par la justice. Le principe voudrait ici, qu’un P.V de police ou de gendarmerie ne soit qu’indicatif pour le Magistrat. Il peut ne pas en tenir compte et gérer librement le dossier qui lui est confié. La loi lui confère bien ce privilège et certains en abusent. Et il n’est pas rare de voir des délinquants recouvrer la liberté une fois déférés devant le parquet. Et comme pour narguer les agents, le même suspect qu’ils ont eu du mal à appréhender, se présente plus tard devant eux pour récupérer un objet qu’il aurait oublié pendant son séjour en ces lieux. On en connaît qui ont mangé godasse !
Une formation douteuse
Les impératifs de création d’emplois, on le sait, ont négativement impacté sur la qualité de la formation de nos éléments (tous corps confondus). Jadis d’une durée de 24 mois, la formation a été réduite, dans la plupart des cas, à 6 sans compter les interférences des protecteurs haut placés sur le processus à cause de la présence de leurs rejetons dans les rangs. Les différents régimes politiques avaient plutôt le souci de la création d’emplois, disions-nous. Ceci est une autre histoire.
Le mal pouvait être cependant atténué si l’on privilégiait l’efficacité et non la parade. Il se trouve hélas, que l’on a plus souci de paraître en tenue impec et avec une démarche martiale que d’en avoir véritablement dans les pantalons. Les conséquences sont nettement visibles sur le théâtre des opérations.
Déficit de collaboration et de communication avec les populations
Traditionnellement, les populations maliennes ne sont pas favorables à la délation. Dénoncer un voisin n’est, en effet pas chose aisée. Un phénomène culturel, bien entendu. Cette situation est cependant exacerbée par l’attitude même de certains éléments des forces de l’ordre.
L’on a vu plusieurs fois, le dénonciateur devenir le premier suspect et se trouver au cœur de l’enquête. Encourageant ! Ce n’est pas tout.
Ici, encore, l’on privilégie la répression au détriment de l’éducation, de la sensibilisation voire de la séduction. Tenez : Il suffise qu’un agent se présente en uniforme devant des citoyens pour que ceux-ci se dispersent ou changent d’attitude. En somme, ils n’ont pas la perception encore moins le sentiment que cet agent leur veut du bien. Et ce n’est pas leur faute. Et pour cause. Des policiers et Gendarmes se comportent souvent comme des oppresseurs en terrain conquis et procédant par menace et tentative d’intimidation. Alors on préfère les éviter. Conséquence : ils s’avèrent souvent les plus mal informés ou le sont seulement après coup. Et c’est pour dire ensuite que la population ne collabore pas. Et pourquoi ne pas lui donner une bonne raison de coopérer ?
Une question de gouvernance
Incroyable mais vrai, sommes-nous tentés de dire ! Les raisons ! Suite aux différentes attaques survenues dans la capitale et environs, des jeunes se sont réjouis et ont même assimilé les braqueurs en question à des héros ! Parmi ces jeunes généralement issus des quartiers défavorisés, se trouvent d’anciens d’ex-candidats à l’immigration n’ayant jamais atteint leur destination, d’anciens orpailleurs à qui dame-fortune n’a pas daigné sourire et des déguerpis de l’opération dite «bulldozer».
Comme pour dire que quand bien même l’on appréhendait éventuellement les auteurs de ces casses, ils auront déjà fait des émules. La pauvreté, le chômage, l’injustice sociale, l’oisiveté dans laquelle le régime actuel a tendance à pousser les jeunes, sont entre autres terreaux favorables au grand banditisme et aussi à l’extrémisme religieux. L’on sait comme naissent les candidats au suicide… Il se trouve malheureusement que l’Etat malien n’a véritablement aucun programme viable destiné à ces couches défavorisées.
B.S. Diarra
En tout cas, je ne risquerai pas ma vie ne serait-ce qu’une blessure qui peut me marquer à jamais pour 25 000 000 de Fr et qui de surcroît sont à partager. C’est absurde comme raisonnement.
Allez voir du côté de Kati si ceux qui avaient dévalisé la douane et le trésor ont pu opérer sans difficultés le retour à la pauvreté. Il serait étonnant qu’après avoir échangé leur vieilles mobylettes contre des 4❌4 magnifiques obtenues par braquage et remplacé leurs vieilles femmes par des femmes qu’ils ne voyaient même pas dans leurs rêves, les éléments du CNDERRIÉRE se contententde maigres ssalaires…
Ceux qui ont appris le maniement des armes de guerre auprès des djihadistes n’ont pas besoin de venir risquer leurs vies jusqu’à Bamako, ils peuvent voler plus au Nord et au Centre du pays sans fuir et être inquiétés.1
Toutes ces hypothèses ne tiennent pas la route. La plus évidente est celle d’une complicité des bandits avec des proches de leurs victimes. Sinon comment expliquer qu’ils savent, que ces personnes vont à la banque pour y retirer des grosses sommes d’argent, alors qu’à la banque, plusieurs clients se croisent, soit pour un retrait, soit pour un versement. Les victimes ne vont pas crier sur les toits, qu’ils vont faire un retrait d’argent à la banque. C’est en principe le troisième braquage du genre depuis le début du mois. Il faudra donc rechercher les coupables dans l’entourage immédiat des victimes. Les bandits ne sont des magiciens non plus, pour savoir, sur plusieurs centaine de clients, lesquels viennent retirer des fortes sommes. A y regarder de plus près, certains supposés victimes peuvent s’avérer être des complices, on ne sait jamais, sinon comment un criminel choisi de ne tirer sur sa victime, que là où ça fait moins mal. Le bandit sait d’avance ce qu’il risque de lui arriver s’il se fait prendre par ces temps, où l’article 320 est remis au goût du jour. On ne voit pas comment il va s’attendrir sur sa victime, au point de choisir l’impacte de son tir qui est censé neutraliser le receveur de la balle. Sans accuser les victimes, des enquêtes minutieuses devraient être menées, afin de s’assurer qu’il n’y a pas de montage. Sur les trois agressions du genre, qu’aucune perte en vie humaine ne soit déplorée, ou blessé grave paraissent peu crédibles, pour qui sait mesurer l’énormité des risques qu’ont pris les braqueurs.
Vous semblez négligé le fait que les braqueurs aient disparu sans être inquiété :ce qui prouve certainement leurs complicités au niveau des services de sécurité.
Il est plus que probable ces actes sont le fait soit des agents licenciés en complicité avec leurs camarades des services de sécurité,soit des éléments des forces de l’ordre mécontents des traitements injustes qui sont fréquents.
De toute façon ,l’acte jihadiste est à écarter.
De toutes les façons nous entrain de payer une gestion clientéliste de nos services publics.
Il n’y a pas plusieurs solutions.Une seule suffise :la remise en cause totale de nos pratiques et fonctionnement administratifs.
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