Enlèvement du roumain au Burkina Faso : Ça sent du manganèse !

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Dans le commentaire de Serge Daniel de RFI, le roumain serait victime de la proximité de son prénom avec un patronyme à connotation française. Malheureuse coïncidence. Mais, cette opération d’enlèvement n’a rien du hasard. Pour s’en convaincre, il sied de faire un petit rappel sur certains faits récents déroulés dans le septentrion malien.

En 2008, un groupe d’investisseurs australiens abordent les autorités maliennes avec un bon projet de développement, celui de l’exploitation du manganèse dans le cercle d’Ansongo. Il s’agit de Métal Mass. Celle-ci avait déjà établit une usine similaire au Burkina avant de postuler pour la mise en valeur du manganèse au Mali. Au terme des discussions avec les Autorités maliennes, une convention d’établissement a été signée le 6 août 2008 pour la recherche et l’exploitation du manganèse et des substances minérales à Tassiga, dans le Cercle d’Ansongo (région de Gao). Tassiga est une commune, située au bord du Djoliba, entre Ansongo et Labézanga, à la frontière Mali-Niger. Elle est composée de 8 villages et de 6 fractions pour 19 992 habitants, répartis sur une superficie de 3000 Km2.

C’est donc par l’arrêté n° 08-3720/MEME-SG du 31 décembre 2008, que ‘’Métal/Mass’’ obtint son permis de recherches, une acquisition suivie quelques mois plus tard par  celui de son exploitation. Car, les travaux réalisés avaient convaincu les autorités de la pertinence du projet. Aussi, facilitèrent le processus de création de la société Mali Manganèse sa, qui verra le jour en juillet 2009. C’était donc, pour la 1ère fois au Mali, qu’on s’apprêtait à exploiter un minerai autre que l’or. Mais, soudain tout s’écroule à cause de la guerre, qui nous a été imposée par les services de renseignement français, via le MNLA, qui n’est jusque-là que la partie visible de l’iceberg. Dès l’occupation des territoires par le MNLA et ses complices djihadistes d’AQMI, d’Ançar Dine et du MUJAO, le site a été vandalisé par les éléments de leurs troupes. Tous les matériels ont été emportés, toute évidence qui obligea les investisseurs à se retirer. N’est-ce pas une opération du genre au Burkina Faso ? Difficile de répondre par l’affirmatif.

Mais, il y a des indicateurs qui ne trompent guère. Car, tout a commencé ainsi au Mali. A savoir,  l’ harcèlement sur fond économique d’abord, puis la guerre.

Au Mali, l’arrêt des travaux sur le site de Tassiga a coûté plus de 2,5 milliards de FCFA et l’emploi pour 126 familles de travailleurs.

Notons que le manganèse est le 4ème métal utilisé dans le monde en termes de tonnage, classé derrière le fer, l’aluminium et le cuivre, avec une production annuelle d’environ 46 millions de tonnes. Les grands producteurs sont la Chine, l’Australie, le Brésil et l’Afrique du Sud. Près de 99% de la production de manganèse est utilisée comme élément d’alliage, le second marché en forme de dioxyde est celui des cellules sèches des batteries des portables. Ce qui est intéressant ici, c’est qu’en plus de la réserve de Tassiga avec 3 295 000 tonnes pour une teneur de 40/50 Mn, le président de Métal Mass/Mali Manganèse, Louis Slaughter disait à l’honorable Amadou Cissé député élu URD de Ténenkoun, alors ministre des Mines, lors de sa visite sur le site avant son entrée en exploitation, que d’autres études ont été faites sur d’autres collines de Tassiga. Celles-ci ont permis d’établir de nouvelles estimations, se chiffrant à plus de 4 670 000 tonnes, à Agaula et de Tondibi 690 000 tonnes. Soit un total de 8 550 000 tonnes de manganèse pour 40% Mn de teneur.

Tout comme le Mali, le Burkaina Faso aussi est victime de la richesse de son sous-sol. C’est une guerre par procuration que nos pays doivent faire face. Une nouvelle guerre froide, que subissent nos pays. Les intérêts industriels et économiques français sont en jeu. Les conséquences de cette crise politico sécuritaire sur nos pauvres Etats sont incommensurables. Au regard des enjeux économiques liés à ce minerai, on est tenté de dire que les ravisseurs de Franck, le roumain, n’agissent pas en preneurs d’otages isolés. Ils travailleraient pour le compte des intérêts industriels établis dans l’hexagone, qui veulent chasser de leur pré carré tous les investisseurs non français. Surtout, que l’AFP rapporte que  la mine a déjà essuyé une attaque en janvier dernier. Celle-ci avait provoqué une large évacuation de son personnel, notamment expatrié, selon un diplomate. Mais, une information qui fut démentie par son directeur général, Souleymane Mien.

Mohamed A. Diakité

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