L’enlèvement de l’opposant malien Soumaïla Cssé continue de susciter des inquiétudes non seulement au Mali, mais aussi, en Afrique et à travers le monde. La médiation est devenue très difficile puisque les ravisseurs s’en prennent désormais systématiquement à tout intervenant, toute chose qui complique la situation. Ils veulent leur propre interlocuteur. Soumi bénéficie, aujourd’hui, de la compatie d’un peuple acquis à sa cause, de la crainte des autorités de le livrer saint et sauf à son parti, mais son imprudence est aussi engagée dans ce rapt en déambulant « seul » dans cette zone de non – droit au détriment de sa sécurité sans se faire épauler par des forces régulières ou étrangères. En attendant, nos infos indiquent une mobilisation générale exceptionnelle en vue d’obtenir sa « relaxe ».
Ce qu’il faut d’abord retenir, c’est que les Jihadistes n’ont pas d’amis. L’arrestation d’Amadou Kolossi en est une illustration satisfaisante. Au Mali, ici, Mahmoud Dicko a tempéré ses ardeurs en revoyant ses ambitions à la baisse, au risque d’être fait, à son tour, prisonnier, lui qui était présenté comme proche des ravisseurs. Quant à l’ancien PM Ousmane Issoufi Maïga, il n’ose pas s’aventurer dans ce bourbier sachant la pente glissante qui l’attend. Dans cette affaire, chacun raconte sa part de vérité comme pour faire croire qu’il détient le bon bout, la bonne information. Il faut savoir que ces Jihadistes sont équipés en technologie de dernière génération. Ils n’ont pas besoin de la SOTELMA – MALITEL ou d’ORANGE – MALI pour communiquer… Ils sont directement connectés sur satellite, reçoivent les appels et les messageries à la seconde près. Mieux, ce ne sont pas des parias de la nature et ne sont pas désorientés car BARKHANE, MINUSMA et FAMA savent où les localiser et où les trouver. Mais leur traque est problématique et suicidaire puisqu’en cas d’attaque d’une de ces forces, ces kamikazes d’une autre nature ne se privent pas d’exécuter l’otage puisqu’ils ont droit de vie et de mort sur lui. Vu sous cet angle, la patience est la seule issue et non la précipitation et la désinformation. Mais prions, tous, Dieu pour Soumi. Car en son absence, l’URD, sa formation politique, est acéphale et le peuple malien orphelin de son opposant. Inch’Allah, il reviendra parmi Nous.
Les ravisseurs sont habitués au saupoudrage, au papier peint ou à présenter un portrait – robot trompeur en jouant sur la conscience des gens. De constat, Soumaïla Cissé, comme tout bon enfant du Nord du Mali, a fait l’école coranique… Il m’a dit un jour qu’il est versé, imbibé et parfaitement connaisseur des sourates…, il peut réciter même dans son sommeil les 5 piliers de l’islam, que les insinuations des Jihadistes sur ce sujet visent à atteindre la morale et la sensibilité des Maliens, que sais-je encore ?
Des chefs d’Etats en rescousse
L’enlèvement de Soumaïla Cissé, le mercredi 25 mars, après son meeting à Niafunké dans le cadre de la campagne pour les législatives prévues le 29 mars dernier, a fait un tollé général. Son véhicule, avec un autre, a été kidnappé entre Saraféré et Koumaïra où il se rendait à l’invitation du maire de la localité, lui aussi membre actif de l’URD, supposé pourtant « proche » des Jihadistes. Il vient de se faire arrêter en faisant la médiation unilatérale pour obtenir la libération de son président. Les Jihadistes n’aiment pas les négociations « à ciel ouvert », mais en aparté. Ils aiment la discrétion et s’assurent qu’ils ne sont pas en danger. Des pistes existent, des hommes aussi. Toutefois, l’affaire dépasse le seul cadre national. C’est pourquoi le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, son homologue sénégalais Macky Sall, mais aussi le Congolais Dénis Sassou N’Guesso s’activent dans la plus grande discrétion pour faire libérer celui qui a passé 8 ans à la tête de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) où il a enregistré des résultats flatteurs. Pour eux, rien ne sera de trop pour libérer un des leurs. « Qu’il soit seulement libre » indique notre source. C’est cette piste qui est sérieuse, ce d’autant que les ravisseurs ont mis la barre très haut. Ils réclament la rocambolesque somme et super cagnotte de 50 milliards de FCFA soit plus de 76 millions d’euros. Ce n’est pas tout car amadou Kouffa demande aussi la libération de leurs prisonniers détenues dans les geôles maliennes. En prélude à la « relaxe » de Soumi, on ne sait pas encore si parmi les personnes graciées par IBK en raison du coronavirus se trouvent les bagnards jihadistes, dont l’un des plus célèbres est le poseur de mine attitré du front terroriste. Il faut donc croire que les chefs d’Etats de la sous-région et africains mobilisent et se mobilisent pour que notre compatriote puisse recouvrer sa liberté. Des langues se sont même déliées pour dire que le mutisme d’IBK autour du sujet procède de cette situation.
Issiaka Sidibé